Chapitre XI

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Le tapi rouge avait été déroulé, et les drapeaux Manaés trônaient sur toute la Capitale. Macan attendait la visite de Pia de Harval, la sauveuse de l'Allénie. Devant le Palais Présidentiel de Macan, Jacob de Harval et Elia Kosloff attendaient. Jacob était dans son plus bel uniforme, le regard haut, les mains dans le dos, les pieds droits sur le tapi. Elia Kosloff, présidente en intérim, le regarda d'un air satisfaite, et paniquée. Si Jacob agissait ainsi alors qu'il s'agissait de sa propre mère, Elia avait du soucis à se faire. La voiture arriva, l'hymne Manaé retentit, et Jacob fit un salut militaire alors que sa mère apparue. Pia de Harval était à la hauteur de sa réputation. Une beauté froide, et elle ne semblait jamais vieillir. Elle avança de sa démarche de Reine vers Elia. Kosloff l'inclina et la salua. Puis Pia se tourna vers Jacob qui lui baisa la main, comme un Amiral ferait à son Hospodar. Ils pénètrent tous ensemble dans le Palais. Étant donné l'état du pays, aucune réception d'ampleur ne fut faite, mais un petit diner officiel dans la salle de bal fut organisé en l'honneur de Pia. Les plats arrivèrent un par un, et Elia faisait l'éloge de Jacob qui avait, selon elle, très bien géré l'après départ de Daniel. Pia s'orienta vers son fils et dit:

-Je savais qu'il serait à la hauteur. Tu ne m'as toujours pas raconté ce que tu avais fait depuis ton départ vers la mer de Juin. J'ignore tout.

-C'est assez long.

Il n'avait pas envie d'en parler. Parler d'Aysha, du tigre, de ses cicatrices horribles, de Daniel, de Rebourg en guerre. Non, il n'avait pas envie de tout raconter. Ou alors en privé, pas devant les serveurs, et Elia Kosloff. Peu de temps après le diner, Pia demanda à son fils de lui montrer Macan, ville qu'elle connaissait mal. Il accepta. Ils prient une voiture et allèrent vers le centre historique, encore amoché par les actions de Daniel. Les statues de Cyril Moscov et Lana Ronor étaient le principal projet de reconstruction. Pia, le nez vers le fenêtre de la portière, fit quelques remarques concernant Macan:

-Quel chantier. Les gens ne sortent pas?

-Pas encore. Fit Jacob. Ils ne sont pas tous revenus d'exil.

-Quelle tragédie! Tout ça pour un trône, alors que certains n'en veulent même pas.

Elle se tourna vers son fils:

-Tu vas me le reprocher longtemps. Dit-il lassé. Elle m'a laissé de toute façon, elle m'a quitté pour son trône.

Pia se mit à rire. Jacob ne voyait pas souvent sa mère rire ainsi, ou seulement quand Harald lui clissait des phrases à l'oreille:

-Et toi, tu comptes la laisser partir?

Jacob ne comprenait plus rien:

-Je...Non. Non.

Il devint affirmatif, sûr de lui. Pia sourit:

-Je m'en doutais. Tu ne peux pas la laisser partir car ça serait renoncer à une partie de toi, n'est-ce pas?

Sa mère venait de mettre des mots sur son mal-être:

-Oui, dit-il après un moment, que vas-tu faire?

-Je désapprouve que tu partes, que tu laisses le trône, et tu sais que je préfère mourir que de voir Magnus hériter de tout ce que mes ancêtres ont battit.

Jacob se courba, sa mère allait lui dire de rentrer, de revenir, de régner:

-Alors, je vais désigner ta soeur. Changer la loi, pour que je puisse choisir mon hériter, et que la loi ne s'applique plus. Car l'ainé est censé hériter. Je vais faire en sorte qu'Ida devienne Hospodar à mon décès.

Jacob n'en revenait pas. Nom de Rey! Sa mère faisait ça pour lui. Brusquement la voiture s'arrêta juste devant la gare. Trois hommes attendaient avec quelques valises. Pia regarda son fils qui ne comprenait rien:

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant