Chapitre XXXI

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Elle ne comprenait pas pourquoi il l'avait suivi. Ses explications semblaient invraisemblables, et pourtant Rafael était là, en face d'elle dans le train en direction de Lebel. Fuir était la seule solution. Elle avait couru vers lui, alors qu'il nourrissait les chèvres, hurlant que Daniel voulait le tuer. Elle lui raconta l'histoire d'Elliot Marché, et son histoire avec Daniel, cet amour malsain, mauvais, néfaste, toxique dont elle ne voulait plus. Rafael n'avait rien dit, écoutant sans comprendre la totalité, le débit de Soline était rapide. Mais il savait que sa vie était en danger. A peine avait-il pris la décision de quitter le chalet de ses parents, qu'il aperçut Dimitri et deux autres hommes, armés, qui fouillaient le lieux sous le regard intrigué de Monsieur et Madame Favreau. Maintenant qu'ils étaient dans le train, Rafael était plus tranquille, mais pas Soline. Daniel était capable de tout:

-Dites-moi Mademoiselle Candice, dit Rafael, où allons-nous? Pourrais-je écrire à mes parents?

-J'espère atteindre Lebel demain, et nous irons chez mon père dans le Nord, de là, nous verrons. Tant que vous êtes en vie, Daniel vous cherchera, et il est ministre à présent.

-Vous aimez cet homme?

Soline n'était plus sûre de rien à présent:

-Je pense que oui. Je l'ai aimé. Mais maintenant, je pense que tout change. On change, les gens changent.

-Je ne pense pas qu'il ait changé. Je pense que vous voyez enfin qui il est vraiment.

Elle sourit timidement. Le train filait à travers la campagne. Rafael regarda à l'extérieur:

-Je n'ai jamais quitté Mont-Riche.

-Vraiment!? S'étonna Soline. Vous n'avez jamais vu Lebel?

-Non. Mes parents s'occupent du chalet tous les jours de l'année. Ils ne prennent jamais de vacances. Et moi non plus. Ne vous méprenez pas, ma vie est correcte, mais je voulais voir autre chose.

-Voilà pourquoi vous avez si vite préparé vos valises. Je pensais que j'aurais du mal à vous convaincre de quitter le chalet.

-Mes parents vont me manquer. Ce sont des anges. Adopter n'est pas facile. Ils vont me manquer. 

Le contrôleur arriva dans le compartiment. Ils n'étaient que tous les deux face à face. Rafael n'était pas à l'aise. Il ne savait pas comment se comporter dans les trains, et dans le grandes villes. Il angoissait. Et on voulait le tuer car une jeune femme bien trop jolie le connaissait. Il ne comprenait rien au monde des gens d'en haut. Il ne cessait de frotter les mains sur son pantalon un peu sale à cause des chèvres. Soline mit se main sur le genou du jeune homme pour le rassurer:

-Ne vous inquiétez pas, je suis là.

-Sans vouloir vous offenser, on veut me tuer à cause de vous, donc votre présence est loin de me rassurer.

Elle ria aux éclats, ne s'attendant pas du tout à ce genre de réponse. Il sourit, avant de dire:

-Votre rire est magnifique. Vous deviez rire plus souvent.

Elle rougit:

-On me dit que je chante très bien aussi. Affirma Soline en riant.

-Je n'en doute pas, mais je reste convaincu que ma chanson préférée restera votre rire.

Elle devint littéralement écarlate:

-Rafael, Je ne pensais pas que des hommes comme vous existaient.

-Je me demande bien sur qui vous êtes tombé alors. Plaisanta-t-il.

-Seulement sur des hommes de pouvoir, imbus d'eux-mêmes.

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant