Chapitre VI

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La condamnation de Soline Candice avait fait le tour du monde. Tous saluaient l'exemplarité du procès. Malgré sa popularité et sa proximité avec les puissants, la comédienne avait été jugée correctement. Il y avait une justice sur ce bas-monde, celle des Hommes. Voilà la pensée que véhiculaient les nombreux journaux du pays. L'idée que Daniel avait mis en Une. Dans son bureau de ministre, il contempla la magnifique vue que lui offrait la baie vitrée. Il faisait si beau et le vent soufflait très peu. Le jour parfait pour une exécution. On lui apporta son café. Le palais du Premier Ministre se trouvait à deux pas de celui du Président, c'était une résidence de trois étages donnant sur une cour fermée où patientaient une voiture et quelques gardes du corps. Daniel décida qu'il était grand temps de faire ses adieux à Soline. Elle allait mourir ce soir, au coucher du soleil dans la cour de la prison de Lebel. Une belle prison, pensa-t-il. Il prit son manteau, son chapeau et descendit avec précipitation les marches du perron. La prison était à l'extérieur de la ville à quelques kilomètres. Daniel contempla les rues de la Capitale, sa Capitale. Il avait ce sentiment de puissance suprême qui gonflait sa poitrine et faisait battre son coeur. C'était de loin le plus beau des sentiments. La prison était un ensemble de bâtiment assez récent de formes géométriques. Le tout formait un tringle verrouillé et entouré de barbelé et de hauts murs en brisques rouges. Soline fut sortie de sa cellule. Elle était en isolement complet, et sentait la folie entrait doucement en elle. Comme de l'eau sale qui recouvre tranquillement le sol et qui abîme les murs. Elle avait cette image en tête. Les mains liées devant elle, elle suivit le garde qui l'escortait. Daniel était là, debout dans un coin d'une pièce sans fenêtre. Une lumière surplombait une table où attendait deux tasses de thé, une théière et quelques gâteaux. Le gardien ferma derrière lui. Soline resta seule face à cet homme qu'elle détestait à présent. Daniel fut étrangement surpris par l'allure de son ancienne amante. Ses cheveux étaient négligés, sales, son front était haut, ses yeux tombant malgré leur couleur parfaite, son regard n'avait plus cette intensité dont il avait le souvenir. Il l'invita d'un geste à s'assoir devant lui, à la table. Elle obéit. Elle était perdue, ses yeux ne savaient pas où se poser, ses mains tremblaient depuis que le garde les avait détaché. Daniel servit le thé. Un silence de mort les entourait. Ce qui était de circonstances:

-Un ou deux sucres?

-Toujours deux. Répondit Soline. Toujours.

Il posa deux sucres devant elle. Il s'assit enfin, tapotant des doigts le bois usé de la table. Soline but son thé, la seule source de chaleur, elle serrait sa tasse comme-si la fumée était un voile de protection. Protection contre le monstre qu'elle avait face à elle:

-Tu viens me dire adieu.

-Oui. Ton exécution est prévue pour vingt-heures. Pendaison.

Soline grimaça:

-Où est ton ami?Demanda Daniel.

-Quel ami?

-Rafael.

-Je ne sais pas.

Soline disait la vérité. Daniel n'insista pas:

-Je suis navré Soline. Je n'avais pas prévu cela. Dit-il.

-Gardes tes excuses pour Rey, il se vengera pour moi, pour tous ceux que tu tueras pour ton égo et orgueil. Tu étais censé m'aimer, m'aimer plus que tout, plus que ta propre vie, et tu m'as jetée...

-Tu m'as trahie! Hurla Daniel. Tu t'es enfuis avec ce maudit Favreau!

-Tu voulais tuer un innocent! Répliqua Soline.

-Il n'est pas un innocent! Tu ignores de quoi tu parles Soline! Tu as toujours ignoré de quoi tu parlais! Tu vivais dans un monde de paillette et tout le monde t'adulait! C'est fini à présent!

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant