Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: Monterre

Chapitre IX

Tous pensaient qu'elle regardait la pluie tombée dans la jardin du palais, mais en réalité, Pauline observait son fin reflet, sa face translucide, et elle se détestait. Cette image d'elle la répugnait, elle était pas ce genre de femme, à se laisser mener par le bout du nez, à rester bloqué ici, observant ce qu'elle était devenue. Léon rentra de sa journée de travail. Il aimait être Président. Evidemment puisque Daniel faisait tout le travail, il organisait tout de A à Z. Il baisa la joue chaude de sa soeur, cela contrastait avec la froideur des lèvres du futur papa. Justement il s'empressa de rejoindre Alexane. Pauline l'enviait. Il était amoureux, et allait avoir une famille. Alexane avait un petit ventre rebondit, la grossesse lui allait si bien. Elle s'assit sur un fauteuil, aidée par Léon. Pauline descendait un énième verre de vin Montois. La pluie rendait la scène d'une dramaturgie évidente. Le feu éclairait la pièce. Léon demanda à Pauline si elle avait des nouvelles de Daniel:

-Non. Et je n'en veux pas.

Léon haussa un sourcil d'étonnement. André arriva:

-Téléphone pour vous Monsieur le Président, c'est le Premier Ministre depuis Rival.

Le frère de Pauline disparut non sans embrasser une dernière fois son épouse. Pauline retourna à la contemplation du jardin pluvieux:

-Pars Pauline.

Elle sursauta et se tourna vers Alexane qui venait de parler:

-Que veux-tu dire?

-Pars. Ronor est en Allénie. C'est ce que Daniel t'as dit? Alors va en Allénie, retrouve-le. Tu n'as rien à attendre de cet endroit. Fuis.

-Mais...Mais où veux-tu que j'aille en Allénie? Daniel va me retrouver.

-Pars maintenant, je te dirai rien, tu auras de l'avance. Et va chez Lionel Vespay.

-Qui est cet homme?

-Un ennemi de la famille Moscov, il t'aidera, il déteste Daniel, comme il a détesté Elizabeth. Va chez lui, dis que tu viens car tu es opposée à Daniel. Il t'aidera.

-Tu penses que Ronor est allé chez lui?

-Je n'en ai aucune idée. Tout est possible. Murmura Alexane en touchant son ventre.

-Je me demande pourquoi Daniel le déteste autant! S'énerva Pauline. Il doit y avoir quelque chose!

Elle s'approcha d'Alexane et se laissa tomber près d'elle dans un fauteuil. La jeune Princesse lui sourit de compassion, et Pauline eut un haut le coeur, un battement raté. Elle avait été à l'école, comme tous les Montois, et avait étudié la Deuxième Révolution Allénienne, et n'ignorait pas la légende qui entourait l'histoire d'amour entre Cyril Moscov et Lana Ronor. Il a l'âge, il a le nom, et il a le même sourire qu'Alexane. Pauline eut du mal à articuler:

-Alexane. Ronor c'est ton demi-frère. Finit-elle par dire.

La jeune femme ne sourit plus. Elle baisse les yeux, et retint un sanglot:

-Je m'en doutais. Dit-elle. La haine de Daniel envers lui laissait présager ce genre de lien.

Elle marqua un silence avant de rajouter:

-Pars Pauline, et retrouve le. Sauvez nous de Daniel. Je vous en prie. Sauvez-nous tous les trois de Daniel.

Elle jeta un regard à son ventre. Pauline lui saisit la main et la serra fortement.

A la gare de Lebel, Pauline Aizon cachait son visage avec un voile épais qui la protégeait de la pluie en plus des regards des passants. Le train allait en Garmanie, puis elle aurait un changement pour Macan. Là, elle devait trouver Lionel Vespay. Sa petite valise à ses pieds, la jeune femme attendait, le dos droit, l'entrée en gare du train. Un coup de sifflet, et la fumée commençait à se faire sentir. Elle n'avait jamais voyagé seule de sa vie. L'angoisse l'envahissait, mais une force étrange dépassait tout. Elle désirait revoir le visage de Ronor, cet homme qu'elle avait chéri un temps si court. Un moment d'une intensité telle qu'elle espérait vivre la même chose rapidement. Le wagon où elle se trouvait, était désert et calme. Et surtout l'armée était partout. Daniel avait renforcé les dispositifs de sécurité. Elle s'assit, toujours voilée, et resta près de la fenêtre. Elle regarda la ville disparait, et sa vie anéantie par les ambitions d'un seul homme. La route vers Macan est longue.