Chapitre XXXII

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Si Rafael ignorait ce que voulait sa demi-soeur, elle, le savait. Aysha installa un campement près de Massoa. Elle devait prendre la ville aux Augustins, mais avait dans l'idée de ne livrer aucune bataille contre son propre peuple. Le campement des Nouveaux-Ducs, au beau milieu d'un champ ravagé, se trouvait à moins d'un kilomètre de celui des Augustins qui gardaient précieusement Massoa. Si il y avait une chose que Daniel savait faire c'était délégué. Il avait tout simplement laisser l'armée de son oncle Damir gérer toutes les affaires du Sud, en particulier le commerce à Massoa. Ce qui était de loin la pire idée qu'il ait eu. En effet, les Augustins n'avaient aucune idée de comment commercer les matières premières de l'Allénie, étant donné que l'Auguste commerçait totalement autre chose. Ainsi on assistait à l'effondrement totale de l'économie Massonienne. Ce qu'Aysha voulait usé à son avantage. Le peuple ne supportait plus les Augustins, et les Augustins ne comprenaient pas ce qu'ils venaient faire là. Pour la jeune Reine, le peuple se rallierait à elle, et les Augustins aussi. Il suffisait de leur faire comprendre qu'elle ne leur voulait que du bien. Elle convoqua le Général Nizar, un proche de Damir. Un des plus fidèles. Il suffisait qu'il change de camp pour que tous les Augustins changent de camp. La rencontre eu lieu au beau milieu d'un champ sous une toile blanche, signe de paix. Aysha, assise sur une chaise, attendait que le Général fasse son apparition. Il était de petite taille, blonde, mais la peau mâte, et des petits yeux noirs déplaisant. Il s'inclina devant Aysha puisque pour lui elle était encore l'héritière de Damir:

-Général.

-Princesse.

-Asseyez-vous.

Elle montra d'un geste une siège identique au sien. Autour d'eux des soldats Augustins et Nouveaux-Ducs les écoutaient attentivement. Le vent fit bouger la toile. Aysha eut froid dans son uniforme de l'armée:

-Comme vous le savez sûrement, j'ai fuis Balsam pour Diavie. Commença Aysha.

-Oui. La nouvelle de votre trahison a retenti dans tous les campements Augustins.

-Vous parlez trop vite. Je n'ai trahir personne. Je fais ce qui me semble juste. Et vous devriez faire de même.

-Que voulez-vous dire?

-Tout ceci n'a aucun sens Général. Affirma-t-elle déterminée. La guerre ne nous apporte rien. Nous avons l'Istanie et le Nouveau-Duché. Que voulez-vous de plus? Vous savez pertinemment que mon père se bat par passion et ennuie. Il aime la guerre, il aime tuer. Il a toujours été ainsi.

-Pourtant il fut une époque où vous l'admiriez. Répliqua férocement Nizar.

-Oui, et je l'admire toujours. Mais il est temps que je comprenne que le respect n'a rien à voir avec l'obéissance. Et vous aussi.

Silence. Le vent accompagnait leurs souffles:

-Que voulez-vous? Demanda Nizar.

-Vous, et l'armée. Marchons ensemble sur Macan, libérons l'Allénie, et retournons chez nous. L'Histoire se souviendra de la manière dont nous avons libéré une République, et que nous sommes rentrés. Tout simplement. Mon père n'a plus aucun sens des priorités. Moi, si. Avec l'Istanie, le Nouveau-Duché, et l'Auguste, nous pouvons devenir un véritable Empire du Sud. Mais si nous continuons à affronter l'Allénie et les Îles nous sommes perdus.

Nizar ne dit plus un mot. Il resta pensif avant de dire:

-Vous me demandez de trahir votre père?

-Oui.

Il ne s'y attendait pas. Ce « oui » fut clair, net, concis. Oui, Nizar devait trahir Damir:

-Mais, continua Aysha, je vous demande d'être fidèle à votre pays.

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant