Chapitre VII

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Elle regagna le refuge sans Daniel. Il avait à faire. Il adorait se faire désirer, et il y arrivait très bien. Plus il agissait de la sorte, plus elle se languissait de lui, elle trouvait ce fait totalement inexplicable. Elle avait envie qu'il soit là, avec elle, qu'il l'embrasse, et qu'il lui dise encore que si un homme l'approchait sans son autorisation, il le tuerait, comme avec cet industriel qui avait eu le malheur de déposer un bouquet de fleur. Elle tenta de se coucher tôt, mais les paroles de Daniel la hantaient. La lune était pleine. Elle se leva et revêtit sa robe de chambre. Elle entendit des pas légers dans le couloir, entrouvrant la porte, elle aperçut une ombre masculine au loin. Il était grand, très brun. Se tournant vers Soline, elle put voir son teint halée, sa mâchoire carrée, ses yeux sombres qui agrémentaient une face d'une symétrie parfaite. Il était beau. Soline arriva rapidement à cette conclusion. Personne ne pouvait contredire ce fait. Il s'approcha :

-Vous cherchez quelque chose Madame ?

Soline était sur le seuil de sa porte, elle rougit :

-Non, je n'arrive pas à trouver le sommeil.

Il sourit :

-Vous n'êtes pas la seule. J'allais me faire un thé. Je peux vous en amenez un si vous le souhaitez ?

-Avec plaisir.

Soline n'aimait pas le thé, mais il lui semblait que tout ce que proposerait cet homme était une idée formidable. Il descendit. Soline attendit dans sa chambre. Alphonse dormait à point fermé, elle l'entendait respirer. Le jeune homme revint avec un thé bien chaud et quelques biscuits, le tout sur un plateau sobre et en bois. Soline trouva ce plateau élégant, sûrement du fait main :

-Merci beaucoup. Dit-elle.

La pleine lune éclairait la pièce. Il sourit et alla vers la sortie :

-Restez donc, nous allons le boire ensemble. Proposa Soline.

Il se retourna, gêné :

-Je n'ai malheureusement pas l'autorisation de sympathiser avec les clients.

-Je ne dirai rien. Promit-elle. Vous êtes un employé ?

-Oui et non. Je suis le fils des propriétaires.

-Oh ! Vous ne leur ressemblez absolument pas.

Elle se rendit compte après de la bêtise qu'elle avait dite. Elle s'excusa :

-J'ai été adopté. Dit-il en riant.

-Tout s'explique.

Soline s'empara de son thé. Le jeune homme avait déjà bu le sien avant de venir. Il était debout, devant le clair de lune, les mains dans le dos. Soline hésitait à lui demander son nom. Mais la curiosité l'emporta sur sa bonne manière :

-Quel est votre nom ?

-Rafael Favreau.

-Enchantée. Dit-elle sincère.

-Je vous souhaite une bonne nuit. Souffla-t-il.

-Attendez !

Il la fixa, cherchant une raison à cet appel soudain. Ne sachant que dire, Soline demanda où elle pouvait trouver un plateau en bois comme celui qui se trouvait sur la petite table, le même où trônaient quelques biscuits :

-C'est moi qui l'aie fait. Je vous en ferai un.

Et il partit en fermant la porte. Soline, malgré le thé, ne trouva pas le sommeil. Quelque chose la dérangeait chez Rafael.

Dès le lendemain, Alexane s'éveilla doucement. Elle déjeuna seule, Daniel était parti à une conférence dans la ville voisine. Un de ses gardes arriva et cria tout affolé :

-Le fils du Président arrive !

Tous les soldats présents se ruèrent vers les fenêtres pour voir Léon Aizon. Le fils ainé de Denis, et sa blondeur légendaire, grimpait la colline pentue qui séparait le chalet de la route en contre-bas, le tout accompagné de six gardes du corps. Il souriait, visiblement heureux d'être ici, il fit quelques signes de mains aux gardes du corps qui étaient devant l'entrée. Il pénétra dans le chalet en sautillant :

-Quel idiot...Murmura Alexane.

Il observa les alentours et sauta sur place en apercevant la raison de sa venue :

-Mademoiselle Alexane ! Je suis si heureux de vous voir !

-Moi de même.

Elle eut un faux sourire. Léon ne vit rien. Il s'assit en face d'elle

-Que faites-vous ici Léon ? S'enquit Alexane.

-Figurez-vous que notre ami commun, le Prince Daniel, m'a annoncé votre désir de passer quelques jours ici. J'ai jugé bon de venir vous rendre visite. J'espère que cela vous fait plaisir ?

-Evidemment. Mentit-elle.

-Et si nous allions en balade ?

En regardant autour d'elle, Alexane comprit que le fils Aizon était particulièrement aimé par la population. Des personnes venaient le saluer alors qu'il marchait, et il répondait avec amabilité et courtoisie, voir même avec enthousiaste. Il semblait qu'il adorait rencontrer de nouvelles personnes, et que ces personnes l'adoraient. Daniel avait raison, pensa Alexane, Léon serait élu président s'il se présentait. Tout le monde l'aime. Tout le monde, sauf elle. Il lui proposa une balade au bord du lac de la « Princesse ». Alexane ne put refuser, elle savait pourquoi Daniel avait envoyé Léon jusqu'ici. Ils allaient dehors, Léon fit la conversation, complimenta Alexane. Au bord de l'eau, il lui proposa son bras, elle s'y appui :

-Quelle belle journée. Dit Alexane.

-Moins belle que vous.

Il rougit, comme-si sa parole avait exprimé ses pensées les plus secrètes. Alexane réprima un sourire :

-Dites-moi Léon, commença-t-elle, quels sont vos projets d'avenir ?

Elle le sentit se raidit d'appréhension. Il transpirait :

-Je n'en ai aucune idée. Dit-il. Je vous avoue, cependant, que je souhaite me marier et avoir des enfants.

-Tout cela est bien, correct. Et professionnellement parlant ?

-Je ne sais pas.

-Avez-vous pensé à la politique ?

-Oh ! Non ! Je suis un piètre orateur, et un mauvais décisionnaire. Même Pauline ferait une meilleure présidente. Plaisanta-t-il.

-Ne soyez pas si pessimiste avec vous–même. Vous êtes un homme exceptionnel, n'en doutez pas.

Il rougit violemment. Alexane mettait en place son « plan », Léon devait la demander en mariage, et Daniel serait fière, très fière de sa cousine. Ils continuèrent leur discussion. Ils retournèrent au chalet quelques heures plus tard, Daniel les observa du balcon de son bureau. Il se délectait de voir Alexane accomplir ce pour quoi elle était destinée. Dimitri avança vers son chef :

-La Princesse vous obéit. Constata-t-il.

-En effet. Voici une bonne nouvelle.

-Et pour Mademoiselle Aizon ?

-Je sais exactement ce que je fais. Répliqua Daniel. Mademoiselle Candice nous sera d'une grande aide.

Un silence étrange grandit entre eux, jusqu'à ce que Daniel demande :

-C'est ce que ma mère voudrait n'est-ce-pas ?

Dimitri se tourna vers l'homme qu'il avait élevé, et répondit d'un ton solennel :

-Elle veut que votre corps, âme soit sur le trône de ses ancêtres, le trône qui vous revient de droit. Voilà ce qu'elle veut. Je vous ai appris à être un Empereur, alors vous devez en devenir un.

-Evidemment. Merci Dimitri. Souffla Daniel.

Il entendit Léon et Alexane riant dans la pièce en contre-bas. Il eut un sourire. 

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant