Chapitre XXVII

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Trois jours couché, alité, il n'en pouvait plus. Il se sentait en bonne forme, pas complètement remis, mais assez fort pour se lever. Il se redressa seul, mit une veste fine sur son dos. Chaque membre lui faisait mal, il souffrait mais refusait de se laisser abattre. Jacob déambula dans le couloir du palais, il faisait nuit, tout le monde dormait. Il crut mourir quand il descendit les escaliers. Le palais était claire, spacieux, aux multiples couleurs et formes géométriques. Il arriva dans une grande pièce ouverte vers l'extérieur, une fontaine donnait le ton, le ton clame et paisible. Il se laissa tomber sur un sofa assez bas. Contemplant le jardin depuis sa place, il n'entendit pas les pas dans son dos:

-Tu es fou! Tu as marché depuis ta chambre jusqu'a ici!

Il sursauta et répondit:

-Non, j'ai volé.

Aysha ne ria pas. Elle s'approcha et Jacob pu contempler ce que l'Auguste avait crée de plus beau. Même au beau milieu de la nuit il ne se lassa pas de la voir, de la regarder, de l'entendre:

-Pourquoi tu prends cette tête d'idiot? Lui demanda-t-elle.

Il ne sourit plus, elle rit. Lui aussi. Il essaya de se relever, Aysha se précipita pour l'aider. Elle était aux petits soins depuis des jours, et l'ambassadeur des Îles Manâm l'avait constaté lui-même lorsque l'Hospodar Pia l'avait envoyé voir son fils en urgence. Harald devait venir voir son fils ainé. Aysha n'avait guère envie de voir Harald de Harval venir en Auguste, elle savait que ça signifiait le départ de Jacob, et elle s'était habitué à sa présence. Elle l'attrapa par la taille pour le redresser. Il rougit. La dernière fois qu'ils avaient eu une telle proximité c'était dans le boxe avant la course:

-Tu crois que si je t'embrasse, une heure après je vais me faire piétiné par une dizaine de chevaux.

Aysha ne put s'empêcher de rire à la remarque de Jacob. Elle lui répondit de la manière qu'elle préférait, elle déposa ses lèvre sur celles de Jacob. Encore une fois, il fut plus entreprenant qu'elle n'espérait. Son veste tomba, son torse était chaud, pensa-t-elle, si chaud. Une chaleur immense et prenante, elle ne sentait que ça sous ses mains. Et sur ses lèvres, toute cette chaleur sortait brusquement, remplaçant leur souffle:

-Ne fais pas ça. Murmura-t-elle entre les lèvres de Jacob.

-De quoi?

-Tout ça. Tout ça.

Elle s'écarta de lui:

-Je suis l'héritière de l'Auguste et du Nouveau-Duché, et toi, des Îles. Ils nous êtes impossible d'être ensemble. Donc ne fais pas ça!

Il était surpris. Elle semblait subitement en colère, les femmes du Sud on le sang chaud lui avait-on dit. Mais elle était passé « du rire aux larmes » en quelques secondes:

-Nos religions sont opposées, nos vies sont opposées, le peu d'espoir que nous avons sera anéantit par la réalité de nos existences et du devoir. Le devoir de servir notre pays, celui que nous réserve nos ancêtres. Nous serons puissants, chefs de vastes étendus de terre, et de peuple...Alors ne fait pas ça!

Jacob trouva cela très poétique et tragique à la fois. Il se sentit stupide, jeune, et indécis. Elle proposa de le raccompagner jusqu'à sa chambre, prétextant vouloir s'assurer de sa bonne santé. Ils montèrent à l'étage, sans bruit, sans mot, mais le corps et l'esprit en ébullition. Jacob était perdu, et perplexe. Enfin, devant son lit, près de la terrasse, un souffle chaud entourant sa conscience, il regarda Aysha:

-Qu'importe. Finit-il par soufflé peu sûr de lui. Qu'importe. Oublions un instant ce pour quoi nous sommes nés, ce pour quoi nos parents nous ont fait. Oublions Rey, et les dieux d'Auguste. Et laissons-nous un instant, juste un instant simple, comme deux êtres humains...Même si ça ne dure qu'un mois, une semaine, une nuit, une heure..Laissons-nous faire pour une fois ce que nous voulons. Oublions le privilège de nos naissances, et soyons libres.

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant