Chapitre VIII

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A Lebel, Pauline ne s'était jamais sentie aussi vivante. Léon au loin, Ronor et son bouquet...Le monde lui souriait pensa-t-elle. Elle recevait des enfants Montois au palais présidentiel avec son père. En ce jour du début officiel de l'été, les chérubins du pays étaient célébrés, eux la prochaine génération. Les serveurs de la résidence étaient donc de repos, puisque l'ensemble de la famille était absente, même-si la jeune Pauline serait de retour dans quelques heures. Ronor prit donc un jour de congé exceptionnel et sortit dans le grand centre historique de Lebel. C'était de loin la plus belle ville du monde, selon les intellectuels, et les artistes, le reste de la population internationale n'avait pas d'avis, mais la renommée de Lebel laissait véhiculer une légende qui la dépeignait comme un bijou d'architecture, composé lui-même de multitudes de bijoux à chaque coin de rue. Ronor était un de ces hommes qui croyaient en la supériorité architecturale de Lebel. Il s'émerveillait devant chaque statue, lieu de culte, ou juste devant ce monument qu'il apercevait des fenêtres de la résidence présidentielle. C'était une ancienne tour de pierre blanche qui surplombait l'ensemble de la ville. On pouvait la visiter mais Ronor n'avait pas d'argent à dépenser là-dedans. Il se pressa, car il devait revenir à la résidence avant la nuit. Il accéléra le pas, alors qu'il était dans la grande avenue commerçante de Lebel : l'avenue Du Lys. Dans une impasse, l'impasse du Pardon, Ronor rentra dans une petite boutique, un apothicaire :

-Ah ! Ronor ! S'exclama le vendeur juste derrière sa caisse. Je me demandais quand tu allais venir.

Il était maigre, des lunettes sur le nez, de grandes mains, et un air d'éternel idiot sur sa face mince :

-J'ai eu beaucoup de travail. Dit Ronor.

-Oui, ton père m'a appris ta prise de poste chez notre Président.

-Je dois dire que je travaille plus pour ses enfants que lui. Pestiféra Ronor. La commande est prête ?

-Oui, oui, bien sûr.

L'apothicaire disparut un instant et revint avec un petit carton remplie de fioles :

-Voilà Ronor, ça fait trente Monts.

Ronor sortit deux billets de la poche intérieure de sa veste et il paya. Toute sa paye de la semaine venant de partir dans ses soins médicaux. Ronor était atteint d'un mal étrange, il lui arrivait d'étouffer pendant la nuit sans raison, et il devait boire ce mélange étrange prescrit par le médecin. Il embarqua le carton et sortit. Il regarda l'heure sur l'immense horloge de la gare et regagnât le palais au pas de course. André le salua, et lui tendit une cigarette. Il la fuma doucement près des marches de l'arrière de la demeure :

-Tu as entendu les rumeurs ? Demande André en expirant de la fumée.

-Non. Je n'accorde aucune importance aux rumeurs.

-Léon Aizon sera sur le point de faire sa demande en mariage, on ne parle que de ça à Lebel.

-Qui est l'heureuse perdante ?

André ria :

-La Princesse Alexane de Harval Moscov.

-Rien que ça. S'étonna Ronor.

-Les Moscov sont immensément riches, ils ont planqués leurs bijoux à la révolution. Léon Aizon va devenir l'un des hommes les plus puissants du monde avec elle à son bras.

-La puissance. Une notion qui nous est bien étrangère mais tellement importante pour ceux qu'en haut. Philosopha Ronor en fixant d'un œil la fumée s'échapper de sa cigarette. On se mari même pour elle.

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant