Chapitre XX

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Il ne pouvait plus attendre. Denis Aizon devenait encombrant. Les courbettes qu'il adressait à Soline répugnaient Daniel. Soline était à lui, et il se rendait compte qu'il devenait jaloux. Terriblement jaloux. Vivement qu'il meurt! Et c'était prévu pour ce soir, il avait donné des ordres à Soline, Dimitri l'avait formé. Elle était prête. Elle était invitée à dîner à la résidence du Président. Pauline l'accueillit en personne. La fille du Président se laissait vivre, elle était peu coiffé, pas maquillé, et mangeait que quand il le fallait. Ronor. Elle ne pensait qu'a Ronor. Pas en tant qu'amant, ou employé, mais elle culpabilisait terriblement. Il était en prison à cause d'elle. Elle l'avait séduit, et il avait reçu une correction de la part de Daniel. Elle se laissait mourir pour se punir. Elle n'écoutait pas Soline et son père parler. Denis lançait des phrases bateaux de séducteur fatigué, et fatigant. Soline faisait mine de rougir. Elle transpirait, mais pas à cause de Denis, mais à cause de ce qu'elle s'apprêtait à faire. Après le repas, elle proposerait un dernier verre, un tout dernier verre pour Denis. Elle s'inquiétait de la présence de Pauline, mais l'état apathique de celle-ci, rassura Soline. Pauline était mentalement absente de la soirée. Le dîner se déroula, les plats se suivaient, et Denis parla politique. Il avait eu une réunion avec les ministres, et semblait courroucé:

-Le budget de l'éducation plombe tous les plans budgétaires. Dit-il. Mais l'éducation est la base de notre société, on doit apprendre à notre jeunesse a respecter la République et la démocratie.

Soline ne faisait qu'acquiesce. Elle buvait ses paroles et son vin. Il était « joyeux » alors que le dessert arrivait devant eux. Pauline réprimanda son père des yeux. Elle détestait quand il buvait autant. Il était pire que Léon. Le repas s'acheva, et tous gagnèrent le salon où attendaient quelques cigares et du vin Montois, celui qu'on avait l'habitude de prendre pour digérer. Pauline les accompagna. Elle refusait que son père se laisse berner par cette femme vénale. Elle haïssait Soline et ses yeux de biches. Quelle séductrice! Quelle actrice!

-Prenons un dernier verre. Proposa Soline en s'avançant vers le bar.

-Mauvaise idée. Dit Pauline. Tu as déjà trop bu Papa.

Denis souffla:

-Mais non! Cria-t-il. Apporte moi un verre Soline!

Soline sourit de toutes ses dents. Elle servit trois verres:

-Avez-vous des nouvelles de Léon? Demanda Soline.

Elle essayait de détourner l'attention que Pauline lui portait. Subitement la fille Aizon semblait se soucier de son père:

-Oui. Dit Pauline. Il est arrivé ce matin en Auguste.

Malgré la conversation Pauline ne quitta pas Soline du regard:

-Il fait froid. Dit Soline.

-Pauline va demander à André d'allumer un feu. Dit Denis.

-En pleine été? S'étonna Pauline.

-Oui. Mademoiselle Candice à froid. Ordonna-t-il.

Pauline leva les yeux au ciel, et sortit de la pièce pour prévenir André, le majordome. Soline en profita pour mettre le poisson dans le verre alors que Denis était occupé à compter les pièces d'un échiquier. Elle trembla, reprit son souffle. La poudre blanche se diluait doucement et enfin elle se tourna vers Denis affalé dans un fauteuil. Pauline revint et s'écria:

-Tu bois encore!

Elle allait lui arracher le verre quand brusquement Soline se plaça devant elle:

-Laissez-le boire. Tout ira bien.

-Bien sûr! Il aura la gueule de bois lors de la réunion avec le Premier Ministre demain matin.

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant