Broken home.

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Des cris, des bruits d'objets qui sont cibles de la haine que mes parents portent. Ils crient si fort que je me demande s'ils se souvienne que je suis là, toujours bien conscient de la situation.

Pourtant tout allait bien, presque, il y a seulement quelques mois. Des petites chicanes par-ci, par là, des pertes de patience, mais jamais autant de haine et de violence dans les paroles et les gestes. Je n'ai jamais vu venir cette tornade, je n'ai jamais été prévenu que ça serait aussi brutal.
Pour bloquer le son désagréable de la voix de mes parents, j'entre mes écouteurs dans mes oreilles et fais jouer une playlist de musique forte. Celle avec de la batterie, celle où on se sent comme si le vrai monde n'existait plus lorsqu'on l'écoute.

Puis c'est la façon dont je m'endors en cette soirée gâchée. Avec ma musique. La semaine complète se passe de cette façon, jusqu'à ce que je me tanne de mes chansons. Je les aime toujours autant, ces chansons, mais mes parents crient tellement fort que les mots de méchanceté sont maintenant une partie intégrante des mélodies dans mes oreilles.

Quand ils se chicanent, je décide maintenant de sortir de la maison, de façon à me pas les entendre et sentir mon coeur se briser et brûler de peine et de peur.

Au début, j'essayais d'écouter sur quoi mes parents pouvaient bien être autant en désaccord. Ça crie à propos de moi, à propos de l'argent, à propos de tout.

Les parents disent toujours que rien n'est la faute des enfants. Pourtant c'est faux, puisqu'ils sont assez cons pour crier à travers la maison que s'ils ne s'étaient jamais connu, tout aurait bien été. Ils arrivent même à crier que je coûte cher et que je suis toujours à la maison. Je crois qu'ils ne remarquent pas que je suis là, avec eux.

Je ne sais pas quand ont-ils perdu leur joie de vivre et leur complicité. Je sais juste que je suis seul dans cette maison détruite. Ils sont toujours là, toujours bruyants, mais lorsque je regarde autour de moi, que j'ai besoin d'eux, je remarque que je suis totalement seul.

C'est ironique à quel point ils font du bruit sans se gêner tandis que je dois tout faire pour réussir à ne pas pleurer sans faire de bruit.

Je n'ai plus la motivation de faire mes devoirs, quoi que je ne l'ai jamais eu. Je n'ai plus la motivation de me lever pour aller à l'école, mais j'y vais quand même. C'est toujours moins douloureux que les palpitations et le brulement dans mon corps quand mon père frappe un mur ou que ma mère lui lance une insulte. Les insultes de ma mère me donnent encore plus mal au coeur que les coups de mon père. Ils sont si crus et méchants. Par contre, les poings de mon père me font trembler, me font peur. Alors, je vais quand même à l'école, sans le moindre sourire ou la moindre envie de me rendre. Je n'ai que deux amis, qui m'ont "repêché" pour que je ne sois pas seul, alors j'essaie de m'accrocher à eux.

Tout ce que j'ai envie de faire à longueur de journée, ce de hurler ma douleur. Peu importe qui a raison et qui n'a pas raison. On s'en fout, la douleur est toujours là.

Après les longues heures à "écouter le professeur", je reviens à la maison, sans grande hâte d'arriver. J'ai surtout envie de me rendre au parc et d'y habiter. Dans la glissade, sur le banc, mais pas chez moi.

J'ouvre la porte et quand j'ai de la chance, mon père n'est pas revenu. Malheureusement, il est là la majorité du temps, alors les cris sont déjà bien présents.

Pendant des semaines je bloque les insultes et coups par ma musique, seul et embarré dans ma chambre.

À un moment aussi banal que celui d'un mercredi soir, j'ai le déclic. Tant qu'à bloquer l'horreur de chaque soir, pourquoi ne pas le faire avec ma propre chanson?

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