Running up that hill.

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Il m'arrive souvent de marcher sur le pont près de chez moi. J'aime le sentiment de penser que je pourrais sauver dans le vide de si haut. Les gens ne s'en soucieraient même pas. Évidemment, il y aurait un drame autour de l'annonce de ma mort, un peu comme avec Michael Jackson. On penserait peut-être que j'ai planifié ma "mort" pour recevoir plus d'attention. Alors même mort, on me détesterait d'attirer l'attention. Les médias en feraient des histoires, les fans aussi, mais les garçons ne réagiraient sûrement même pas...

Les garçons ne me parlent plus, les fans sont déçues de moi car j'annule des concerts à cause de mon anxiété de merde. C'est toujours la même histoire avec mon père. Depuis que je chante, il refuse tout contact avec moi. Ma vie, bien qu'elle paraisse parfaite, est plutôt cauchemardesque. Je suis riche, mais jusqu'à quel point l'argent peut me rendre heureux?

J'essaie toujours de dévier mon regard de l'eau qui coule à quelques m'être de moi. Je ne tomberais pas de très haut, mais ce n'est pas très creux, alors la chute serait douloureuse.

Aujourd'hui, je réussis à résister à l'envie de sauter et je retourne chez moi. Je dois aller me laver, car j'ai une pratique de son avant le concert de ce soir. Je sens déjà les regards des fans me transpercer. Elles semblent affreusement déçues que je sois seul sur scène, que j'aie changé. Elles m'en veulent d'avoir assumé mes propres choix. J'ai beaucoup de difficulté à accepter les nouveaux jugements, je m'étais habitué à ceux qu'on me lançait lorsque je faisais partie de One Direction.

En arrivant chez moi, je fais couler l'eau chaude de ma baignoire et y entre. C'est réconfortant. Le moment où je prends ma douche est mon préféré, je réussis à faire le néant dans ma tête et ça me soulage d'un poids incroyable. Le temps est cependant très court, car je dois sortir. L'eau devient froide et le temps avance. Je sors donc à contrecœur de mon havre de paix pour rejoindre la vraie vie, celle que je n'ai pas spécialement envie d'affronter à l'instant.

Je m'habille d'un jean simple et d'un t-shirt, car je sais que Caroline me trouvera de plus beau vêtement, qui feront plus "moi". Je crois plutôt que ce que j'ai choisi de porter, c'est beaucoup plus moi que ce que les stylistes me font porter, mais je n'ai pas l'énergie de leur expliquer ce détail.

Évidemment, j'arrive toujours en avance à mes pratiques, avec les gardes du corps et le chauffeur qui travaillent pour moi. J'ai donc énormément de minutes à tuer. Elles passent tandis que je vais voir sur les réseaux sociaux s'il se passe quelque chose d'intéressant. Comme d'habitude, c'est vide.

S'il y a bien quelque chose qui me manque du groupe, c'est de ne plus être entouré de personnes qui m'aiment et qui m'acceptent. Maintenant, ceux qui m'entourent sont comme des objets, ils ne ressentent rien. À l'exception de Brooklyn et Caroline, si les gens disparaissaient, aucun sentiment ne serait ressenti de ma part.

Après trente minutes à ne rien faire, Caroline m'appelle. Elle est prête à me faire essayer plusieurs morceaux pour choisir celui qui me va le mieux. À mon avis, ils se ressemblent tous, mais je ne m'obstine pas, j'ai réellement perdu toute motivation depuis quelques temps.

Je monte sur scène et pratique Like I would, It's you, Pillowtalk et toutes les autres chansons que je chante presque tous les soirs devant des milliers de personnes. Ça se passe bien, tout se passe très bien quand la salle est vide. J'entends seulement ma voix résonner dans cet énorme aréna et ça me fait bizarre qu'aucune harmonie ne se crée.

En chantant, It's you, je remarque que je suis vraiment triste et qu'il me manque vraiment quelque chose. Ça semble peut-être cliché, mais c'est en chantant une chanson triste que je chante tous les jours que je me rends compte du temps que j'ai perdu en ne parlant pas aux garçons. Nous sommes cinq vrais cons. Je le sais bien que j'ai ma part de tort, mais ça va dans les deux sens, j'aimerais recevoir leur appel de temps en temps.

Quand la chanson se termine, je peux enfin retourner à mes occupations. Je crois que fumer me fera du bien. J'ai augmenté mes consommations de cigarettes d'un paquet par jour, ce n'est pas comme si je manquais de budget. Il m'arrive aussi de fumer quelques joints, mais je préfère être lucide quand je contemple le fin fond de la rivière. Je me sens plus près de la mort, c'est étrange. Pourtant, je pourrais facilement foutre ma vie en l'air si j'abusais des substances illicites.

Une énorme boule de stress se forme dans mon ventre et grossit à chaque seconde. J'angoisse sans vraiment en comprendre la raison, je ne me sens pas bien sans vraiment être capable de mettre mon doigt sur la raison. J'essaie donc d'ignorer ce qui peut se passer dans ma tête et dans mon corps. Donc, en entendant les cris des fans qui commencent à entrer, je me rends vers la coiffeuse, la maquilleuse, la styliste et toutes les personnes qui font partie de l'avant-show.

Je prends mon temps à me préparer et je suis prêt juste à temps, comme à l'habitude.

Je prends de grandes respirations, un beta bloquant et je me lance après le décompte. Les fans hurlent comme d'habitude, je ne crois même pas qu'elles entendent la mélodie de ma première chanson tellement leurs cris sont bruyants. La boule de stress dans mon ventre s'atténue et revient, tout dépendant du moment.

Je termine enfin le concert avec des tonnes d'applaudissements et malheureusement, de regards réprobateurs d'un bon nombre de personnes. Peut-être que c'est parce que je ne souris pas, les gens croient que je ne suis pas heureux de faire mon travail.

En y pensant bien, je crois que ces personnes ont raison. Je croyais être plus heureux sans les garçons, mais regardons la vérité en face, je ne suis pas plus heureux maintenant. Je ne serai peut-être jamais heureux, peu importe qu'est-ce que j'essaie.

Sur le chemin du retour vers ma maison, la sensation désagréable d'une envie de sauter dans le vide me prend. J'ai affreusement envie de me rendre au pont. Pourtant, avant même que mon cerveau comprenne que je dois sortir de la voiture si je veux sauter, mon cellulaire est déjà ouvert et j'écris un message à Harry. Je l'aime encore ce Harry.

À Harry-

Salut H. Tu aurais des endroits préférés pour faire du parachute? J'ai vraiment envie de sauter et le pont près de chez moi n'est pas assez haut... Love, Z xx

Mon message est le plus étrange de tous, ils vont encore penser que j'essaie d'attirer l'attention. Je n'aurais pas dû écrire cela. Oh non... Il ne va même pas me répondre.

Le chauffeur me dépose chez moi. J'attends qu'il soit complètement disparu des parages avant de me diriger vers le pont. Cette fois, j'espère sincèrement trouver le courage de sauter. La boule dans on ventre disparaîtrait enfin pour de bon.

Lorsque j'arrive près du pont, je vois une silhouette assise là où je suis normalement situé. Ça me fâche un peu, j'avais enfin décidé de faire ce que je n'ai pas le courage de faire normalement.

Je marche vers lui pour lui replacer mes idées, mais plus j'avance, plus je remarque que je connais cette personne. Ses cheveux longs bruns et ce dos énorme, c'est bien Harry. Mais qu'est-ce qu'il fait ici?

"Bonsoir Zayn."

"Harry? Mais tu fais quoi ici? Il est deux heures du matin, tu devrais être chez toi, pas ici, surtout pas maintenant."

Il me tend un papier. Il est écrit dessus "Skydive buzz".

"C'est un centre spécialisé en parachutisme et non en chute. Les meilleurs du pays à ce qu'il paraît. Si tu sautes de quelque part, c'est d'un avion et ça sera avec moi."

"Mais Harry, tu as terriblement peur du vide."

"Tu as raison, mais j'ai encore plus peur de te perdre."

Il me prend dans ses bras, ça me fait vraiment beaucoup de bien.

"Nous allons remonter la pente, ne t'inquiètes pas", rajoute-t-il, un bras encore autour de mon cou.

I'll be running up that hill <3


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