Ancestrales 4 ~ L'heure des Ténèbres

Chapitre 38: Octobre (8)

Quand Zéro avait proposé à Margaux de lui faire un entraînement au combat pour qu'elle en apprenne les bases, elle ne s'était pas doutée que c'était avant tout parce qu'il avait besoin de se défouler.

Premièrement, Margaux n'était pas très sportive, puisqu'elle avait surtout fait de la musique dans son enfance – du piano et de la flûte traversière. Deuxièmement, Zéro était tout sauf délicat, et même si le sol de la pièce dans laquelle ils se trouvaient était couverte de tapis, les chutes n'étaient pas très agréables.

Pourtant, la jeune fille n'était pas mécontente, plutôt le contraire. Il était largement temps qu'elle apprenne à se défendre, même si ce n'était pas une unique séance qui allait révolutionner sa vie. Les chasseurs de magiciens savaient un minimum se battre, pour la plupart, mais elle, personne n'avait jamais voulu lui apprendre. Ses proches l'avaient toujours considérée comme trop fragile.

Partir de chez elle était la meilleure décision que Margaux n'avait jamais prise. Elle le pensa même quand elle s'étala de tout son long sur les tapis dans un claquement sec et qu'elle crut que les muscles de son dos allaient se déchirer.

- Eh ben, Zéro, c'est vraiment pas sympa de la malmener comme ça.

Le Madrigan releva la tête vers Scatach et son bras en écharpe. Elle s'était postée à l'entrée de la pièce, son éternel air moqueur collé au visage. Margaux se redressa sur les genoux, essuya la sueur de son front et rejeta en arrière les mèches qui s'étaient échappées de sa tresse.

Elle ne savait pas exactement ce qui était arrivé à Scatach pour qu'elle se retrouve blessée, à part que cela avait à voir avec la fois où elle et Zéro s'étaient absentés quelques heures, et où il était revenu seul. Orage l'avait sermonné pendant bien vingt minutes le soir même, mais Margaux n'avait rien compris au contexte des reproches. Quant à Scatach, elle était revenue la veille, le bras en écharpe et un énorme pansement sur l'épaule qui remontait jusqu'à son cou. Elle aussi s'était fait disputer par Orage, même si avec moins de véhémence que pour Zéro, puisque sa colère avait eu le temps de retomber.

- Ça va, assura Margaux.

- On apprend en tombant, marmonna Zéro. J'y peux rien.

- Oui, enfin vu le bruit de ses chutes, je me demandais si tu ne la jetais pas carrément contre les murs, fit remarquer Scatach.

- Tu exagères.

- Si tu lui casses un os, Orage ne va vraiment pas être contente.

- Elle ne va rien se casser, objecta Zéro, agacé. Je fais attention.

- Moui.

Soit, Zéro manquait quelque peu de délicatesse, mais Margaux le croyait quand il affirmait cela. Elle sentait qu'il se retenait et qu'il faisait attention à comment elle tombait – même si cela restait douloureux.

- Margaux, tu n'es pas très sportive, non ? demanda Scatach.

La jeune fille se releva et épousseta son legging.

- Ça se voit tant que ça ? déplora-t-elle.

- Ben, moi je suis plutôt mauvaise, mais quand même bien meilleure que toi, donc c'est ma seule référence. Tu as mal sur à peu près combien de muscles, là tout de suite ?

La sensation de brûlure était homogène partout.

- À peu près tous.

- Hm. C'est bien ce que je me disais. Tu ne veux pas faire une pause ?

Margaux s'entraînait depuis moins d'une heure. C'était trop tôt pour penser à se reposer. Autrement, elle ne progresserait jamais.

- Oh, je ne sais pas... Je suis bien partie, je crois.