Eloïse passa par plusieurs courtes phases de conscience.
À chaque fois, elle fut incapable d'ouvrir les yeux ou de véritablement comprendre ce qui lui arrivait, mais des voix et des sons arrivèrent jusqu'à ses oreilles.
D'abord, ce fut Michaël, alarmé. Peut-être Victorien qui lui répondit. Eloïse ne saisissait pas ce qu'ils se racontaient.
Les impressions changèrent. Les heures s'écoulèrent – ou les minutes ? Un objet froid toucha son front. Une nouvelle fois, Eloïse perdit le fil.
La voix rassurante d'Ilyann l'entoura avant de disparaître. Elle voulait juste dormir. Pour combien de temps encore ?
Quand elle reprit pleinement conscience, ce fut pour tomber de son lit et s'écraser sur le parquet dans un grognement étouffé. Eloïse ouvrit ses yeux embués de fatigue et analysa la situation.
Elle se sentait horriblement raide. Un mal de crâne diffus la fit grimacer et elle remua sur le sol pour se retourner sur le ventre et s'appuyer sur ses avant-bras.
C'était sa chambre chez Victorien. Elle reconnaissait les pieds de son lit, sa table de nuit et le parquet sombre qui grinçait par endroits.
Ça, et une araignée qui marchait sous le lit de ses huit pattes.
Eloïse étrangla un cri et s'éloigna en se cognant la tête à sa table de nuit au passage.
- Aïe, articula-t-elle entre ses dents.
Il y avait trois choses dont elle avait la phobie : l'eau – elle ne savait pas pourquoi, d'ailleurs, mais avait été dispensée de piscine toute sa scolarité à cause de ça –, les lieux étroits et les araignées.
Eloïse se redressa en position assise et guetta nerveusement la créature de cauchemars qui n'avait pas demandé avant d'entrer ici. Au même moment, la porte de sa chambre s'ouvrit et Victorien s'engouffra à l'intérieur.
Il la dévisagea avec surprise quand il la vit par terre et surtout, consciente.
- Que...
- Il y a une araignée sous le lit, le coupa-t-elle.
Victorien, décontenancé, se pencha et constata que c'était le cas. Il étira son bras et attendit que l'araignée monte dessus, avant de se relever.
- Eloïse, c'est ridicule, elle est minuscule.
La magicienne avait couvert ses yeux de ses mains. L'araignée, elle, gambadait joyeusement sur la main de Victorien. Il poussa un soupir et traversa la chambre pour la mettre dehors.
La fenêtre s'ouvrit, puis se referma. Eloïse retira ses mains de son visage.
- Elle est partie ? vérifia-t-elle.
- Oui, elle est partie. Elle n'allait pas te manger.
- Je déteste les araignées.
Victorien la rejoignit et lui tendit une main, qu'elle saisit. Elle réussit à se relever essentiellement parce qu'il fit tout le travail. Ses jambes lui semblaient fatiguées comme si elle venait de faire une séance de sport intensif. Heureusement, Eloïse retrouva aussi vite le confort de son matelas sous son postérieur.
Victorien s'assit à côté d'elle.
- Comment tu te sens ? demanda-t-il.
- Très fatiguée et j'ai mal au crâne, sinon ça va. J'ai dormi combien de temps ?
- Cinq jours.
Eloïse crut d'abord à une blague, mais ce n'était pas le genre de Victorien de faire une chose pareille.
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Ancestrales 4 ~ L'heure des Ténèbres
Fantasy/!\ En réécriture à partir de 2022 /!\ Tome 4 de Ancestrales.