Chapitre 21: La reine Anaïs

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05/08/2013.

Anaïs ne savait plus quoi faire. L'erreur terrible qu'elle avait commise des années durant allait finir par se retourner contre elle. Comment pourrait-elle se le pardonner un jour ?

Était-ce la contribution qu'elle voulait laisser au monde ?

Ses fonctions de reine l'étouffaient. Le poids qui pesait chaque jour un peu plus sur ses épaules allait finir par l'écraser complètement.

Trente ans qu'elle était au pouvoir de la Cité. Peut-être qu'il était temps pour elle de faire ses adieux et de passer le relais à sa fille, Charlyne. Elle était encore si jeune, pourrait-elle endosser le rôle ?

Armändo Alavès la saisit délicatement par les épaules pour l'inciter à reprendre contenance. Ils n'étaient que tous les deux, alors Anaïs pouvait se laisser aller à sa détresse, même si le premier ministre l'encourageait à rester pragmatique et à garder le contrôle sur la situation.

- Vous ne devez pas oublier que tout ceci n'est pas une fin en soit, insista Armändo. Vous pouvez encore rectifier le tir.

- Vous le pensez sincèrement ?

Parce que les doutes, Anaïs aurait pu les boire à la paille tant elle nageait à l'intérieur.

La Cité avait subventionné les laboratoires du Phoenix des années durant. Tout cela pendant son règne, sans qu'elle n'y prête attention ou qu'elle n'ait la moindre idée de ce qu'ils comptaient faire de cet argent. Alors quand Armändo s'en était rendu compte et lui avait exposé tout ce qu'il savait de leurs plans passés et futurs, l'horreur l'avait envahie.

Anaïs avait immédiatement stoppé les financements, mais le mal était déjà fait. Surtout qu'avec un arrêt aussi brusque des virements, les laboratoires allaient se douter que quelque chose s'était produit. Allaient-ils demander des comptes ? S'en prendre à elle, à sa fille ou à ses proches ? Ils en avaient largement les moyens.

Tout ceci était sa faute.

- Je le pense, oui, confirma Armändo. Les financements que la Cité leur a donné, ils les auraient sans doute trouvés ailleurs dans tous les cas. Vous n'avez pas à vous en vouloir pour ça, surtout que vous n'êtes pas celle à avoir décidé de le leur accorder.

- Cela a été fait sous mon règne, rappela Anaïs. C'est tout comme. J'aurais dû creuser davantage le dossier.

- Ils dissimulent bien leurs activités, vous n'auriez rien trouvé. Ce qui est fait est fait. N'y pensez plus et concentrez-vous sur la suite.

Ça, c'était plus facile à dire qu'à faire. Anaïs se retint de faire les cent pas dans son bureau.

Cela faisait des années que l'idée d'abdiquer lui trottait dans la tête, mais la Cité avait eu des problèmes de stabilité du trône, les derniers siècles. Ses parents avaient été assassinés, ce qui l'avait amenée à prendre le pouvoir de façon prématurée. Avant eux, qui n'étaient restés sur le devant de la scène que douze ans, l'ancienne lignée royale avait dû s'exiler à cause de plusieurs scandales de détournement de fonds. Quand à ceux qui étaient là encore avant, ils avaient eux aussi été tués. Le palmarès de la Cité n'était pas brillant. De tout le continent d'Eole, ils étaient ceux avec le plus de dirigeants assassinés pour des raisons diverses et variées.

Voilà comment Anaïs en était arrivée là il y a trente ans de ça. En considération de la durée moyenne des règnes au fil de l'histoire, en tout cas par rapport à leurs voisins, c'était court.

- Voilà ce que nous allons faire, décréta Armändo. Nous allons retarder au maximum les laboratoires dans les plans dont nous sommes au courant et trouver un moyen d'infiltrer quelqu'un chez eux. À partir de là, ce sera plus simple de percer le reste de leurs secrets. Si nous avons toutes les informations en notre possession, nous pourrons nous débarrasser d'eux une bonne fois pour toutes.

Ancestrales 4 ~ L'heure des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant