Chapitre 11: Août (6)

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Eloïse n'arrivait pas à dormir. Cela lui arrivait assez régulièrement, avec ses insomnies, mais elle finissait toujours par gratter quelques heures de sommeil. Aujourd'hui seulement, son corps en avait décidé autrement. Trois heures qu'elle remuait dans son lit et impossible de s'endormir. Elle commençait à désespérer.

Dans ces cas de figure, elle allait boire une tisane et tout finissait par rentrer dans l'ordre. Le problème était que cela ne lui était encore jamais arrivé depuis qu'elle habitait chez Victorien, et donc qu'elle ne savait pas s'il avait de la tisane ou non – même si elle supposait que oui.

Il avait beaucoup de thé, c'était un fait, mais tout était dans des bocaux sans étiquettes. Eloïse n'avait pas trop envie de se tromper sur les herbes à employer et d'au final avoir encore moins envie de dormir.

Puisque Victorien, qui s'était absenté les derniers jours, était rentré moins d'une heure plus tôt, elle pouvait aller lui demander de l'aide. Elle doutait qu'il dorme, lui non plus.

Quand Eloïse sortit de sa chambre, elle repéra immédiatement un rai de lumière sous la porte du bureau de Victorien. Gagné, il était debout. Elle toqua et attendit qu'il lui ouvre.

Le mage noir se dressa devant elle une poignée de secondes plus tard, visiblement fatigué et vêtu d'un de ses éternels hauts à manches longues noir. Comment il ne mourrait pas de chaud ainsi au mois d'août, Eloïse ne comprendrait jamais.

Et depuis combien de temps il n'avait pas fermé l'œil, ça aussi c'était un mystère.

- Tu ne dors pas ? demanda-t-il.

- Je n'y arrive pas, répondit Eloïse. Est-ce que tu as de la tisane ?

- Dans la cuisine. Placard de gauche.

Oh, donc dans le fameux placard où il y avait le thé.

- Comment est-ce que je suis supposée différencier la tisane du thé sachant qu'il n'y a aucune étiquette ? vérifia-t-elle.

- La tisane est normalement sur l'étagère du haut.

- Normalement ?

- Regarde dans le fond.

Eloïse poussa un soupir de désespoir. Victorien n'avait pas trop l'air de vouloir l'aider et n'aspirait visiblement qu'à reprendre ce qu'il était en train de faire.

- Ce ne serait pas plus simple que tu viennes me dire lesquels sont les bocaux de tisane ?

- Donne-moi quinze minutes, lui répondit Victorien. J'étais au milieu de quelque chose.

- Bon...

S'il ne voulait pas s'interrompre un tout petit peu pour venir l'aider, tant pis, Eloïse essaierait de se débrouiller de son côté. Elle partit en direction de la cuisine sans demander son reste et Victorien retourna à ses occupations, quoi qu'elles aient pu être.

Eloïse ouvrit le placard le plus à gauche de la rangée de quatre et fit face à sa première difficulté : elle était trop petite pour atteindre le fond de l'étagère du haut. Elle dut aller chercher une chaise au salon pour l'utiliser comme échelle et ainsi vider un à un les bocaux. Elle plaça d'un côté ceux qui devaient être du thé et de l'autre le reste.

Il y en avait trois. Par élimination, Eloïse sélectionna celui du milieu, puisque c'était celui où les plantes séchées ressemblaient le plus à celles d'une tisane et où l'odeur était la plus agréable. Elle espéra ne pas s'être trompée et fit chauffer de l'eau.

Dans un tiroir, elle trouva de quoi faire infuser les plantes, sortit sa tasse – c'était Ilyann qui la lui avait offerte quelques semaines plus tôt, un cactus était dessiné dessus – et plaça la boule à thé dedans. Quand l'eau fut prête, elle la versa délicatement, rangea les bocaux et la chaise à leur place le temps que cela infuse, puis renifla la mixture.

Ancestrales 4 ~ L'heure des TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant