Chapitre 2

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Pdv Emma

5h mon réveil sonne, c'est dur , à peine quatre heures de sommeil ce n'est pas beaucoup mais ce n'est pas grave c'était ma dernière soirée ici, j'ai profité de Mémé et Aurore.
Je n'ai pas très bien dormi, la conversation que j'ai eu avec Aurore m'a hanté. J'aimerai beaucoup lui parler mais je ne peux pas . Du coup, ma nuit a été parsemée de cauchemars.. Je le revoyais, je la revoyais, des sourires, des larmes, du sang.... Maudits souvenirs.

Je me lève, vais prendre une bonne douche pour me laver de ces images et essayer de faire disparaître toute trace de cette rude nuit. Je m'habille comme d'habitude un simple top gris et un jean's noir. Je rassemble mes dernières affaires et descend à la cuisine pour prendre un bon café et me préparer une Thermos, je vais en avoir besoin pour la route, les cafés des aires d'autoroute sont infects.

Tiens un message sur le répondeur... Je le mets en route, car j'ai peur que ça soit ma future propriétaire, on ne sait jamais ...

- Hier à 18h32. Bonjour Emma, c'est mère ! Tu pourrais au moins décrocher. Hallo ? Bon rappelle moi pour une fois ! Faut que je te parle... Bip bip bip

Ma mère, toujours la même rengaine, ça fait des années que je fais mon possible pour ne pas la voir. Elle ne comprend pas, faut toujours qu'elle débarque ici, ou qu'elle appelle. Pourtant je ne décroche jamais et quand elle vient je pars à la seconde. Son message est différent, son "faut que je te parle" me laisse un goût amer. Elle ne sait pas que je pars, que je quitte la région, mais ma curiosité ne l'emportera pas, pas cette fois ci . J'efface le message.

Un petit cou d'œil sur l'horloge m'indique qu'il est l'heure de partir. Je prend mon sac, ma thermos, mes dernières affaires et je sors de la maison ferme tout à clef puis les mets dans la boîte aux lettres. Je charge ma voiture, la un petit "Em'" me fait sursauter, c'est ma Mémé.

- Mémé, il est 6h30! Que fais tu là ?

- Je n'allais pas te laisser partir sans dire au revoir à ma petite fille. Me répondit elle doucement. Tu vas tellement me manquer...

- Toi aussi, mais il faut que je parte...

- Je m'inquiète tellement pour toi.

- Tout ira bien, Mémé.

- Ma petite, ma toute petite promets moi de bien faire attention à toi, je ne supporterai pas de te perdre aussi...sa voix c'est brisée en le disant .

- Je sais... Je te le promets. Et toi veille sur Manouche, et quand je serai bien installée je t'enverrai un billet de train pour venir me voir, avec Manouche . Allez Mémé, ne pleures pas, souris moi, voilà c'est mieux. Viens là , lui dis je en la prenant dans mes bras, on se voit bientôt, prend soin de toi. Je t'aime .

- Je t'aime .

Il n'y a rien de plus à dire, je desserre mon étreinte et monte dans ma voiture . Elle ferme ma portière, m'envoie un baiser, tout en souriant et laisse s'échapper une larme. Ça me brise de la laisser, mais Paris ce n'est pas une ville pour elle. Elle est trop accrochée à ses volcans, son petit village, de même pas 100 habitants.... Je démarre et m'éloigne, ça y est je ne la vois plus dans mon rétroviseur, je lâche  la pression et mes larmes roulent sur mes joues . Au revoir Mémé.
C'est la femme de ma vie, je donnerai tout pour elle, elle est mon pilier, mon épaule. Jamais je n'ai rencontré une femme aussi formidable, aussi solide et aussi loufoque . Je connais tous les contes et légendes d'Auvergne. Elle me les a toutes racontées au moins cents fois . Elle ne fais pas la morale, non, elle raconte une légende... Quand elle m'a demandé pourquoi j'étais seule et que je lui ai répondu que les hommes n'en valent pas la peine, que se sont des monstres, elle m'a naturellement raconté l'histoire de " la bête de la tourbière* " qui pour résumer veut dire que des fois on croit voir un monstre alors qu'en fait ce n'est qu'une façade et que derrière se cache le prince charmant. Je la laisse croire qu'elle a raison, mais je n'y crois pas, plus.. Sans elle, je ne serai plus là. Elle m'a sauvé la vie, m'a relevé et m'a fait avancer. Aujourd'hui, j'ai fini mes études grâce à son soutien. Grâce à elle, je vais faire ce que j'aime dans une semaine . J'ai envoyé des tonnes de cv et de lettres pour trouver un travail à Paris et elle était la pour chaque réponse. Il y a deux mois, une lettre est arrivée, ce jour là Mémé était venu boire le café, donc elle était présente quand j'avais découvert qu'après tellement de demande , j'avais enfin trouvé un travail. C'est un foyer de jeunes en difficultés, qui cherche une éducatrice pour remplacer l'ancienne qui part à la retraite dans trois mois, je resterai avec elle jusqu'à qu'elle parte pour une bonne intégration. On avait rigolé, en disant que c'était un signe du destin car ma future collègue porte le même prénom que ma grand-mère, Joséphine.

Mon rêve se réalise, je vais aider des enfants plus ou moins grands. Ma grand mère ma mise en garde, " ne te laisse pas envahir par les situations et les sentiments", sage conseil, je vais essayer de l'écouter. Autant je n'ai plus la foi en l'homme mais les enfants sont innocents... Tous mes espoirs sont en eux.

Paris, j'arrive....

* la bête de la tourbière :

Il était une fois une fille de seigneur, Aurore, plus belle que le matin naissant, elle avait des boucles d'or pâle, blondes, des yeux du plus bel azur. Son père, baron de La Tour fut très désappointé, sa mère hélas mourut alors que la petite était encore au berceau. Le baron terrassé par la douleur, feignit d'ignorer l'existence de sa fille et refusa de prendre femme, il perdait ainsi toute chance de donner un jour un hériter mâle à la baronnie. Aurore fut élevée par une nourrice, Bertille qui la considérait comme sa propre fille. Bertille lui enseigna la science des « simples », la médecine des plantes. La nourrice savait guérir quantité de maux et personne, dans la baronnie, ne manquait de faire appel à ses bons services un jour au l'autre.

Bertille lorsque Aurore fut âgée de 16 ans sentant sa mort proche lui révéla un grand secret. Une potion miraculeuse capable de si bien transformer celui qui la boit que c'est merveille à voir. Les composants ont été oubliés à ce jour, il faillait 3 jours pour la réaliser et aller chercher une plante extraordinaire très loin dans les montagnes là où sont les tourbières. Les tourbières étaient pareilles à un marécage hérissé d'ajoncs où dit-on un attelage de bœufs et sa charrette de bois ont été jadis ensevelis. Elles sont très dangereuses mais c'est là où pousse la drosera, plante carnivore dont les petites feuilles charnues, couvertes de poils rouges et gluants, attirent les insectes, les emprisonnent et les digèrent ! Parvenue aux tourbières, Aurore vit avec horreur sortir de la terre visqueuse une énorme bête de corps d'âne, de pattes d'un loup, d'une queue de dragon. Cependant, la bête ne bougeait pas, elle n'était pas menaçante et son regard avec quelque chose de douloureux.

Soudain, la bête parla :
- Ne craignez rien mademoiselle, je ne vous veux aucun mal. Est-ce bien vous qui cherchez la drosera ? Est-ce que vous venez du château des barons pour la cueillir ? Ma laideur est repoussante, mais ne vous fiez pas à mon aspect. Mon corps voyez-vous, si monstrueux, si horrible à voir, n'est que fausse apparence. Un mauvais sort m'a fait ce que je suis, mais si vous le voulez, belle Aurore, vous pouvez me sauvez, vous seule. La jeune fille accepta de lui venir en aide pour se faire, il chercha avec elle la drosera. La bête lui indiqua que ces jours étaient comptés. A ces mots la jeune fille compris les paroles de sa nourrice et s'enfuit préparer la potion miraculeuse pendant 3 jours pour revenir le quatrième jour la donner à boire à la bête.

Le quatrième jour Aurore repartit pour les tourbières se perdit dans le bouillard et n'atteint le lieu de rencontre que le soir. La bête mourante était allongée disant :
- Il est trop tard, voyez le soleil se couche.
Sa grande fatigue ne lui permettait pas de boire la potion préparée alors, Aurore avec douceur pris la tête de la bête dans le creux de son bras pour l'aider à boire. Sitôt la fiole vidée, la bête se transforme en jeune homme si beau et de si bonne tenue, si bien vêtu et de mine si avenante que la jeune fille sent son cœur palpiter. Il prend ses mains, il lui dit tout :
- Une mauvaise fée, par jalousie, m'a changé en monstre depuis bien longtemps déjà. De ce malheur mon père et ma mère en sont morts, hélas, en leur château du comté de Toulouse. Comme vous voyez je viens de loin. J'ai erré des jours et des nuits à la recherche de celle qui saurait rompre le charme. Pour lever le sort en effet, il fallait qu'une fille de seigneur connût la formule secrète. La Demoiselle devait fabriquer elle-même la merveilleuse potion. Enfin, surmontant son horreur et sa répulsion, elle seule pouvait la donner à la bête monstrueuse. Alors seulement, le charme serait conjuré.

Vous êtes venue, Aurore, et vous n'avez pas craint de soulever ma tête dans vos mains pour m'abreuver du liquide magique : soyez-en mille fois remerciée. M'aimerez-vous?

La réponse fut celle qu'il attendait : - Je vous aime déjà ! Aurore et Florian vécurent longtemps dans leur château de La Tour...

La destinée d'EmmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant