Chapitre 35: Le subconscient

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J'ai besoin de mettre de la distance entre elle et moi. J'ai besoin de quitter cette maison et de partir loin, de prendre mes affaires et de quitter l'état. De tout oublier, cette peine si immense en moi. Une peine que je ne supporte déjà plus, elle me donne des nausées.

Je dévale les escaliers si rapidement que je me retiens de peu de trébucher sur mes pieds une fois en bas. Je ne suis pas tombée pourtant j'ai l'impression d'être à terre, mon corps devient beaucoup trop lourd pour mes jambes.

Elle m'a quittée.

Cette constatation me frappe aussi brutalement que ses mots l'ont fait. Mes jambes lâchent et je me laisse tomber dans les escaliers, ma tête entre mes mains alors que je suis prise de sanglots irrépressibles. Tout ce que j'ai gardé en moi, toute la tristesse et tous les pleurs semblent ne plus supporter l'obscurité de mon corps.

Je ne dirais pas que j'ai tout perdu, mais que j'ai perdu le fil magique qui reliait ma joie à tous mes loisirs, mon envie, ma passion, mon ambition. Depuis que je l'ai rencontrée, toutes ces petites choses qui me font vivre se sont construites en elle. Elle est porteuse de ce qui me donne l'envie de croquer la vie à pleines dents. Mais ce fil s'est brisé, je l'ai perdu, elle et cette partie de moi.

_Lauren, m'interpelle Mme Cabello.

Sa voix me rappelle la sienne, elles ne se ressemblent pas vraiment, mais elles ont cette même bienveillance. Une bienveillance qui a été remplacé par du venin il y a quelques minutes. Je n'arrive pas à regarder la femme en face de moi, je n'arrive pas à lever la tête. Je suis prise par une nouvelle vague de sanglots, ceux-ci sont comme des lames de couteaux dans ma gorge tant ils me font mal.

Lorsqu'on pleure et qu'on doit donner une raison, soit on répond qu'on pleure de tristesse ou bien qu'on pleure de joie... Je ne suis pas triste, je ne suis pas joyeuse, je suis juste vide et c'est la cause de mes pleurs. Parce que j'ai été habituée à ce qu'elle remplisse tout mon être de son amour. À ce moment-là, il n'existe plus.

_Elle m'a quittée, je marmonne entre mes pleurs.

Je ne sais pas si je le dis pour la femme en face de moi ou juste pour moi-même, mais ça me fait réaliser encore un peu plus et durement.

_Oh ma chérie...

C'est la première fois que je rencontre sa mère, j'ai toujours pensé qu'elle voyait ma relation avec Camila d'un mauvais œil, je ne sais pas d'où me venait cette idée, mais elle était belle et bien ancrée dans ma tête comme une évidence.

Pourtant elle ne m'a pas virée de chez elle, elle ne m'a pas regardée d'un air moqueur, non, elle m'a fait m'asseoir à la table de la cuisine.

Une cuisine simple, un frigo avec une porte qui a besoin d'être claquée pour être fermée, une simple table en bois et un vieux carrelage sûrement mis par les anciens propriétaires il y a des années de cela. Tout dans cette pièce montre leur pauvreté, montre l'absence d'un père durant de trop longues années, la bataille de cette femme pour garder cette maison.

Combien de temps a pu y passer Camila? Combien de fois a-t-elle du faire à manger pour sa petite soeur tandis que sa mère travaillait? Combien de fois une mini-Camila s'est assise à la même place que moi pour manger ses céréales au petit-déjeuner? Tout dans cette pièce me rappelle mon amour, même les dizaines de dessins accrochés sur le frigo.

_Sofia n'est pas là, je remarque.

_Elle est chez Dinah, je ne voulais pas qu'elle voit sa sœur comme ça.

Mon regard se baisse une nouvelle fois, je n'ai pas su la rendre heureuse.

_Camila est.... Elle est différente, déclare sa mère après avoir cherchée ses mots.

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