Partie 4 : L'auberge du bonheur

13.3K 1.4K 152
                                    


Sytry et Kea se rendirent chez Rémmona, une aubergiste qui tenait un petit établissement au centre de la cité et qui faisait également figure d'intermédiaire entre eux et leurs commanditaires. Cela permettait à Rémmona de se faire une petite marge au passage et évitait surtout aux deux complices de rencontrer leurs clients, ce qui les arrangeait particulièrement. Il valait mieux que le moins de monde possible soit au courant de leur identité.

L'auberge semblait pleine à craquer ce soir là, vraisemblablement à cause du bal qui se tenait dans la cité le lendemain. Ce genre de frivolité était très apprécié sur Aderoth et attirait son lot de curieux. Les démons étaient fans de réjouissances en tout genre. Ici, tout était prétexte à faire la fête.

Rémmona se trouvait derrière le bar, occupée à essuyer un verre en terre cuite à l'aide d'un torchon. C'était une démone puissante qui avait des dons de guérison impressionnants auxquels Kea était ravie de faire appel lorsque ses missions prenaient une tournure inattendue. Ce soir en était un parfait exemple.

Rémmona était assez grande, avec des formes généreuses et un visage très doux. Sa voix était très grave et ne collait pas du tout avec la douceur de ses traits. Cela était... désarçonnant, voir inquiétant, la première fois qu'on l'entendait parler.

Elle releva la tête en entendant les deux compères s'approcher.

— Courbette mes lapins, qu'est-ce que vous me ramenez de beau ce soir ? leur demanda Rémmona de sa grosse voix.

Courbette, c'était la façon dont les gens se saluaient sur Aderoth. Cette expression avait toujours fait sourire Kea, elle la trouvait particulièrement ridicule et tout à fait inadaptée dans la bouche de certains démons peu rassurants. Il suffisait qu'ils prononcent ce mot pour qu'elle les trouve tout à coup bien moins inquiétants.

— Les crottes sont cuites Rémmona, je répète, les crottes sont cuites, murmura Sytry sa main dissimulant sa bouche au reste de la salle.

Kea soupira devant l'air conspirateur que lui lançait son acolyte.

— En fait, tu aurais pu t'abstenir de te répéter sur ce coup là, Sytry.

— Vous êtes mignons tous les deux, s'amusa Rémmona. Dommage que cela n'ait pas marché entre vous, j'aurais adoré découvrir la tête qu'auraient eu vos bambins un jour.

— Il n'y a jamais rien eu entre nous Rémmona, la détrompa Kea. Mon âme ne l'aurait pas supportée.

— Tu me fends le cœur Brindille. Et je te rappelle que nous avons une histoire, elle n'a peut-être durée que cinq minutes mais tu ne peux pas l'effacer de ton passé pour autant.

— Tu m'as volé un baiser pendant cinq SECONDES le soir de notre rencontre. Ce qui n'a rien à voir avec une histoire d'amour dans laquelle les sentiments se doivent d'être sincères et partagés.

— Il faut toujours que tu cherches la petite tête, soupira Sytry.

Rémmona rit gaiement devant leur échange et reprit d'un air sérieux :

— Mes lapins, je vais devoir vous laisser vous débrouiller avec le client ce soir, je suis débordée et il attend dans le garde-manger depuis déjà plus d'une heure.

— Tu as fait attendre le client dans ton garde-manger ? lui demanda la jeune femme interloquée.

Cela ne ressemblait pas à Rémmona, elle accordait un soin tout particulier à mettre les commanditaires de Kea et Sytry à leur aise, généralement soucieuse de les voir revenir pour un contrat ultérieur. Fidéliser sa clientèle c'est important.

Les Démons d'Aderoth (Edité : Valala Drakht)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant