Partie 19

10.5K 1.2K 196
                                    


En attendant que Yuan sorte de la douche pour prendre sa place, Kea reporta son attention sur Okiri.

— Je ne sais pas pourquoi tu me fais autant confiance, Okiri, commença-t-elle, ni ce que tu peux voir en moi. Mais, merci. Tu es une véritable source de distraction, et cela m'est précieux par les temps qui courent.

— Kea cœur pur. Unique, dit-il de façon énigmatique.

— T'es pas mal non plus dans ton genre, mon gros loulou, lui répondit-elle tendrement. Même si tu es particulièrement indiscret quand tu t'y mets.

Okiri était en train de tripoter les orteils de Kea, les écartant et les rapprochant les uns des autres, en poussant des petits cris d'émerveillement à chaque fois qu'elle les repliait sur eux mêmes.

L'Akkouq était en admiration devant un rien. Yuan avait raison, c'était la créature la plus innocente qu'elle n'ait jamais rencontrée. Il était certes très étrange, mais qui était-elle pour le juger ?

Le Seigneur démon finit par sortir de la douche et Kea prit sa suite, inévitablement accompagnée d'Okiri.

Tout comme son lit, la salle de bain de Yuan était démesurée, même pour quelqu'un de son gabarit. Quoi que... une fois ses ailes dépliées, il devait bien remplir toute la largeur de la pièce.

Elle était composée d'une baignoire géante de forme arrondie, enfoncée dans le sol. Sur le mur, une cavité toute en longueur, à environ cinquante centimètres du bac, permettait de faire couler de l'eau à la manière d'une cascade. Un autre petit bouton poussoir enclenchait le mécanisme qui permettait de faire fonctionner la douche. Douche qui s'étendait sur toute la largeur de la baignoire et pleuvait telle une averse tropicale. 

La température de l'eau n'était pas réglable sur Aderoth. Elle sortait toujours à une température de 30°C, ce qui n'était pas dérangeant puisqu'il faisait toujours bon dans ce monde. La température extérieure n'excédait pas plus de 35°C et ne descendait jamais en dessous de 25°C.

L'enfer n'était pas si infernal après tout.

Kea se doucha, savourant le contact de l'eau sur sa peau tant qu'elle le pouvait, car celui-ci était souvent interrompu par les éclaboussements d'Okiri qui s'amusait sous le jet.

Une fois que la salle de bain fût complètement inondée, elle décida qu'il était temps d'aller prendre son petit déjeuner.

Elle se rendit donc dans la salle à manger, où elle retrouva Sytry, qui, comme la veille, était en pleine orgie culinaire.

— Courbette, face de pet, le salua affectueusement la jeune femme.

— Brindille ! Sainte mère des tiges, s'exclama Sytry. Tu m'as manqué !

— N'en fais pas trop, le modéra Kea.

— Je t'assure, je ne suis pas habitué à la vie tout seul, je me retrouve dans ce grand appartement sans aucun repère, se plaignit son ami. Je suis aux bords du soufre. Et toi ? Tu as finalement réussi à mettre notre Seigneurie dans ton lit ?

— Sytry ! s'indigna Kea.

— Oh arrête, avoue qu'il te plait.

— Tu es une vraie commère ma parole.

Kea, s'assura que personne ne se trouvait derrière elle cette fois-ci.

— C'est vrai qu'il n'est pas déplaisant à regarder. Et... plutôt bien constitué...

Son ami recracha tout ce qu'il venait d'avaler.

— Attends, tu l'as vu nu ? Je n'y crois pas. J'ai mis cinq ans avant de réussir à déshabiller Zaebos et toi en deux minutes tonneaux tu vois le Seigneur en tenue d'Adam. Il va vraiment falloir que tu me donnes ta formule, Brindille. De nous deux, qui est le démon doté de magie, ici ?

Les Démons d'Aderoth (Edité : Valala Drakht)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant