Partie 38

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Yuan n'avait pas chômé depuis l'aube, il avait réuni l'ensemble des seigneurs des royaumes alentours, tous impatients de se débarrasser de Manakel au plus tôt. 

Le Seigneur Noir s'était réveillé et tous craignaient le désastre qui s'ensuivrait inévitablement. S'ils ne le stoppaient pas maintenant, Manakel sèmerait le chaos sur son passage, bouleversant le monde définitivement. 

Alors, lorsque Yuan leur avait révélé avoir peut-être trouvé un moyen de le vaincre, ils avaient tous accepté de prendre les armes sans hésitation. Il était temps de mettre fin à l'aberration qu'il représentait.

Kea n'avait plus d'autre choix que d'y croire. Il ne lui restait que cet espoir, il était essentiel qu'ils réussissent. Le plan devait fonctionner, c'était leur seule alternative, sans cela c'était la fin.

Yuan avait également ramené Amiziras au palais, ayant pu remettre la main sur elle assez vite. Il avait en réalité retrouvé sa trace des décennies auparavant, il était tombé sur le repère de la vieille démone par hasard alors qu'il cherchait des herbes pour réapprovisionner l'infirmerie. 

Mais Kea ignorait toujours pourquoi il avait besoin de l'enchanteresse et par quel moyen exactement il comptait venir à bout de Manakel.

Le démon argent avait réuni Kea et le reste du groupe dans l'une des imposantes bibliothèques que comptait le palais. A croire que toutes les pièces qui se trouvaient en ce lieu étaient monumentales.

Yuan n'avait pas menti, Amiziras paraissait réellement vieille et folle. 

Elle était ridée de la tête aux pieds, les cheveux blancs, le corps voûté, et sa peau de couleur verte foncée lui donnait l'allure d'une sorcière. Il ne manquait plus que les furoncles et le balai et Kea n'aurait plus eu aucun doute quant aux origines du mythe. 

Son menton remontait sur sa bouche et elle avait des yeux exorbités qu'elle ne parvenait à fixer nulle part, se retournant sans cesse dans des mouvements incontrôlés. Elle s'adressait parfois à des êtres imaginaires qui semblaient graviter tout autour de sa personne, et elle ne les portait visiblement pas dans son cœur. La voir agir était pour le moins déconcertant.

Elle montrait également une attention toute particulière à Okiri depuis qu'il avait passé le pas de la porte.

— Tricouillard ! Ne t'avise pas de me toucher encore une fois ou je te découpe, je t'embroche et je te finis en saucisse grillée ! explosa-t-elle tout à coup en fusillant Sytry du regard.

— Diable, cette vieille folle m'a donné faim, déclara celui-ci le plus sérieusement du monde.

Elle le regarda comme s'il n'était pas très net dans sa tête et reporta son attention sur Yuan.

— Bon, tu fais quoi, tu me la montres ? s'impatienta-t-elle.

Yuan extirpa alors un paquet de la sacoche qu'il portait en bandoulière. 

Il posa le petit amas de tissu délicatement devant Amiziras. Cette dernière déballa l'objet qu'il renfermait et tapota dans ses mains, sautillant sur place dans le même temps. Elle était apparemment très excitée à l'idée de pouvoir enfin manipuler la petite dague aux couleurs de minuit qui reposait à présent sous son nez. 

Kea se pencha pour observer l'objet de plus près et se rendit compte que la lame affûtée était faite dans un matériau qu'elle ne reconnaissait pas.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle, curieuse.

— Ceci, mon petit, commença Amiziras de sa voix rauque, est le plus précieux des joyaux que ce monde ait jamais porté. Cette dague est aussi vieille qu'Aderoth elle-même et sa lame a été taillée au cœur du plus pur de tous les diamants Nebula. Elle est aussi puissante que dix mille Azurs réunis et peut renfermer à elle-seule la plus destructrice de toutes les magies.

Les Démons d'Aderoth (Edité : Valala Drakht)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant