Les Démons d'Aderoth (Edité : Valala Drakht)

Partie 10

(2ème et dernière partie de la journée)

Quelque temps plus tard, une démone du nom d'Elwenn, qui était visiblement une haut-gradée des hommes de Yuan, entra pour se faire une idée de la situation.

Cette dernière avait la peau d'un rouge pâle presque translucide. Elle était très élancée mais paraissait suffisamment forte pour porter deux menhirs dans chacun de ses bras. 

De minuscules petites cornes dépassaient du haut de son crâne et descendaient en ligne droite jusqu'à la courbure de ses fesses. Bien qu'elle ait une apparence diabolique, elle n'en était pas moins élégante et ses yeux, d'un vert émeraude, étaient captivants.

— Misère... lâcha-t-elle en découvrant la pièce.

Ses yeux se portèrent à son tour sur le petit objet en miettes devant l'entrée.

— Par la barbe de Merlin frit ! s'exclama-t-elle. Voilà qui explique tout, tu as brisé son baalzephon.

Elwenn releva les yeux vers Kea, l'air horrifié.

— Son quoi ? s'étonna la jeune femme, confuse devant le regard que lui jetait la démone.

— Son baalzephon, c'est un talisman de protection. C'est tout ce qui lui restait de sa mère.

A ces mots, le sang de Kea ne fit qu'un tour et elle manqua de s'évanouir.

Elle repensa à sa propre famille et se rappela à quel point elle aurait aimé garder elle-même un souvenir de ses proches. Et voilà qu'elle venait d'ôter cette même chance à Yuan. Pourtant, elle n'aurait pas souhaité cela à son pire ennemi, elle savait combien la mémoire qui entourait certains objets pouvait se révéler précieuse.

Elle étouffa un sanglot et se laissa tomber sur le lit, abattue. Elle se sentait tout à coup très lourde, comme si le poids du monde venait soudain de s'abattre sur elle.

Elwenn vint s'installer à ses côtés et posa une main de réconfort sur son épaule.

— Et bien on peut dire que tu n'y es pas allée de main morte, tenta de la réconforter la démone. Tu aurais pu incendier son palais et ses sujets avec que cela n'en aurait probablement pas été plus atroce àses yeux.

Les démons et leur manque de tact...

— Je... je ne voulais pas... bafouilla Kea. Je ne pensais pas que... J'ai juste...

Elle ne parvenait plus à finir aucune phrase, ne trouvant plus ses mots sous le déluge de ses pensées accablantes.

— Là, là... du calme, ça va aller, chuchota Elwenn. On va réparer ça, il se trouve que j'ai justement un petit reste de colle que j'ai ramené de mon dernier voyage sur Terre. Je me suis toujours dit qu'il finirait bien par servir. Je vais aller le chercher et on va recoller les morceaux. Le baalzephon sera entier en un rien de temps. Bon, par contre, le Seigneur va certainement vouloir t'écarteler pour te faire payer ton offense, mais cela se défend.

Kea regarda Elwenn, choquée, se demandant si la démone était sérieuse ou pas. Cette dernière, quant à elle, l'observait calmement et de façon bienveillante. Ce qui n'aidait pas vraiment la jeune femme à se faire une idée réaliste de la situation.

Puis la démone quitta la chambre... et Kea pleura toutes les larmes de son corps.

La situation commençait vraiment à devenir pesante et Sytry lui manquait atrocement. Elle n'avait jamais voulu en arriver là. Elle se sentait horrible pour ce qu'elle avait fait. Elle ne s'était même pas demandé une seule seconde si les objets qu'elle cassait pouvaient avoir une quelconque valeur sentimentale aux yeux de Yuan.