Règle numéro dix-huit : les gens changent.

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« If this is love, then why does it hurt so bad ? If this is over, then why do I want you back ? So tell me that it's worth it, cause I'm going crazy here. » Hurts.

Je me réveillai doucement en entendant la chanson Why, du groupe Hurts, raisonner depuis le salon.
Comme d'habitude, William s'était levé avant moi et avait pris soin de ne pas me réveiller avant d'aller mettre de la musique, comme il le faisait presque chaque matin. C'était très agréable d'être réveillée de la sorte, sur une mélodie entrainante plutôt que sur les bips stridents et froids d'un réveil à piles, mais j'aurais bien aimé que Will reste au lit avec moi, histoire de faire un câlin. Je m'étirai en chantant deux trois paroles et en dansant légèrement, puis baillai et m'extirpai enfin du lit. Je passai ensuite à la salle de bain pour me rafraîchir et arranger mes cheveux, et je rejoignis William dans le salon. Il portait seulement son vieux pantalon gris et ses cheveux étaient ébouriffés. Cette vision m'arracha un sourire et mon cœur se mit à accélérer de bonheur et d'amour : j'adorais le voir comme ça, au naturel, je le trouvais tellement beau et adorable. J'avais envie de passer ma main dans ses cheveux pour les ébouriffer encore plus, et de couvrir son visage et son corps de baisers.
Il était en train de dresser la table du petit-déjeuner sur la terrasse : deux bols, deux verres, du jus d'orange, du lait et des céréales. Je le regardai faire sans rien dire, et quand il se retourna, il eut l'air surpris de me voir.
- T'es déjà debout !, fit-il, étonné.
- J'ai entendu la musique. T'es levé depuis longtemps ?
- Environ cinq minutes.
Il s'avança vers moi, me prit dans ses bras et m'embrassa sur le front.
- J'avais la flemme de faire cuire des œufs ce matin. Des céréales, ça t'ira ?
J'approuvai. Ça me changera, et je n'avais pas spécialement faim de toute façon. Je suivis William jusque sur la terrasse et m'installai à table. La chaise, déjà très chaude à cause du soleil, me brûla les cuisses et je dus m'asseoir tout au bord de celle-ci afin de ne pas finir avec de disgracieuses marques rouges sur la peau.
Je me servis un verre de jus d'orange pendant que Will commençait à manger ses céréales.
- Dis, tu voudras venir avec moi faire des courses aujourd'hui ?, lui demandai-je après avoir bu une première gorgée de ma boisson.
- Pour quoi faire ? On a encore à manger...
- C'est pour ce soir, chez Léa., précisai-je.
Il eut un mouvement de recul, surpris, et écarquilla légèrement les yeux.
- Qu'est-ce que tu veux acheter pour aller chez Léa ? Il n'y a rien à manger chez elle ?
- Si, mais rien de chimique. Je pensais prendre des popcorns, des marshmallows, de la glace... Des trucs de soirée de filles quoi.
Léa était une fervente adepte du tout fait maison et de tout ce qui était bio et naturel. Chez elle, on trouvait principalement des fruits, des légumes, et des préparations étranges à base de soja censées remplacer la viande... Ce n'est pas que je n'étais pas amatrice de fruits ou de légumes, loin de là, mais je n'envisageais pas une soirée à regarder des films et à discuter avec ma meilleure amie sans popcorns à grignoter en même temps. Je savais que Léa ferait sûrement la cuisine avant que je vienne, d'ailleurs je ne savais même pas où elle trouvait le temps de cuisiner, entre ses études et son travail, mais comme elle était d'un naturel très organisé - contrairement à moi - ça ne lui posait jamais de problèmes. J'avais toujours admiré ce trait de caractère chez elle.
William hocha la tête en disant :
- D'accord. Tu veux la contaminer en fait.
- Mais n'importe quoi !, répondis-je en rigolant et lui balançant une pépite de céréales à la figure qu'il évita de justesse.
Pour toute réponse, il me tira la langue et se remit à manger ses céréales. J'entamai les miennes quand William reprit :
- Au fait, pendant que j'y pense...
- Oui ?
- J'ai des potes qui veulent aller au cinéma, demain soir, voir le dernier film qui vient de sortir... Tu voudras nous accompagner ?
Mon cœur se remplit de surprise et de joie, et je faillis sautiller sur place en lâchant un grand « oui ».
En quatre ans de relation, je n'avais pu que très rarement côtoyer les amis de William. En fait, c'était un peu comme si j'avais les miens et qu'il avait les siens, et que tout ce petit monde ne se mélangeait pas, surtout depuis la soirée d'anniversaire de Léa et le différend qui en avait résulté. Will avait d'ailleurs été très réticent à me présenter à ses amis au début, et je n'avais jamais vraiment compris pourquoi, mais toujours est-il que je les aimais bien et que, je pense, ils m'appréciaient aussi ; alors savoir que William voulait de nouveau m'intégrer à sa vie sociale et amicale me faisait énormément plaisir. D'une certaine manière, cela voulait sûrement dire que j'étais importante à ses yeux, du moins autant que j'avais pu l'être par le passé, si ce n'est plus.
- Il y aura qui ?, demandai-je de manière innocente, en essayant de cacher mon excitation grandissante.
Il sembla réfléchir avant de répondre :
- Freddie, forcément. James... Et un autre mec je crois, mais je ne le connais pas. C'est un pote de James, apparemment.
Je fronçai les sourcils en même temps que j'essayai de faire des connexions dans mon cerveau. James, c'était la vieille connaissance qu'il avait croisée au restaurant deux ou trois jours plus tôt, non ?
Je connaissais très bien Freddie, étant donné que c'était le meilleur ami de William et qu'ils se fréquentaient depuis près de sept ans, mais James, c'était seulement la deuxième fois que j'en entendais parler.
L'idée me réjouit encore plus : non seulement, j'étais très heureuse de revoir Freddie, car lui et moi nous étions toujours très bien entendu, et j'étais également ravie de rencontrer deux nouveaux amis de William, du moins, deux de ses amis que je ne connaissais pas encore.
- OK, je suis d'accord., fis-je toujours d'un ton neutre. On va voir quoi ?
- Je ne sais pas trop, un film d'horreur, je crois... C'est James qui a choisi.
Je hochai la tête et pris une bouchée de céréales. En vérité, je me fichais pas mal du film qui nous allions voir, tout ce je constatais, c'était que William et moi allions faire autre chose que de rester tous les deux dans notre petit monde parfait, et ça me plaisait énormément d'ouvrir nos horizons de la sorte.
L'intégralité de mon plan de départ avait fonctionné comme sur des roulettes, et tout ceci n'en était que le résultat. Au final, c'est moi qui ai gagné. Pas Daisy, ni Mathilde, ni même Aurélie, mais moi.

Dommages collatéraux {réécriture à venir}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant