Après avoir garé ma voiture devant chez William, je consultai l'heure du tableau de bord de ma voiture avant de couper le contact : elle affichait minuit trente.
J'étais fatiguée. J'étais mal.
Cette soirée aurait dû être merveilleuse, revoir Freddie m'avait fait tellement plaisir, mais James et Daryl étaient venus tout gâcher. Et le pire, c'est que ce n'était même pas volontaire.
William sortit de la voiture, je l'imitai, verrouillai les portes et le suivis jusque chez nous.
Il ne m'avait pas adressé un mot depuis que nous étions partis du complexe cinématographique, pas même un « alors, tu as passé une bonne soirée ? », rien.
Une fois dans l'entrée de l'appartement, je fermai la porte à clef derrière moi et ôtai directement mes escarpins qui me faisaient si mal aux pieds. Quelle idée de porter des chaussures pareilles pour jouer au billard, aussi. Je posai ensuite ma pochette sur la console, et rejoignis William qui était parti dans le salon.
Je le regardai ranger les couverts et les bouteilles vides que nous avions laissé sur la table basse sans rien oser dire. Il avait l'air triste, voire un peu énervé et agacé, et j'étais prête à parier que c'était à cause du refus de James à l'invitation qu'il avait proposée, ou même à cause du fait qu'elle soit amoureuse de Daryl, tout simplement.
Je m'approchai doucement de quelques pas et fini par lui demander, d'un ton très incertain :
- Ça va ?
- Et toi ?, répondit-il sur un ton que je perçus presque agressif, tout en se redressant et en levant la tête vers moi.
- Oui..., fis-je, hésitante.
Il croisa alors les bras contre sa poitrine, et vint se placer en face de moi, à environ un mètre de distance.
- Arrête Cassidy, t'as fait la gueule toute la soirée., accusa-t-il. Je t'emmène à une soirée avec des potes à moi, et toi tu fais la gueule...
Mon cœur avait commencé à battre de plus en plus vite, sans même que je m'en rende compte, mais je sentais qu'il avait mal. Quelque chose n'allait pas, et les choses n'étaient pas prêtes de s'arranger.
- Ce ne sont pas tes potes, c'est ton ex., protestai-je.
- Et alors ? Qu'est-ce que ça peut faire ?
J'avais du mal à respirer, j'aurais voulu m'asseoir et discuter de ça calmement, ou même oublier toute cette soirée et ne pas en parler du tout, mais au lieu de ça, je demandai malgré moi :
- Tu es encore amoureux d'elle ?
Ma voix s'était brisée. J'avais peur de la réponse que pourrait me donner William, et mon inconscient n'arrêtait pas de me dire que ce n'était pas une question que j'avais posée, mais une affirmation.
- Quoi ?, fit Will en écarquillant les yeux. Elle a un mec, je te signale !
- Ce n'est pas ce que je te demande..., répondis-je d'une voix faible en baissant les yeux vers le sol.
- Je ne suis pas amoureux d'elle !, affirma William d'un ton froid et dur.
- Arrête., lui dis-je en relevant la tête vers lui. J'ai bien vu la façon dont tu la regardes.
Il inspira une grande bouffée d'air, comme pour essayer de se calmer, et se pinça les lèvres en me regardant d'un air noir. De mon côté, j'essayai de ne pas paraître affectée, mais mon cœur se faisait de plus en plus douloureux dans ma poitrine. Je le sentais battre tellement fort que je crus même qu'il allait transpercer ma cage thoracique pour venir s'échouer sur le sol, juste aux pieds de William.
- C'est bon j'en ai marre de tes accusations à la con, là., annonça-t-il alors d'un ton formel. Ça me fait chier tes crises de jalousie, Cassidy. Tu veux que je te dise ? C'est à cause de ça qu'on a rompu. Parce que t'étais constamment jalouse et qu'on était jamais d'accord sur rien !
- Non, si on a rompu, c'est parce que tu m'as trompée., répondis-je du tac au tac.
- Je connais mes raisons.
- Et moi je connais les miennes.
Un silence s'installa alors, pendant lequel aucun de nous deux n'osa dire quoi que ce soit.
Est-ce que la soirée allait se terminer ainsi ? Et que se passerait-il ensuite, le lendemain matin ? Toute cette scène serait-elle oubliée, ou bien est-ce que nous venions juste de briser quelque chose dans notre couple ? Depuis qu'on s'était réconciliés, c'était la première fois que William et moi avions une altercation aussi violente. Tout ça à cause d'une foutue ex qui était revenue tout chambouler dans nos vies respectives. Si seulement elle était restée dans sa capitale anglaise, à boire des litres de thé dégueulasse, avec son homme si parfait qui avait l'air de la considérer comme la huitième merveille du monde !
Je voulus ajouter quelque chose, dire à William que j'étais désolée, que je l'aimais, qu'on devrait oublier toute cette histoire et aller nous coucher, mais il me devança en ajoutant d'un air colérique :
- Tu te souviens d'Ophélie ?
Et voilà, on y retourne, encore une de ses exs...
Mon visage se crispa et je hochai la tête sans mot dire.
- Elle me faisait tout le temps des crises de possession et de jalousie, comme ça., poursuivit William. Et ça s'en rapproche, ce que tu me fais, et si tu continues à agir de la sorte, je ne vais pas pouvoir le supporter plus longtemps.
Ne pas le supporter plus longtemps ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Que tu vas me quitter encore et que je vais à nouveau souffrir comme jamais ?
Non William, ne me quitte pas, je t'en prie. Tu ne comprends donc pas à quel point j'ai besoin de toi, à quel point je t'aime ? Personne d'autre que moi ne pourra t'aimer autant que je le fais, je pourrais donner ma vie pour toi... Cela n'est-il pas suffisant ?
Je sentis les larmes me monter aux yeux et je les réfrénai, je ne voulais pas aggraver les choses. Qu'est-ce que j'allais devenir si William me quittait encore ? Je n'aurais sûrement pas le droit à une deuxième chance. Alors, je répondis simplement en me frottant les yeux pour m'empêcher de pleurer :
- Je suis fatiguée...
- Je vais dormir sur le canapé., annonça Will froidement.
Mon cœur se brisa en mille, mais mieux valait ne pas insister. Je répondis donc un « comme tu voudras » d'une voix douce avant d'aller dans la salle de bain.
J'ouvris le robinet et aspergeai mon visage d'eau glacée avant de le savonner avec un gel spécial pour enlever tout mon maquillage. Quand je relevai la tête face au miroir, l'image qu'il me renvoya de moi-même me désola : j'avais l'air triste et fatiguée, et mon mascara qui avait coulé en dessous de mes yeux et le long de mes joues n'arrangeait pas les choses. Je l'ôtai avec un coton afin de retrouver un air à peu près normal, mais mes cernes et mon air abattu étaient toujours là. Je coiffai mes cheveux à la va-vite et entrai dans la chambre. Je retirai ma robe, la laissai choir sur le sol, ne pris même pas la peine de mettre un pyjama, et me glissai directement sous les draps, dans ce grand lit vide. C'était la première fois en quatre ans que je me retrouvais à dormir seule dans le lit de William, et c'était très étrange. C'était même pire que ça.
Je me tournai sur le côté, attrapai l'oreiller de Will, le serrai fort contre moi, et laissai mes larmes couler le long de mes joues avant de tomber de fatigue.
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Dommages collatéraux {réécriture à venir}
Misterio / SuspensoCassidy allait se marier, elle vivait un bonheur que rien au monde n'aurait pu venir entacher. Du moins, c'est ce qu'elle croyait. « Peut-on sombrer dans la folie simplement par amour ? » [Le système des "règles" à chaque chapitre est ins...