Règle numéro sept : profite des petits moments.

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Je me levai et enfilai ma veste. Il commençait à faire un peu froid, je frissonnai. Immédiatement, William s'approcha de moi et entreprit de passer un bras autour de mes épaules pour me réchauffer. Je m'en dégageai et m'éloignai de quelques pas.
- Je te rends service, c'est tout., annonçai-je.
Et encore, j'étais bien gentille...
Au fond de moi, une toute petite voix m'ordonnait de résister, de ne pas me laisser tenter par le charme de Will, d'attendre encore quelques jours, mais je choisis de la faire taire et montai dans ma voiture. William prit place sur le siège passager et alluma instantanément la radio. Le CD de Bring me the Horizon était toujours dans le lecteur et jouait la chanson Follow You.
- Ah non !, s'indigna Will tout en éjectant le CD et en fouillant dans la boîte à gants pour en trouver un nouveau.
- Fais comme chez toi, je t'en prie..., ironisai-je en démarrant.
William habitait à environ un quart d'heure du centre-ville, dans un petit quartier assez tranquille. L'immeuble qu'il occupait était très récent, il avait été construit environ cinq ans auparavant, et Will avait été l'un des premiers locataires à l'habiter. Après, nous nous étions rencontrés, je m'étais plus ou moins installée chez lui et nous réfléchissions à emménager dans un appartement plus grand quand la mort de mes parents, et l'héritage de leur maison qui s'en était suivi, étaient venus tout chambouler.
Ensuite, il y avait eu la rupture, et tout s'était écroulé.
- Tu as choisi ?, demandai-je pour me sortir de mes pensées et pour tenter de faire la conversation.
Pour toute réponse, il inséra un nouveau CD dans le lecteur : Escape the Fate, l'album Hate me.
- Excellent choix., fis-je en souriant légèrement.
- On va dire que c'est le moins pire que j'ai trouvé...
- Toujours en train de critiquer mes goûts musicaux, à ce que je vois.
Je fus surprise qu'il ne choisisse pas l'album de Def Leppard sur lequel se trouvait notre chanson. Peut-être parce qu'il ne s'en souvenait pas, tout simplement... Après tout, cela remontait à déjà quatre ans, et peut-être que cette chanson et le moment qui lui était associé étaient moins importants pour lui que pour moi.
J'aurais voulu lui demander, mais je m'abstins.
Nous arrivâmes devant l'immeuble où vivait Will. Je me garai dans la rue juste à côté, là où les places étaient toujours libres, et coupai le contact.
- Voilà., annonçai-je à William.
- Tu ne montes pas ?
Devant mon silence, il ajouta :
- J'ai encore tellement de choses à te dire...
Bon, très bien. Je cédai :
- OK, mais seulement cinq minutes alors.
Tu parles, s'esclaffa la petite voix en moi.
Nous sortîmes de la voiture, je verrouillai les portes à l'aide du bip de ma clef et attendis que Will sorte les siennes pour ouvrir la grille qui sécurisait son immeuble. Je levai les yeux vers lui et le vis tâter ses poches d'un air désemparé.
- Merde... Je n'ai pas mon badge..., annonça-t-il.
- Quoi ?
- Il va falloir qu'on escalade !
Et pour accompagner ses propos, il prit appui sur le muret, se hissa dessus avec la force de ses bras et s'assit.
Évidemment, William était grand, c'était facile pour lui. Mais pour moi...
- Tu te fous de moi ? Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je porte des talons !
- Alors enlève tes chaussures, viens, je t'aide à monter.
Il me tendit la main, j'enlevai mes escarpins et les balançai de l'autre côté du muret tout en maugréant un « crétin » qui le fit sourire, puis je lui passai ma pochette et attrapai sa main.
Au bout d'un effort ridicule, je parvins à me hisser sur le mur et bifurquai de l'autre côté. Je sautai prudemment sur le sol, récupérai mes chaussures, les enfilai et époussetai ma jupe. Heureusement que le mur n'était pas non plus très haut...
Will sauta à son tour et me rendit ma pochette. Puis il s'éloigna de moi de quelques pas, et, avec un grand sourire, sortit son trousseau clefs de sa poche, auquel je vis accroché le badge qu'il n'était pas censé avoir.
- Abruti !
Je courrai vers lui et tentai de le frapper avec ma pochette, mais il s'était déjà éloigné en rigolant. Courir avec des talons n'était pas une mince affaire, aussi, je décidai de ralentir le rythme et me remis à marcher normalement.
N'empêche, dans le fond, c'était drôle. Will m'avait toujours fait rire, c'était un point que je ne pouvais pas lui enlever. Je le suivis dans le hall de l'immeuble et, après avoir monté les escaliers, nous arrivâmes devant la porte de son appartement qui était situé au dernier étage.
- Et maintenant tu vas me faire croire que tu n'as pas tes clefs ?, ironisai-je.
Pour toute réponse, il ouvrit la porte et m'invita à entrer.
Aussitôt l'odeur de son parfum m'envahit les narines. À croire qu'il en mettait des tonnes ou qu'il en vaporisait dans tout l'habitat. Mais ce n'était pas pour me déplaire, après tout.
J'ôtai mes talons, perdant ainsi dix bons centimètres de hauteur et retrouvant mon mètre soixante, et enlevai ma veste que j'accrochai sur le porte-manteau. J'étais un peu comme chez moi, ici.
William se dirigea dans le salon. Je le suivis en posant au passage ce qui me faisait office de sac sur le buffet de l'entrée, ne prenant que mon téléphone avec moi. J'envoyai un bref SMS à Léa, juste danq le but de la tenir au courant :
« Je suis chez William. Tout va bien. On se capte dans la semaine si tu veux. »
Puis je rejoignis Will dans notre salon.
Dans son salon.
Il avait allumé la petite lampe se trouvant sur le meuble derrière le canapé, celle qui créait une douce lumière orangée très agréable.
- Je te sers quoi ? Je sais que tu es accro à la caféine, mais je n'ai que du thé... À moins que tu ne préfères une bière ?
- Va pour la bière., dis-je en m'asseyant sur le canapé et en posant mon téléphone sur la table basse.
Il vibra aussitôt. La réponse de Léa ne s'était pas fait attendre :
« Comment ça t'es chez William ? Tu te fous de moi ou quoi ?! On en reparle dans la semaine, je te préviens quand j'ai un jour de libre. En attendant, surtout, essaye de ne rien faire de grave... »
Par « ne rien faire de grave », j'imagine qu'elle voulait dire commettre un nouveau meurtre, à moins qu'elle ne fasse référence au fait de coucher avec lui... À choisir, je préférais la deuxième option.
William revint dans le salon avec deux bières à la main : des Delirium Tremens. Une bière très bonne, assez amère et un peu forte, qu'il m'avait fait découvrir au début de notre relation. Je savais qu'il buvait uniquement cette marque de bière, à part les pressions, alors cela ne me surprit pas. Il les déposa sur la table basse et s'éloigna de nouveau pour chercher un vinyle dans son disquaire.
En déviant le regard vers lui, je remarquai qu'il avait modifié la décoration du mur se trouvant derrière celui-ci. Je me demandais bien pourquoi, étant donné qu'il ne l'avait pas changée en quatre ans...
Il alluma sa platine et déposa son disque dessus. Je reconnus immédiatement la musique dès les premières notes.
- Flume ?, m'exclamai-je.
Il hocha lentement la tête.
- T'as trouvé Flume en vinyle ? Je ne le crois pas...
- Tout se trouve en vinyle, ma belle.
Devant mon mouvement de recul et mon visage qui avait dû se fermer, il se ravisa :
- Désolé... L'habitude.
- Ce n'est rien., fis-je en attrapant ma bouteille de bière.
Il vint s'asseoir à côté de moi, à quelques centimètres d'écart, et saisit la sienne.
- À quoi on trinque ?, demandai-je sans laisser paraître la moindre émotion.
- À notre réconciliation ?, tenta-t-il.
- On va dire, oui..., soupirai-je en cognant ma bouteille contre la sienne.
Je portai immédiatement le goulot à ma bouche. J'avais oublié à quel point cette bière était délicieuse. Pourtant, à une époque, nous en buvions très régulièrement. Mais après notre rupture, c'était comme si j'avais fait un rejet de toutes les choses qu'il aimait ou que nous avions aimé ensemble : la musique, la nourriture, la boisson, les films, les lieux, et même certains livres... Leurs souvenirs étaient liés à William, alors ça me faisait trop mal de devoir les affronter.
- Qu'est-ce que tu voulais me dire ?, demandai-je au bout de quelques minutes, ou seule la chanson You & Me meublait le silence qui s'était instauré entre nous.
- En fait... Rien de particulier. J'avais juste envie de passer encore un peu de temps avec toi.
Très ironique comme situation. Nous avions passé quatre années ensemble, dont trois à nous voir quasiment tous les jours, et aujourd'hui, après être allé dans les bras d'une autre, il voulait passer encore un peu de temps avec moi...
- Je t'ai manqué ?, demanda-t-il alors.
Qu'est-ce que tu croyais ? Bien sûr que tu m'avais manqué. Tu me manquais toujours d'ailleurs... J'aurais voulu répondre « énormément », mais au lieu de ça, je cherchai une réponse qui ne trahisse pas mes sentiments.
- J'étais en colère., finis-je par répondre.
- Je m'en doute... Mais je suis tellement désolé, si tu savais !
- C'est ce que j'avais cru comprendre., dis-je, méfiante.
Je levai mon regard vers lui et le fixai dans les yeux. Il avait l'air tellement sincère... Alors, je me radoucis un peu.
Nous déviâmes ensuite totalement de sujet de conversation : il me demanda comment j'allais de manière générale, comment c'était au boulot, si j'étais toujours styliste à mes heures perdues... Au final, nous parlâmes comme deux vieux amis et la conversation était tellement fluide que j'avais l'impression que nous ne nous étions jamais séparés, ou qu'il s'agissait de notre première rencontre ; bien qu'elle ne se soit pas déroulée de la sorte.
Je ne remarquai même pas que j'avais fini ma bière. Ce n'est que lorsque je soulevai la bouteille pour boire à nouveau du succulent breuvage que je constatai qu'elle était vide. Devant ma grimace de déception, William demanda :
- Je t'en sers une autre ?
J'hésitai un instant pour finalement écouter ma raison :
- Non, il commence à se faire tard, je vais rentrer...
- OK..., fit-il en se pinçant les lèvres d'un air déçu.
- Peut-être une prochaine fois..., dis-je plus pour me rassurer moi-même que lui sur le fait que nous allions nous revoir.
Je récupérai mon téléphone et me levai du canapé. Il fit de même et me raccompagna dans l'entrée. J'enfilai mes chaussures, puis attrapai ma pochette et ma veste que je posai sur mon épaule. Je m'apprêtai à lui dire au revoir et à ouvrir la porte quand il me prit dans ses bras.
Je fus complètement déstabilisée, incapable de bouger, mes bras pendaient le long de mon corps et ma veste et ma pochette s'étaient, à l'instar du peu de contrôle que j'avais sur mes sentiments, échouées au sol.
- Qu'est-ce que tu fais..., demandai-je dans un souffle.
- Je te fais un câlin, c'est tout., répondit-il sans desserrer son étreinte.
C'est tout ? C'est tout ? Mais est-ce que tu imagines l'impact que cela peut avoir sur moi ?
Il s'éloigna alors, me maintenant par les épaules à bout de bras, et, avec un regard qui donnait l'impression qu'il portait en lui toute la misère et la tristesse du monde, il me demanda, comme s'il avait lu dans mes pensées :
- Dis-moi ce que tu ressens, j'ai besoin de savoir...
Mais qu'est-ce que tu crois que je ressens ? Je me sens brisée. Actuellement, j'avais l'impression d'avoir quarante-cinq émotions qui venaient frapper à la porte de mon cœur en même temps, dont la colère, la tristesse, la peur, l'angoisse, la résignation, mais aussi la joie. Un flot de sentiments tout aussi contradictoires les uns que les autres s'étaient emmêlés dans mon corps, et, à l'intérieur de moi, il y avait cette petite voix qui me disait :
Tu le sens ? L'Amour. Il se répand dans chaque parcelle de ton corps, il envahit ton sang, ton âme, il se diffuse jusqu'au plus profond de ton être ; et il te ronge. Il te détruit, il te consume, et tu ne peux rien faire contre ça, Cassidy. Plus tu essayes de lutter, et plus la situation empire. L'Amour se transforme en souffrance, laisse-là t'envahir toute entière. Laisse-là te donner l'impression de vouloir mourir et de te sentir si vivante à la fois. Tellement vivante. Rien ne sert de lutter, elle est plus forte que tu ne l'as jamais été et que tu ne le seras jamais. Mais cette souffrance est tellement délicieuse, alors accepte-là.
Je cherchai une réponse, un moyen de dire à William ce que j'avais sur le cœur sans pour autant en faire trop. Mes yeux déviaient dans tous les sens pour ne pas se poser dans les siens. J'avais l'impression qu'avec son regard, il pouvait transpercer mon âme et lire en moi comme dans un livre ouvert.
- Je... Je..., commençai-je sans trouver le moyen de terminer ma phrase.
Je t'aime.
Je ne pouvais pas lui dire cela. Pourtant, je le pensais tellement. Mais j'avais si peur...
Devant mon absence de réponse, ou plutôt mon incapacité à en donner une, il m'avait de nouveau enlacée et, à présent, il m'embrassait dans le cou. Je frissonnai.
- Arrête..., dis-je d'une voix faible, sans pour autant le repousser.
Au lieu d'obéir, il continua de plus belle, déposant un baiser dans le creux de ma clavicule gauche et faisant glisser doucement la bretelle de mon débardeur. Avec sa main droite, qu'il avait passée derrière mon dos, il m'attrapa la taille et vint caresser un point très sensible se situant juste au niveau de mes côtes. Je sursautai et frissonnai de plus belle. Je pouvais presque l'entendre sourire. Il colla son corps contre le mien encore plus fort, me maintenant plaquée contre le mur qui se trouvait derrière moi. Je fermai les yeux et allais passer mes bras autour de sa taille quand une image fugace me traversa l'esprit :
Daisy. Et lui, en train de l'embrasser, de la toucher, de la caresser... Mon corps se raidit instantanément et je repoussai William violemment, l'écartant à bout de bras comme pour maintenir une distance entre nous.
- Je... Je ne peux pas., réussis-je à articuler.
- Qu'est-ce qu'il y a ?, demanda-t-il d'une voix douce, et néanmoins surprise.
- Il y a l'autre fille, voilà ce qu'il y a...
- Mais on s'en fiche d'elle !, protesta-t-il.
- Toi peut-être, mais moi ça me bloque.
- Mais je n'ai même pas couché avec elle, c'était juste une relation de couple comme ça, sans intérêt...
- N'empêche que tu en as aimé une autre..., marmonnai-je en croisant les bras contre ma poitrine et en essayant de retenir le trop-plein d'émotions qui se manifestait à nouveau en moi.
- Bien sûr que non, je ne l'aime pas ! Je ne l'ai jamais aimée, c'est toi que j'aime ! Et tu veux que je te dise ? J'étais tellement... Je suis tellement amoureux de toi que ça m'a fait peur, j'étais terrifié. Tu peux savoir ce que ça fait d'aimer quelqu'un au point ou ça en devient une obsession ? Ça m'empêchait presque de vivre...
Je pouvais l'imaginer, oui.
Je réajustai ma bretelle et ramassai ma veste et ma pochette qui se trouvaient par terre, puis j'annonçai d'une voix calme :
- Je ferais mieux d'y aller. J'ai besoin d'un peu de temps, je crois...
Il posa sa main sur la poignée de la porte avant que je n'aie pu la saisir, et dit :
- Non, s'il-te-plaît. Tu as bu de l'alcool, je n'ai vraiment pas envie de te laisser prendre la route...
- J'ai bu une bière, c'est tout.
- Mais il est tard, tu sais que je n'aime pas que tu conduises de nuit... Et puis, tu dois être fatiguée...
Pour sûr, je l'étais, mais prendre ma voiture pour vingt minutes à une demi-heure de route n'était pas grand-chose comparé à tous les kilomètres que j'avais pu faire plus tôt dans la journée.
Je pris une profonde inspiration et pinçai mes lèvres tout en fixant le sol des yeux.
- Je dormirai sur le canapé si c'est ça qui t'inquiète..., annonça William.
- Mais je n'ai même pas d'affaires pour me changer..., protestai-je comme dernière excuse.
Les seules choses que pouvait contenir mon sac se résumaient à mon portefeuille, mes clefs, mon téléphone portable, un rouge à lèvres et des lingettes démaquillantes. Je n'avais pas prévu quoique ce soit au cas où j'aurais dû dormir chez lui, et pourtant, au fond de moi, c'était ce que j'espérais.
- Je te prêterai des vêtements. Il y a tout ce qu'il faut ici., argumenta William.
Je me résignai :
- C'est d'accord...
- Super, je vais te chercher des fringues propres !, dit-il en souriant.
Il se dirigea vers sa chambre. J'ôtai à nouveau mes escarpins et le suivi. Il y faisait bien plus froid que dans le reste de l'appartement, c'était la seule pièce que William ne chauffait jamais, bien qu'en cette saison, mettre le chauffage eût été inutile.
Il alluma le plafonnier et contourna son lit pour aller jusqu'au placard. Je restai sur le seuil de la porte, loin de lui, et l'observai attraper un vieux t-shirt gris qu'il me tendit en disant :
- Je vais aller prendre ma douche, tu pourras en prendre une aussi si tu veux.
Je m'approchai de lui, saisis le t-shirt et déclinai son invitation :
- J'en prendrai une demain matin.
- Bien. Alors... Bonne nuit.
- Bonne nuit.
Au bout de quelques secondes assez gênantes, je m'écartai pour le laisser passer. Il se dirigea dans la salle de bain, qui se trouvait juste en face de la chambre, et j'attendis qu'il eût fermé la porte à clef pour aller aux toilettes.
C'est là que je fis le point sur mon état.
Je ne me pensais vraiment pas aussi faible que ça. Enfin, nous allions seulement dormir, rien d'autre. J'étais restée parce que j'étais fatiguée. Et puis, aussi, parce que j'avais très envie de rester. Après tout, il n'y avait rien de mal là-dedans. On m'avait toujours dit qu'il fallait profiter de l'instant présent et de chaque moment comme s'il pouvait être le dernier, alors c'est ce que je faisais, voilà tout.
Je sortis des toilettes et allai jusque dans la cuisine pour me laver les mains, puis revint dans la chambre pour me changer. Je laissai la porte ouverte, éteignis le plafonnier et allumai la lampe de chevet, puis ôtai tous mes vêtements, à l'exception de ma petite culotte en dentelle, et enfilai le t-shirt de William. Il était assez ample et m'arrivait juste en dessous des fesses.
J'attrapai ensuite une des lingettes démaquillantes qui se trouvait dans mon sac et me frottai vulgairement le visage avec pour enlever toute trace de maquillage et de saleté de la journée. Je détestai dormir sans m'être démaquillée.
Après ça, je pliai ma jupe et mon débardeur et les déposai sur le rebord du lit, puis j'attrapai mon téléphone portable et envoyai un autre SMS à Léa :
« Je dors chez lui. Ne t'inquiète pas, tout va bien. »
Je me glissai ensuite sous les draps, m'assis en tailleur, et attendis la réponse de ma meilleure amie. Elle se manifesta en moins d'une minute :
« Comment ça tu dors chez lui ? Ne me dis pas que tu vas te remettre avec cet abruti ! »
Je n'en savais trop rien, à vrai dire.
Je répondis à Léa qu'on en parlerait cette semaine, et qu'elle ne devait pas s'énerver. Dès qu'il s'agissait de William, elle avait tendance à prendre un peu facilement la mouche, surtout depuis que je l'avais appelée en pleurs le fameux soir où il m'avait dit qu'il devait - soi-disant - réfléchir.
De l'autre côté de la porte de la salle de bain, j'entendis l'eau qui s'était coupée.
Will avait certainement fini de prendre sa douche. J'attendis quelques instants, mon cœur et ma respiration avaient accéléré leurs rythmes sans que je ne puisse les contrôler.
Enfin, il sortit.
Il portait pour seul vêtement un vieux pantalon de pyjama. Ses cheveux mouillés étaient décoiffés et ébouriffés, et sa mèche lui tombait sur les yeux. Je l'aimais autant avec ce naturel et cette simplicité que quand il était bien coiffé et bien habillé.
Je l'aimais tout court en fait.
Il éteignit la lumière, et ferma la porte sans me voir.
- Will ?, risquai-je.
Il s'avança jusque dans l'encadrement de la porte et appuya une main dessus.
- Oui ?, fit-il en me regardant.
- Le canapé ne doit pas être très confortable... Tu peux venir dormir ici si tu veux...
- Tu es sûre ?, demanda-t-il en s'avançant d'un pas.
Oui, j'étais sûre.
- C'est juste pour dormir...
Il hocha la tête, ferma la porte et vint se coucher à côté de moi.
Immédiatement je m'allongeai sur le côté dans la direction opposée, dos à lui, et me penchai pour éteindre la lampe de chevet. Nous étions maintenant plongés dans le noir complet.
- Bonne nuit., chuchotai-je à nouveau.
Je sentis alors son corps se coller contre le mien. La chaleur de son buste me brûla presque le dos. J'inspirai profondément.
- J'ai dit « juste dormir ».
- Je sais. J'aime bien dormir comme ça moi., plaisanta-t-il.
- Tu me donnes chaud..., protestai-je en essayant de me dégager.
Mais avant que je n'aie pu faire quoi que ce soit, il glissa un bras autour de ma taille et posa sa main sur mon ventre.
- Ah oui ?, dit-il d'un ton rempli de sous-entendus.
Il fit glisser sa main au niveau de ma poitrine. Je la saisis tout de suite et vint la replacer sur mon ventre tout en essayant de réfréner l'envie intense que j'avais de me jeter sur lui et de lui arracher son pantalon.
Sa respiration était presque aussi forte que la mienne, et je pouvais sentir son cœur qui battait contre mon dos. À moins que ce ne soient mes propres battements de cœur que je percevais ? Je ne savais plus très bien...
Il m'embrassa dans le cou et me mordit l'oreille, ne facilitant pas la lutte intérieure qui s'était installée entre mon désir et ma raison.
Je finis enfin par me calmer quelque peu.
- Je suis très fatiguée..., dis-je d'une voix endormie.
- D'accord.
Il m'embrassa sur la joue et plaça sa tête au creux de ma nuque, tout en laissant sa main posée sur mon ventre. Je me rendis alors compte que j'avais enlacé ses doigts avec les miens inconsciemment.
Je décidai de rester comme ça, fermai les yeux, et m'endormis non sans une légère frustration.

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