- Vous êtes en état d'arrestation, vous êtes suspectée d'être impliquée dans la disparition de Mademoiselle Daisy Pouget, vous serez donc placée en garde à vue jusqu'à onze heures du matin. Vous avez le droit de consulter votre avocat, si vous n'en avez pas, il pourra vous en être commis un d'office. Si vous souhaitez prévenir votre employeur ou un membre de votre entourage, vous pourrez le faire une fois au poste...
J'écoutai à peine l'agent de sécurité déblatérer son discours comme il avait déjà dû le faire des centaines de fois auparavant, si bien qu'au bout d'un moment, je n'entendis même plus ce qu'il était en train de me dire. Je crois qu'il parlait de consultation médicale, ou de je ne sais trop quoi, je n'y faisais pas attention tellement j'étais abasourdie. Tout se bousculait dans ma tête, et la panique s'infiltrait en moi de plus en plus au fur et à mesure que ma respiration et mon rythme cardiaque se mettaient à accélérer.
Que faire ? Me mettre à courir et tenter de fuir le plus loin possible ? Je ne ferais sans doute pas long feu, l'un des deux flics au moins devait sans doute être armé, il m'aurait tiré dessus avant que je ne fasse cent mètres. Et si je fuyais, cela ne ferait-il pas de moi quelqu'un d'encore plus suspect ? On ne fuit que si l'on a quelque chose à se reprocher, et je n'avais rien à me reprocher.
Je n'ai rien à me reprocher.
- Mademoiselle ? Est-ce que vous avez bien compris vos droits ?
Le policier me tira de ma grande réflexion, et, sans même que je ne m'en rende compte, son collègue m'avait déjà menotté les poignets et confisqué mon sac à main.
Des menottes ?, me dis-je. Ça veut dire que c'est grave ?
Non, c'est sans doute la procédure...
Clame-toi, calme-toi, essaye de ne pas paniquer...
Je hochai la tête pour signifier que j'avais compris mes droits alors que je les avais à peine entendus, et ils m'embarquèrent dans leur voiture de patrouille.Il fallait environ quatorze minutes pour relier le quartier de Léa au poste de police, et ce furent les quatorze minutes les plus longues de mon existence. Je n'avais pas prononcé un seul mot, et je n'avais pas cessé de me torturer l'esprit en me demandant comment diable ils avaient bien pu remonter jusqu'à moi et faire un lien avec la disparition de cette conne.
Est-ce qu'ils savaient pour elle et William ? Est-ce qu'ils savaient pour moi et William ?
Intérieurement, j'avais déjà fait trois malaises cardiaques, mais extérieurement, je ne devais surtout, surtout pas avoir l'air paniquée.
Alors, j'essayai d'afficher un air calme et détendu, mais pas trop quand même. Je semblai soucieuse, l'air de dire « quoi ? mais je n'ai rien fait.. » et je réfléchis à ce que j'allais bien pouvoir dire pour ma défense.
Léa et moi avions récité notre alibi ensemble, je priai de toutes mes forces pour qu'elle s'en souvienne au cas où elle serait elle aussi interrogée, ce que je ne souhaitais pas, bien entendu.
Mais si ça se trouve, à l'heure actuelle, ils avaient peut-être déjà débarqué chez elle et retourné tout son appartement dans le but de trouver un semblant de preuve, peut-être même qu'ils avaient fouillé chez moi ou chez William... L'idée fit violemment bondir mon cœur dans ma poitrine, et il accéléra de manière fort désagréable.
La voiture s'arrêta. De ma fenêtre, je pus observer le bâtiment dans lequel j'allais subir, d'une minute à l'autre, un interrogatoire. Il était haut de deux ou trois étages, carré, avec des murs d'une couleur blanc délavé. L'enseigne « POLICE MUNICIPALE », en lettres bleues sur un fond blanc, surplombait la grande porte grise qui menait à l'entrée principale.
Ma portière s'ouvrit et l'un des deux policiers m'ordonna, sans animosité, de bien vouloir descendre du véhicule. Je m'exécutai, et aussitôt lui et son collègue m'attrapèrent chacun un bras, doucement mais fermement, sans doute afin que je ne m'enfuie pas ou que j'avance plus vite, peu importe... Je me laissai faire sans opposer la moindre résistance, après tout, je ne pouvais rien faire à part espérer que tout ça ne soit qu'un malheureux cauchemar dont j'allais me réveiller bientôt.
Nous entrâmes et traversâmes un petit couloir sombre, aux murs couverts d'une peinture verte défraichie. À l'exception de quelques policiers et d'un trentenaire qui avait visiblement trop bu, le bâtiment semblait vide, mais je n'eus pas le temps d'observer vraiment les lieux. En à peine quelques secondes, une fois ce grand couloir traversé, nous nous retrouvâmes dans un autre couloir dont le mur gauche était recouvert de la même peinture horrible, ainsi que d'une multitude de portes peintes dans un vert légèrement plus foncé. Elles étaient espacées de quelques centimètres et avaient l'air d'être blindées, j'en déduisis donc que ce devait être les cellules de garde à vue. Au moins, cela semblait individuel...
Nous marchâmes jusqu'à la quatrième porte, celle qui se trouvait environ au milieu du mur, et l'un des deux policiers me lâcha pour ouvrir la porte à l'aide d'un trousseau de clefs qui était maintenu à son uniforme par une chainette.
La porte s'ouvrit dans un grincement sourd et douloureux pour nos oreilles, dévoilant une pièce froide et sans lumière : sa seule source provenait d'une petite ouverture se trouvant juste en dessous du plafond, et recouverte par des barreaux épais.
J'entrai, légèrement poussée par l'un des deux policiers.
La pièce était étroite, aussi froide qu'accueillante, et seul un meuble qui ressemblait vaguement à un lit venait l'égayer un peu.
J'entendis la porte grincer derrière moi et je fis volte-face immédiatement.
Le premier flic était en train de m'enfermer, et son collègue était déjà parti.
- On viendra vous chercher dans quelques minutes pour vous interroger., m'annonça-t-il sans m'adresser un regard.
- Attendez !, fis-je d'une voix apeurée avant qu'il ne referme la porte complètement. Et mon coup de fil ? Vous aviez que je pourrais prévenir quelqu'un...
Il fallait absolument que Léa soit prévenue.
- Tout à l'heure, quand mon collègue viendra vous chercher.
Je hochai la tête en avalant ma salive, avec l'air de celle qui est perdue et qui ne comprend vraiment pas ce qu'elle a bien pu faire de mal.
La porte se ferma complètement, j'entendis les clefs s'actionner dans la serrure et cette dernière se verrouiller, et je me retrouvai alors plongée dans l'obscurité. Aucun rayon de soleil ne venait s'infiltrer par l'espèce de petite fenêtre pour apporter un peu de chaleur ou de lumière. Un frisson parcourut mon corps, plus à cause de l'hostilité de la cellule que du froid, et je m'assis sur le lit inconfortable en attendant que quelqu'un daigne venir me chercher.
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Dommages collatéraux {réécriture à venir}
Misterio / SuspensoCassidy allait se marier, elle vivait un bonheur que rien au monde n'aurait pu venir entacher. Du moins, c'est ce qu'elle croyait. « Peut-on sombrer dans la folie simplement par amour ? » [Le système des "règles" à chaque chapitre est ins...