Chapitre 13 Partie 1

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2 Juin. Le soleil est revenu... comme si rien ne s'était passé. Comme si tout allait bien.

  Je suis assise au bord de mon lit. Je fixe le sol, sans vraiment le voir. Des images occupent mes pensées. Je revis sans cesse ce moment...

  J'entends des voix au rez-de-chaussée, les policiers et leurs questions... je ne veux pas leur répondre, je ne veux pas les aider.

  Je pourrais leur décrire mille fois la scène que j'ai vécue la veille, ça ne leur apporterait que des ennuis supplémentaires.

  Il recherche un meurtrier... pff... je ne daigne même pas leur souhaiter bonne chance.


  Des pas mal assurés s'approchent, puis finissent par s'arrêter au seuil de ma porte.

  - Ma chérie ? demande timidement ma mère d'une voix emplie de douceur.

  La pauvre, elle n'y est pour rien. Elle ne mérite pas ce qui lui arrive. Je n'ai pas à lui faire la gueule à elle. Je n'ai pas à m'enfermer dans ma chambre. Elle ne demande qu'à m'aider... mais c'est perdu d'avance. A cause de moi elle est triste, comme si elle avait besoin de ça. J'ai l'impression d'avoir tout perdu...

  Pourtant, la seule chose que je n'ai plus c'est une connaissance qui ne m'aimait pas... et... aussi... je crois que j'ai semé des morceaux de moi un peu de partout ces derniers temps.

  Mais tant qu'il y aura des gens pour me soutenir, tant qu'il y aura des gens qui tiennent à moi, alors je n'abandonnerai pas. Je n'ai pas le droit.

  - Entre.

  Le premier mot que je prononce depuis.                    

  Ma mère est tendue et a très mauvaise mine. Elle s'avance tout doucement, sans paraitre sûre d'elle. Dans ses yeux se lisent de la tristesse, de l'inquiétude, de l'impuissance et, peut-être même un peu de désespoir.

  - Viens manger... je t'ai fait des frites.

  Elle essaye en vain de paraitre détendue... j'aimerais lui sourire... mais c'est trop dur.

  - J'n'ai pas faim. Peut-être plus tard ?

  - Les policiers viennent tout juste de partir, tu ne voudrais pas descendre, non ?

  - Je suis bien, là.

  Nous savons toutes les deux que ma chambre ne fait qu'amplifier mon chagrin. Loana était déjà venue ici, je me rappelle du rire un peu bizarre qu'elle avait...

  Et puis, la solitude n'est pas le meilleur moyen de remonter la pente après un tel choc.

  Je repense à toutes ces années, et en même temps je sens les larmes couler et troubler ma vue déjà floue.

  - Je vais venir, dis-je précipitamment. Mais pas tout de suite.

  - D'accord... et, ce serait bien qu'on sorte un peu. Je pensais à un ciné... ou, je ne sais pas...

  - Non. Le ciné il est à la ville d'à côté. Tous les trucs bien à faire sont en ville, d'ailleurs.

  - Oui, et ?

  - Et je n'veux pas y aller. Je veux rester ici, réponds-je avec un goût de métal dans la gorge.

  - Tu sais il vaudrait mieux qu'on s'éloigne un peu...

  - Non !

  J'ai crié. Ma mère a reculé d'un pas. Lui ai-je fait peur ?

  - Désolé, m'excusé-je en ravalant un sanglot.

Ombre & Lumière Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant