La porte d'entrée s'ouvre. Je n'ai pas le temps de m'inquiéter que ma mère s'écrit : « Am, papa est là ! ».Je descends les escaliers, encore un peu sonnée par ce qui vient de se passer. Mon père est en forme, je suis heureuse pour lui. J'essaie du mieux que je peux de cacher les pensées qui m'assaillent et une fois le repas terminé je remonte en vitesse dans ma chambre. Mon angoisse s'était un peu dissipée lorsque j'étais avec ma famille mais maintenant que je suis seule tout me revient en tête.
J'étais devant la mai... le manoir de Lahela. Et... tout était comme le soir de l'accident, mais en pire. Je me revois, par terre, attendant la fin... sans espoir, prête à tout abandonner... c'est horrible. J'ai lâché prise, les gens que j'aime n'ont plus eu aucune importance pour moi... j'étais seule face à la mort.
Je me rappelle de l'ombre... elle était étrange, sombre et n'avait pas une forme humaine. C'est bien pour ça que je l'ai prise pour la mort... mais ce n'était pas la mort. Je suis en vie. Je suis bien là.
Je me pince tout de même l'histoire de vérifier.
C'est bon, je ne rêve pas... mais... et si j'avais rêvé ? Et si je n'étais jamais allée chez Lahela ? Et si elle n'était jamais venue chez moi ? Non... serait-ce seulement possible ?
Et si mon père avait eu un simple malaise comme l'ont dit les médecins ? Et si le froid, les bruits, l'ombre, n'étaient que le fruit de mon imagination ? Ou du moins ce qu'elle faisait à partir d'un simple grincement dû au vent, par exemple ?
Non... c'est impossible. Des rêves comme ça, à ce point vivant... c'est de la folie...
Et si... et si je devenais folle ?
Je prépare mon sac. Je fais comme si rien de tout ça n'était arrivé. Je vais davantage me concentrer sur mes cours au lycée, il ne faut pas que je me laisse aller.
Je ne regarde plus la télé, j'ai peur... d'avoir peur. Je me couche de bonne heure, et même si je n'arrive pas à dormir je reste sous ma couette, sans broncher, bien au chaud. Ainsi, pendant plusieurs jours, plus rien d'anormal ne se produit et j'en viens à croire que j'ai bien rêvé.
Mon réveil sonne.
C'est sans doute la première fois que j'éprouve du plaisir à l'entendre me réveiller.
Dans le car je me sens en sécurité. Je suis bien entourée, par des gens que je connais. Le brouhaha me réconforte. En fait, tout est différent pour moi. Ces derniers temps je suis presque contente d'aller au lycée. Je serais loin de chez moi, loin de l'isolation... je sais que tant que je ne suis pas seule rien ne peut m'arriver.
Loana ne m'adresse pas la parole et ne me lance pas un regard. Comme si rien ne s'était passé... elle n'est pourtant pas du genre à oublier de faire ses mauvaises intentions quotidiennes...
Le chauffeur trace devant l'arrêt de Lahela. Elle n'est pas là... peut-être ne l'a-t-elle jamais été ?
Ma journée se passe comme je la souhaitais, je ne pense plus à mes peurs et je me tape un bon fou-rire grâce à Greg et ses acolytes. A croire que je suis devenue comme tout le monde grâce à une amie imaginaire... Tout va pour le mieux jusqu'à ce que je me retrouve, nul ne sait comment, seule dans le long couloir presque toujours vide menant à une sortie condamné du lycée. J'entends une mouche voler... ce qui n'est pas du tout rassurant. J'accélère le pas.
Un gros « Boum » retentit derrière moi. Je me retourne, rien en vue. Je ne réfléchis plus, je cours. J'atterris essoufflée dans la cour. Je me rends compte qu'il me manque un livre... j'ai dû le faire tomber... bah tant pis !
Mon cœur bat à cent à l'heure. Toutes mes angoisses reviennent. Si cette chose qui me hante parvient à m'isoler des autres alors je suis fichue...
Lorsque la dernière sonnerie retentit je me mets à trembler. Bientôt je serai seule chez moi... J'aimerais bien inviter quelqu'un... mais qui ? Pourquoi n'ai-je jamais vu l'utilité d'avoir de vrais amis, bon sang !? Si je n'avais pas joué à la fille solitaire dans le passé peut-être que je ne vivrais pas un cauchemar aujourd'hui. De toute façon ça ne sert à rien de se lamenter. Une fois dans le car je décide d'appeler ma mère, sa voix me rassurera.
- Allo ?
- Ouais c'est moi, tu rentres à quelle heure ?
- Euh... comme d'hab...
- C'est-à-dire ?
- Vers huit heures, je pense.
- Mais maman pourquoi tu fais des heures supplémentaires alors que tu n'es pas payée davantage !
- Je t'ai déjà expliqué que mon travail est une passion et que j'aime être là-bas.
- Tu préfères répertorier des fleurs plutôt qu'être avec moi ?!
- Mais arrête ! Ça n'a rien à voir. Tu le sais.
Ça part en vrille, il faut que je me rattrape !
- Maman, pardon. Je voulais juste faire une soirée pizza avec toi...
- Oui ma chérie... mais c'est pas jeudi les soirées pizzas ?
- Bah... j'en reveux.
- Oh ! Je vais faire mon possible pour rentrer tôt, mais je ne te promets rien.
- Maman ! implore-je.
- Demande à ton père, je suis sûre que lui il pourra ! Il est en ville pour acheter des meubles, dis-lui de se dépêcher, ok ?
- Pff... Ciao.
Je raccroche au moment où les enfants de l'école primaire montent bruyamment dans le car.
Soudain l'un d'eux s'écrit : « Il y a quelqu'un dans la forêt ! Là ! Derrière cet arbre au fond ! Il est tout en noir ! ».
Tous ses amis se précipitent vers les vitres et cherchent des yeux la mystérieuse personne. Leurs regards luisent d'imagination, c'est la jeunesse à l'état pur.
« Tu dis n'importe quoi ! J'vois rien ! », « Ouais y'a rien, et en plus dans cette forêt-là c'est impossible qu'il y ait quelqu'un ! », « Ouais c'est vrai, c'est la forêt hantée ici ».
J'observe comme eux l'endroit que le petit enfant montrait du doigt. De toute ma vie je n'ai jamais vu personne dans cette forêt, tout le monde dit d'elle qu'elle est maudite. Ou du moins les gosses... Je me rappelle quand j'étais petite, on se racontait toutes sortes d'histoires sur la forêt en face de notre école. Les enfants en ont si peur qu'ils ne marchent même pas en sa bordure, c'est comme ça depuis toujours, je crois.
Je fixe un long moment les arbres sombres... C'est comme une confirmation de mes peurs. Je ne suis pas la seule à avoir vu cette chose... ce qui veut dire qu'elle est bien réelle... je n'ai pas eu d'hallucinations... le danger est là...
« La vérité sort de la bouche des enfants », glisse une petite voix dans ma tête.
Les jours sont d'une lenteur outrancière. J'appréhende à longueur de journée. J'envisage tous les extrêmes. Je crois sans cesse voir des ombres. J'ai toujours l'impression d'être suivie. Plus une miette de positif à me mettre sous la dent...
Tout me paraît bien fade, le soleil m'aveugle mais je ne vois en lui aucun éclat, il ne parvient même plus à me réchauffer. C'est comme si j'étais malade... sauf que rien ne peut me guérir. « Un corps peut-il guérir, dont le cœur est malade ? », se demandait Corneille. J'en doute.
Merci énormément de lire mon histoire et de me permette de la partager avec vous, n'hésitez pas à me donner votre ressenti en commentaire, je réponds toujours ;)
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Ombre & Lumière Tome 1
ParanormalneAm donnerait tout pour redevenir une fille normale, que les ombres cessent de la suivre et que la lumière revienne. Entre amour et dilemmes, ses sentiments se déchirent. Sera-t-elle à la hauteur des attentes que des peuples qui lui étaient jusqu'alo...