Chapitre 38

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J'ai la chair de poule et pourtant je bouillonne comme si j'étais fiévreuse. Je suppose que je vais attraper froid, être malade au Paradis, en voilà un malheur auquel je n'avais pas encore eu droit !

  - C'est dommage que ça soit si compliqué entre nous.

  - Le courant ne passe pas, c'est ça ?

  Non. Lui et moi savons parfaitement qu'il n'est aucunement question d'électricité dans notre histoire. C'est autre chose, de plus complexe, impossible à analyser à moins d'en faire une grande réflexion philosophique comme je les aime – et à vrai dire, même si ça me fait mal au cœur de l'admettre, ces genres de raisonnements sont inutiles.

  - Et si on faisait mine d'oublier nos petits différents au fur et à mesure ?

  - Où veux-tu en venir ? demandé-je, intriguée par cette question venant de Théo qui a l'air sincèrement intéressé par une éventuelle réponse de ma part.

  - Je dis juste que, étant donné que malgré tout on s'aime bien et qu'il vaut mieux pour nous que nous soyons en de bons termes, nous pourrions faire abstraction de ce genre de moments dans lesquels, visiblement, il y a un truc qui bloque quelque part.

  - Un truc qui bloque ? C'est ta façon à toi de définir nos embrouilles ? Qui n'en sont pas vraiment, d'ailleurs...

  - Ma façon à moi que tu n'aimes pas et que tu as du mal à saisir. Oui.

  - Et puis, d'où tu prétends que « on s'aime bien malgré tout » ?

  - Tu veux savoir ce que j'entends derrière ce « malgré tout » ?

  - Non ! Je veux savoir comment tu peux parler en mon nom !

  - Envisagerais-tu de remettre en cause les évènements récemment passés ?

  - Quels évènements ?! Et puis je ne veux rien remettre en cause du tout ! Je n'ai jamais dit que je t'aimais bien et je souhaite juste que les choses soient claires entre nous !

  - Tu ne l'as pas dit avec ta bouche mais tu l'as fait avec tes yeux.

  - Tu joues les poètes là ?

  - Y vois-tu un inconvénient ?

  - Absolument pas si ce n'est que tu frôles le ridicule à force d'essayer de rattraper tes conneries.

  - Tu t'énerves ?

  - Pourquoi ?

  - Parce que tu emploies des mots inappropriés de la part d'une fille comme toi.

  - La fille que je suis, tu ne la connais pas.

  - Mais je connais sa couverture, son apparence, son physique et son comportement.

  Il a déclaré ça comme s'il tient à ce que je sache qu'il fait attention à moi, que ce qu'il m'arrive lui importe et le concerne également.

  - Tu insinues quoi ?

  - Que tu portes une magnifique robe et que tu dois en être digne.

  - Parce que je ne le suis pas ? demandé-je, outrée.

  - En ce moment-même ? Non, mais j'aime bien quand tu t'énerves. Ça contraste avec ton calme habituel.

  - Ne joue pas les princes charmants ou les bad-boys, tu n'es ni l'un ni l'autre.

  - Et si je t'invitais à venir contempler les étoiles avec moi, est-ce que le crapaud que je suis ferait un pas de plus vers la beauté du Prince ? m'interroge-t-il, de toute évidence il préfère jouer le rôle du prince que du méchant.

Ombre & Lumière Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant