Chapitre 31

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Tout est blanc. D'un blanc éblouissant, trop blanc.

  Il n'y a rien d'autre. Simplement cette couleur qui n'a plus rien d'une couleur. Elle est juste un passage, une porte, quelque chose pour nous faire patienter avant la suite. Comme une salle d'attente.

  A première écoute c'est le silence total. Mais petit-à-petit, un faible bourdonnement se fait une place dans cette immensité de vide. Et il augmente en intensité. Lentement mais sûrement, puis de plus en plus vite. Aussi proche que des mouches qui nous tournent autour sans qu'on puisse les attraper. Et peu à peu comme un nid de guêpes, que l'on cherche, mais qu'on ne voit pas. Pourtant il est tout proche et s'apprête à se dévider sur vous.

  L'atmosphère ? Tendue, l'air est en panique. Il réfléchit, il cherche une solution au(x) problème(s). Comme un anti-virus. Mais si le virus est déjà là alors celui-ci sera bien trop puissant pour être arrêté. S'il n'a pas encore pénétré le système alors il y a de quoi s'inquiéter. En l'occurrence il s'est déclenché pour rien.

  Il n'y a pas de problème. L'air peut se reposer. Vaguer en paix...

  Je suis... Je suis ?

  Un murmure. Doux et rassurant. Qui vient apaiser les tensions. Une voix différentes des autres. Une voix qui dégage quelque chose. Mais juste pour moi. Moi et moi seule.

  Pourquoi « Je suis » ? Parce que c'est ce à quoi me font penser ses mots. Non. Son mot. Il n'en a dit qu'un. C'est mon précieux. Mon bel ami. Mon amour. Juste de l'amour. Et la tendresse dont j'ai besoin.

  « Etre ou avoir, telle est la question. » Moi je suis. Je ne l'ai pas choisi. Je le suis, c'est tout.

  Je suis.

  - Am ?

  Encore cette voix. Ai-je souri ? Oui, j'ai souri. On ne peut contenir notre malheur éternellement, mais on peut le garder en nous jusqu'à la mort. En revanche on ne peut cacher notre joie, notre bonheur. Car la plus belle chose qui soit mérite d'être vue.

Je devine son sourire à lui aussi. Je l'ai senti comme on sent un parfum dont on a oublié le nom mais qu'on se rappelle avoir jadis respiré.

  La poésie sur son visage je la lirais les yeux fermés. Parce que même si je ne l'avais jamais vu je le connaitrais par cœur. Parce que je l'aime.

  J'ignore juste pourquoi.

  J'ai ouvert les yeux. Mais j'étais troublée. Et bien que la pâleur du plafond me fasse perdre le nord j'y voyais très clair. Mon esprit n'était simplement plus tourné vers l'extérieur mais vers l'intérieur. Après qu'il ait lutté pour vivre, je contraignais à présent mon corps à se refermer sur lui-même. Pour savoir, comprendre.

  Que s'est-il passé ? Je n'en ai aucune idée, je n'en ai aucune idée tout comme je ne sais pas pourquoi j'aime cet ange qui me scrute comme s'il avait peur que je m'en aille à nouveau.

  Ne t'inquiète pas, ai-je envi de lui chuchoter à l'oreille. Tu es comme l'anti-virus. Tu es comme l'air. Tu respires la peur. Tu respires mon odeur, ce que je suis. Tu reflètes ce que je n'aime pas.

  - Am ? Tu m'entends ?

  Bien sûr que j't'entends !

  A nouveau j'ai souri. Mais cette fois-ci ça ressemblait plus à un rire, léger et presque imperceptible tant j'étais incapable de bouger. Je suis complétement paralysée. Je suppose que ça ira mieux plus tard. En attendant je crois que je vais dormir. Même si j'ai des tas de questions à poser et même si je ne suis pas sûre de me réveiller de nouveau. Je suis trop fatiguée et il faut que je me repose, non, il ne faut pas, je dois, je n'ai pas le choix. C'est plus fort que moi. C'est...

Ombre & Lumière Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant