Chapitre 11

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Mes cheveux, imbibés de la douce odeur de mon shampoing à la camomille, embaument mes rêves. Je suis bien. Ma tête, aussi légère qu'une plume, se fond parfaitement dans mon oreiller.

  Je ne dors pas. Pourtant je devrais. Mais je n'y parviens pas. Je serais encore fatiguée demain, tant pis. Ça devient une habitude...

  Les clapotis rassurant de la pluie me bercent.

  Mes yeux clos attendent le levé du jour, mon esprit, lui, est partagé entre deux envies aussi envoutantes l'une que l'autre.

  La première est de m'endormir profondément.

  La seconde est de faire durer ce moment.

  Je réfléchis paisiblement au choix que je vais faire, mais un bruit venant de dehors me tire de mes réflexions. On aurait dit un craquement. Le même que l'on entend quand une branche se casse. Assez classique comme situation pour un film d'horreur ! Je rie de ma pensée jusqu'à ce que je la prenne plus au sérieux. Un film d'horreur ?

  Bien sûr mon esprit ne m'épargne pas ! Il me remet en mémoire toutes les scènes les plus terrifiantes que j'ai vues depuis ma plus tendre enfance.

  Je ne regarderai plus jamais de films qui font peur, me dis-je tout en essayant de chasser les flots d'images qui défilent dans ma tête.

  J'en oublie le craquement, ferme les yeux, m'enveloppe de mon mieux dans ma couverture puis choisis de m'endormir. Ce n'est pas si simple malheureusement. Je suis fatiguée mais en même temps je déborde d'énergie. Assez pour bondir de mon lit si un méchant venait à s'introduire dans ma chambre.

  Cette fois je ne ris même pas. Le côté sérieux vient direct.

  Je me redresse tout doucement. J'ai tellement peur que je n'ose même pas tendre le bras pour allumer ma lampe de chevet.

  Tous mes sens sont en éveils. Je suis attentive au moindre bruit. J'entends le vent qui souffle. Il a l'air violent. Bien plus qu'il y a quelques minutes. Je perçois un faible sifflement. D'où vient-il ? Ce doit-être le vent...

  Il s'intensifie. Je reste immobile.

  Il est très fort à présent.

  C'est LE VENT.

  Je retourne mon oreiller sur la partie la plus fraiche. Il est temps de faire dodo...

  Au beau milieu de la nuit, durant mon sommeil, mon ouïe se réveille le temps d'un instant, assez pour entendre très distinctement trois coups, comme ceux que l'on frappe à une porte, provenant de l'extérieur... juste derrière mes volets.

  Trois coups. Qui résonnent. Longtemps.

  Trois coups qui proviennent de nulle part. Qui ne sont frappés contre rien, et avec rien.

  Trois coups que j'ai entendus sans m'en rendre compte. Trois coups que, demain, je prendrai pour un rêve et non pour une réalité.

  Trois coups qui seront vite oubliés.

  Trois coups qui seront vite répétés.


  1er Juin,

  Il fait beau !

  Alléluia

  Je monte dans le car, joyeuse. Est-ce le soleil qui me donne un tel sourire ? Peut-être... Je rie aux éclats et m'aperçois que je ne suis pas la seule, Loana et sa bande sont pliées en deux.

  - Et tu te rappelles de l'année dernière comme c'était trop bien ?! lance Sophie à ses amies.

  - Ouiiiii ! s'exclame Loana.

  Elle tient contre elle un sac Louis Vuitton, ses doigts ont même l'air de le caresser, discrètement. Ça m'arrache un p'tit sourire.

  Oh, c'est vrai qu'aujourd'hui c'est son anniversaire...

  Je me retourne et le lui fête, ça ne me coûte rien après tout ! Et puis j'ai tellement envie de faire part de ma bonne humeur alors...

  La plupart de sa bande ne me prête pas grande attention, ceux qui m'ont entendu ont l'air surpris de mon intervention. Loana, elle, me lance un regard noir.

  « De quoi tu t'mêles toi ? » lis-je dans ses yeux.

  Puis elle tourne fièrement la tête pour mieux se concentrer sur ses amis.

  Sa réaction m'affecte.

  Je me renferme sur moi-même.

  Soudain je me sens seule.

  Tout autour de moi les gens parlent, ries, sont heureux, mais moi non.

  Pourquoi ?

  Je connais la réponse, mais parfois j'ai besoin de me poser cette question. Encore et toujours il y aura des moments comme ça. Où je douterai. Où je regretterai. Où je me perdrai...

  Mais bon, c'est comme ça, c'est la vie, pas vrai ?

  Durant le reste du trajet je surprends quelques bribes de conversations. Les gens se parlent, les gens ont des amis, les gens s'amusent, les gens sont heureux, les gens sont aimés, les gens font quelque chose de leur vie. Pendant ce temps j'observe, j'écoute... mais je ne fais pas partie de la civilisation. En fait je suis extérieure à tout ça.

  Loana rie, et malgré moi je suis heureuse pour elle. Avant nous étions les meilleures amies du monde, maintenant nous sommes deux étrangères... en grandissant nos personnalités s'affirment, on change, et on emprunte chacun un chemin différent. Le mien ne mène à rien, et il s'éloigne de tous les autres. Mais tant pis. Tant pis pour moi... Et tant mieux pour elle si elle a trouvé le bonheur. Je lui souhaite tout le meilleur du monde. Puisse-t-elle vivre à ma place.

Dans le prochain chapitre, un drame sans précédent va avoir lieu au lycée, j'espère que vous serez au rendez-vous ;)

Ombre & Lumière Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant