Ombre & Lumière Tome 1

Chapitre 44

- Oh ! C'est trop beau ! T'as vu ?

  - Oui, oui...

  - Ah mais c'est qu'il commence à regretter le petit Yanis ! je m'exclame, moqueuse.

  - Non, ce n'est pas vrai. J'assume totalement mes choix.

  - Dans ce cas tant mieux. Parce qu'on n'a pas fini.

  Je rentre dans un énième magasin, Yanis sur mes talons, encombré d'une dizaine de sacs.

  - Mais tu sais, s'écrie-t-il, t'es pas obligé de les essayer tous, s'il y en a un qui te va alors les autres aussi ! Et ne dévalise pas le magasin s'il te plait ! rajoute-t-il.

  - Quoi ? le taquiné-je en me tournant vers lui, c'est trop lourd pour toi ?

  Il me regarde. Je le regarde. Bref, nous nous regardons.

  - Prends tout, lâche-t-il dans une grimace vite remplacée par un sourire affreusement ravageur.

  J'ignore quelle heure il est lorsque nous nous pressons dans l'ascenseur d'un gratte-ciel discret et quasiment désert, je sais juste que les étoiles brillent encore dehors mais que le ciel ne tardera pas à s'éclaircir.

  - Quel étage ?

  - Vingt-deux, me répond le démon.

  J'appuie sur le bouton avant d'ajouter :

  - C'est pas terrible...

  - Tu préfèrerais le dernier ?

  - Ouais.

  - Pour aller sur le toit ? Pour avoir une belle vue ?

  - Et aussi parce que...

  - Parce que c'est censé être le plus prestigieux ?

  - C'est pas vrai ?

  - Si. Mais quand on doit se cacher, il vaut mieux choisir un étage plus banal, dit-il simplement.

  - Yanis ?

  - Oui ?

  - Tu ne l'as pas acheté pour moi cet appart ?

  - Non. Je l'avais déjà.

  - Pourquoi tu avais besoin de te faire discret ?

  - Je croyais que le shopping te détendrait plus que ça..., dit-il en levant les yeux au plafond.

  - Désolé. C'est juste qu'il y a tant de questions que je me pose que... Des mystères viennent encore s'ajouter à la liste et...

  - Je comprends, affirme-t-il aussitôt d'un ton étrangement sincère.

  - J'en suis pas si sûre, répliqué-je au moment où les portes de l'ascenseur s'ouvrent. Et arrête de sourire comme ça, j'ai l'impression que tu te fiches de moi.

  - Non. En fait tu m'fais délirer, c'est tout.

  - Justement ! C'est ce que je suis en train de dire ! Et... Oh ne m'dis pas que tu fais exprès ?!

  - J't'assure que non ! s'écrie-t-il en se retenant de rire.

  Je lui donne un coup d'épaule tandis que je pénètre dans l'appartement qu'il vient d'ouvrir. La décoration est plus que basique, je suppose qu'il est trop occupé pour se charger de la déco.

  - Tu viens souvent ici ?

  - Non. Et jamais bien longtemps.

  Je suis surprise de voir qu'il y a deux chambres et un grand salon assez sympathique doté d'une immense vitre donnant sur un quartier dont j'ignore le nom.