Je m'appelle Ambroisie, la signification de mon nom recèle les secrets de mon âme. Mais ça je l'ignore encore.
Ainsi je me contente de jouer la fille maussade et asociale – il y en a toujours une – et je poursuis ma pénible existence, rêvant de sauter par-dessus les montagnes qui m'entourent pour enfin voir la mer. Je n'ai jamais quitté mon petit village, mes parents en sont amoureux, il ne leur est pas venu à l'esprit que cette vie ne soit pas faite pour moi. Ils font partie de ces gens pour qui tout semble aller bien et qui ne devinent jamais ce que pensent les autres, faute d'y songer.
C'est pourquoi, lorsque ma mère m'a réveillée ce matin, elle m'a engueulée sous prétexte que mon réveil n'avait pas suffi à me sortir du lit. C'était une erreur. En effet, je prévoyais déjà le scénario de ce que serait ma pitoyable journée. J'arriverais en retard et tous les yeux seraient braqués sur moi ; de plus, à moitié décoiffée par manque de temps, les regards se feraient encore plus instants. Pour couronner le tout aurait lieu la photo de classe.
« Ne pense pas à ce Mathieu, il était moche de toute façon », lâche ma mère en me déposant devant les grilles du lycée.
Merci du réconfort, mais ça fait un bail que je l'ai oublié...
Voici donc comment a débuté cette journée aux allures les plus banales.
Le moment venu, nous nous retrouvons dans le coin de la cour le plus sujet au vent. L'homme au style oscillant entre hippie et rétro, qui s'improvise chaque année photographe officiel des photos de classe, tente de nous placer malgré les bavardages et le peu d'attention qu'on lui accorde. Je grimace au vu de cette perte de temps. J'ai d'ailleurs l'impression que ma vie ne consiste qu'à gaspiller des secondes que je ne pourrai jamais rattraper.
- C'est super un mois de mars pour prendre une photo ! s'exclame-t-il, laissant un grand blanc derrière lui.
Le professeur accompagnant lui sourit aimablement comme si sa remarque avait été d'une pertinence aiguisée.
Nous sommes tous en place lorsque la CPE débarque (une petite grosse à la voix aigüe ; pour ce qui est des vêtements c'est rose bonbon sans exception. En fait elle ressemble à Dolores Ombrage dans Harry Potter. Bien entendu c'est le genre de personne à se faire détester, on dirait même qu'elle le fait exprès). Elle fait des signes de la main et sourit comme une grand-mère jusqu'à ce qu'elle trébuche. Là des éclats de rires fusent et elle se met à crier :
- Celui qui ose se moquer des grandes personnes...
- Vieilles personnes, lance une voix.
Apparemment c'est Greg, le clown de service de la classe.
- Quiiiiii a dit ça !? hurle-t-elle.
Aucune réponse.
- C'est désolant tous ces enfants à qui il faut sans arrêt apprendre le respect ! intervient le professeur en s'adressant à la vieille peau.
Il lui prend la main.
- Que ce passe-t-il Madame Cornichi ?
Oh la tendre voix du prof de français qui fait du charme à la CPE...
- Et bien, dit-elle en se calmant, quoi que toujours un peu sonnée. Il y a une nouvelle élève dans cette classe... et je pensais qu'elle pourrait venir faire la photo... mais enfin je ne sais pas moi ! s'écrit-elle catastrophée.
Genre c'est la fin du monde...
- Mais qu'elle se joigne à nous, voyons ! renchérit joyeusement le proclamé-photographe.
Le professeur approuve d'un signe de tête et la vieille expire lentement en ramenant la main sur son cœur.
- Oui, vous avez sûrement raison.
Puis elle s'en va de son pas rapide et vif, ses petites foulées sont marquées par le claquement de ses talons sur le sol goudronné. A croire que se faire entendre accroitra le respect des élèves à son égard...
Je baisse ensuite la tête, ne me doutant pas une seconde que l'arrivée de la nouvelle élève puisse sonner le début d'un cauchemar sans fin.
A votre avis, qui est cette nouvelle élève ? Donnez vos avis en commentaire ;)
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Ombre & Lumière Tome 1
ParanormalneAm donnerait tout pour redevenir une fille normale, que les ombres cessent de la suivre et que la lumière revienne. Entre amour et dilemmes, ses sentiments se déchirent. Sera-t-elle à la hauteur des attentes que des peuples qui lui étaient jusqu'alo...