Ombre & Lumière Tome 1

Chapitre 17

                  

Théo atteignit le Paradis.

  Les gardiens des portes lui adressèrent un sourire de politesse puis le laissèrent passer.

  Il pénétra dans la cité et, comme à chaque fois, fut impressionné par la beauté des lieux. De gigantesques bâtiments de marbre ornés de pierres précieuses, de longues et imposantes colonnes dominant le reste du monde, des monuments étincelants de mille-feux sous un soleil radieux. Tout n'était qu'art et beauté, luxe, calme et volupté. Pour couronner le tout, des anges survolaient la cité blanche, glissant dans les airs comme des sirènes sur l'eau. Théo avait devant ses yeux l'idéal dont tant d'Hommes avaient rêvé. La quête éternelle de l'absolutisme se serait arrêtée là pour beaucoup.

  C'est le plus bel endroit du monde, se dit Théo, et c'est chez moi.

  La plupart des anges le reconnurent, des enfants accoururent vers lui pour l'accueillir et un vieillard lui lança un regard approbateur lorsqu'il prit une fillette dans ses bras. Théo le fixa à son tour. La gratitude qui émanait de l'homme l'intriguait.

  Qu'avait-il fait après tout ? Rien... il n'était qu'un jeune ange qui avait gagné la confiance du Conseil et qui s'était vu confier quelques missions... rien de plus. Juste un peu de chance.

  Et pourtant les anges l'admiraient. Ils voyaient en lui la sagesse malgré la jeunesse, la sincérité et la force. L'équilibre parfait pour un ange. Théo faisait partie de la nouvelle génération. Il était l'avenir du Paradis, le symbole d'un nouvel espoir.

  En entrant dans la grande salle du Palais où siégeait le Conseil, les dix-huit conseillers se levèrent d'un seul homme. Il s'inclina devant ceux qu'il avait toujours admirés.

  - Prends place, Théo Dailiane.

  Il s'exécuta et s'assit sur le fauteuil installé spécialement pour lui au centre de la pièce. Il était légèrement angoissé mais avait tout de même l'habitude de se présenter devant ces personnalités à la poigne de fer. Il n'avait qu'à répondre aux questions et faire le compte rendu de sa mission, et puis il s'en irait rendre visite à sa famille vivant dans le quartier voisin... bien sûr les tapisseries et décorations diverses recouvrant les murs de marbre rosé le feraient s'attarder dans ce lieu mythique et exceptionnel... mais il parviendrait à rester concentré... du moins il l'espérait... les rêvasseries ne devraient plus le distraire bien longtemps maintenant qu'il avait eu mille fois le temps de dévorer des yeux la beauté des lieux...

  - Théo ?

  - Oui ?! répondit-il en lâchant un presque imperceptible « euh » en sortant de sa transe.

  Loupé !...

  Il fit de son mieux pour arborer un air calme et posé...

  - Merci d'être présent. Je suppose que votre voyage s'est déroulé de façon précipité... cependant le Conseil a jugé bon de vous faire venir aujourd'hui, quitte à interrompre votre mission sur Terre. Ne vous inquiétez pas, vous pourrez la poursuivre dès cet entretien terminé.

  Le porte-parole du Conseil se tut un instant et fixa Théo intensément, comme s'il cherchait à déterminer qui était vraiment ce garçon si prometteur à la gueule d'ange.

  Il se décida enfin à reprendre :

  - La raison de votre présence ici est tout d'abord dû au fait que nous voudrions savoir comment évolue votre mission, mais aussi, et surtout, la cause d'un problème...

  Théo fronça les sourcils.

  - Ou plutôt un dommage... juste un petit souci sans gravité... qui ne nécessite pas la moindre parade de notre part... c'est un fin bâton, que dis-je ! une brindille qui empêche la roue de tourner à sa vitesse maximale... rien de plus. Un léger petit détail...

  Un vieillard vêtu d'une tunique blanche et or, sûrement le plus vieux membre du Conseil, leva la main, sans doute agacé par le porte-parole. Celui-ci s'inclina alors pour s'excuser et reprit d'un ton pressé son discours. Cette fois-ci il alla droit au but.

  - Théo Dailiane, il se trouve que la nouvelle se répand et que nous ne pouvons pas nous permettre de courir le risque de perdre ce précieux joyau. Le temps nous est compté, vous savez ce qu'il vous reste à faire.