Chapitre 18 Prisonniers de la tour d'astronomie.

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Théo, assis à la table qu'il occupait à chaque fois qu'il venait à la bibliothèque, avait du mal à se concentrer sur son devoir de sortilège. Il ne cessait d'épier du coin de l'œil les cheveux roux de la jeune Weasley, qui assisse à une autre table, bavardait à voix basse avec Luna Lovegood.


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Harry traîna les pieds pour se rendre au cours de potion, maudissant Slughorn des pires insultes de sa connaissance. Son dernier cours, la semaine précédente, avait été un calvaire. Drago avait cessé son flirt éhonté mais avait exigé qu'Harry réalise seul la potion. Le Serpentard s'était contenté de l'observer contentieusement et de l'interrompre à chaque erreur.

Entre ce souvenir et leur altercation dans les vestiaires, le survivant n'avait guère envie de se retrouver près de Malefoy. Celui-ci était déjà assis derrière leur chaudron. Harry remarqua qu'il avait l'air exténué. Sa mine cadavérique semblait d'ailleurs inquiéter Zabini, qui ne cessait de lancer des œillades furtives dans sa direction. Slug donna ses instructions pour la potion et Harry se mit au travail. Drago ne fit pas un geste pour l'aider. Le brun sentit la colère monter en lui mais se contint. A la fin du cours, le survivant était lui aussi soucieux. Le Serpentard lui avait paru à mille lieux des cachots. Ce fut donc perdu dans ses pensées qu'Harry suivit Ron et Hermione en sortilège. L'élu vit Malefoy se réfugier dans le fond de la classe. Le blond avait posé le coude sur la table et appuyé sa tête sur sa main. Harry prit une profonde inspiration et avança dans sa direction.

« Tu viens Harry ? fit Ron en le tirant par la manche de son pull.
- Euh... »

Harry, résigné, suivit son ami. Le survivant n'entendit rien de l'enseignement de Flitwick. Il était obnubilé par l'immobilisme de Drago.

Blaise soupira et poussa une assiette qu'il venait de remplir devant Drago. Samedi, Drago avait quitté leur dortoir furieux et y était revenu quelques heures plus tard, visiblement bouleversé. Blaise ignorait ce qui avait pu mettre son ami dans cet état mais il ne doutait pas que ce fut en rapport avec Potter. Le métis avait bien remarqué que le Gryffondor avait lui aussi surveillé Drago toute la journée. A l'instant même, le brun les fixait avec insistance.

« Drago, souffla Blaise, mange.
- Non, répondit le blond catégoriquement. Je retourne dans notre salle commune.»

Drago se leva et partit sans s'occuper du bon nombre de regards intrigués de ses condisciples. Harry soupira, repoussa son assiette et sortit de la salle à son tour tandis qu'Hermione détournait l'attention de Ronald pour qu'il ne les suive pas.

« Ils sont bizarres Potter et Malefoy, commenta Lisa Turpin à Michaël Corner, à la table des Serdaigle.
- Hum, répliqua Michaël en avalant son morceau de saucisse, ouais, un peu, mais bon ils l'ont toujours été. »

Blaise s'excusa auprès de Théo et partit à la suite de Potter, attisant encore les murmures parcourant les élèves de huitième année.

« Potter, le héla le métis alors qu'Harry allait sortir malgré le froid mordant.
- Qu'est que tu me veux, Zabini ? demanda le rouge et or d'une voix lasse.
- J'ignore ce que tu as fait à Drago mais crois-moi s'il lui arrive malheur, je t'en tiendrai responsable. »

Zabini faillit se décrocher la mâchoire quand il entendit la réponse du sauveur du monde sorcier, tant il s'attendait à ce que celui-ci réagisse à sa mise en garde en sortant sa baguette.

« J'accepterai sans broncher tout ce que tu trouveras utile de m'infliger.»

Et Harry, faisant volte face, sortit du château.

Le lendemain, Drago redevint égal à lui-même, hautain et méprisant. Pourtant, Harry savait que ce n'était que mascarade. La lueur, pleine de vie que le brun décelait dans les prunelles couleur acier du blond les semaines précédentes avait été remplacée par une dureté effroyable. La culpabilité d'Harry ne fit que croître cette semaine-là. Lui qui mangeait déjà peu depuis la bataille finale, n'assista plus aux repas, assurant à ses amis que Kreattur lui apportait des encas lorsqu'il avait faim. Ses insomnies, qui s'étaient espacées revinrent en nombre. A deux semaines de Noël, Hermione décida d'intervenir car plus les jours passaient et plus Harry devenait irritable. Seule Ginny, arrivait à entretenir des relations cordiales avec le brun.

Blaise, assis deux chaises à le droite du survivant lors du cours d'histoire de la magie, se désolait. Potter lui faisait pitié. Mais Drago de son côté ne valait guère mieux. Le métis savait que celui-ci camouflait mieux ses sentiments que le Gryffondor et que seule cette capacité l'empêchait d'être aussi pathétique que l'élu. Toute la semaine Zabini avait tenté d'arranger la situation mais Drago était demeuré inflexible. Le Serpentard sursauta quand une note ensorcelée se posa devant lui.

Zabini,
Aide-moi à réconcilier ses deux têtes de mules.
Il faudrait les forcer à se parler et pour cela il est indispensable qu'ils se retrouvent tous les deux enfermés au même endroit.
HG


Blaise sourit, attrapa sa plume tourna le morceau de parchemin et griffonna :

Granger,
Drago monte tous les soirs dans la tour d'astronomie après les cours de Sinistra. Tu devrais y envoyer Harry en lui conseillant des vêtements chauds. Je serai dans le couloir y menant dès 21h.
BZ

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Harry grogna. Quand Hermione l'avait supplié de la rejoindre à la tour d'astronomie après 21 heures, il avait d'abord voulut refuser. Puis se rappelant que la brunette l'avait aidé à échapper à Drago quelques jours plus tôt, il avait accepté. Pourtant maintenant qu'il montait les dernières marches lui permettant d'accéder à leur lieu de rendez-vous, il regrettait de s'être laissé convaincre. Il poussa le battant de la lourde porte et s'avança, scrutant les environs à la recherche de son amie. Un vent glacial le fit frissonner malgré sa lourde cape d'hiver qu'il avait pensé à enfiler. De lourds nuages cotonneux s'amoncelaient, cachant les étoiles du ciel d'hiver. Il y aurait prochainement de la neige. Les émeraudes d'Harry se posèrent sur le coin opposé et il découvrit Malefoy accoudé au parapet. Le survivant sentit son cœur bondir dans sa poitrine et sa respiration se couper, sa raison et son cœur bataillant sur ce qu'il devait faire. Pourquoi repousser l'inévitable, disait son cœur, tandis que sa raison lui ordonnait de fuir et de se protéger. Avant que le survivant ne puisse choisir, il se passa simultanément plusieurs événements. Drago se tourna vers lui, ses prunelles grises s'écarquillant de surprise puis lui lançant des éclairs, tandis que la lourde porte en chêne claqua derrière lui. Harry se sentant pris au piège, se précipita sur la poignée de porte mais celle-ci refusa de s'ouvrir.

Blaise et Hermione descendaient tranquillement l'escalier. La jeune femme se mordillait nerveusement la lèvre inférieure.

« Tu ne crois pas qu'on devrait rester, souffla t'elle.
- Non, répondit le métis en haussant les épaules. De toutes manières, nous avons enchanté la porte pour qu'elle s'ouvre d'ici trois heures, je te rappelle.
- Oui, mais... Imagine qu'ils veuillent s'entretuer. Souviens-toi, en sixième année.
- Crois-moi Granger, je suis certain qu'ils régleront leurs différents autrement, rétorqua Blaise avec un rictus entendu.
- Oui, bon, j'espère. »

Pendant ce temps-là, au sommet de la tour d'astronomie. Un Harry totalement paniqué se débattait pour ouvrir la porte. Drago poussa un soupir énervé, bouscula le brun sans ménagement et essaya à son tour. Mais même avec tous les sorts que le blond connaissait, la porte ne céda pas. Le blond, dépité finit par aller s'installer contre le muret afin de s'abriter du vent, prenant soin de s'asseoir sur sa cape.

« Qu'est ce que tu fais Malefoy ? Aide-moi à ouvrir cette porte, cria Harry.
- Potter, cela ne sert à rien. Continue à t'esquinter sur cette foutue porte si tu veux, moi je renonce. »

Harry se tourna plusieurs fois de la porte à Drago et finit par abdiquer à son tour. Il s'appuya donc sur le battant en chêne et observa le blond qui lui, regardait obstinément le sol. Ils passèrent une heure ainsi. Harry voyait le Serpentard serrer les dents, et il réalisa que celui-ci avait les lèvres bleuies par le froid et que sa cape était bien moins chaude que la sienne. Le brun grimaça et s'avança vers le blond en défaisant sa cape puis s'asseyant à ses côtés il la passa autour de leurs épaules.

« Que crois-tu faire Potter ? Tu joues encore au parfait petit héros en venant au secours, de comment tu as dis déjà " la chienne en chaleur".
- Malefoy, murmura l'élu avec tristesse. Drago, je suis désolé. Je... Ecoute c'est difficile pour moi, d'accord. Et puis... et puis, tu l'avais un peu mérité aussi à me chauffer comme ça. Là, je veux simplement que tu n'attrapes pas la mort. T'es pas un peu cinglé de sortir aussi peu couvert ? »

Le vert et argent ne retint qu'une chose de cette réplique. Le Gryffondor l'avait appelé par son prénom. Certes, il était toujours furieux contre le rouge et or mais il ne pouvait s'empêcher de saisir la moindre lueur d'espoir même derrière de petits riens insignifiants et de continuer d'aspirer à ce que le brun et lui construisent quelque chose ensemble. Harry, mal à l'aise d'être aussi proche du blond, avait les joues cramoisies et il espérait que celui-ci mettrait cela sur le compte du froid. Malgré la cape, Drago avait toujours froid et Harry commençait à grelotter à son tour.

« Je... Malefoy... Colle-toi à moi.
- Quoi ? Mais...
- Je veux juste que l'on se réchauffe mutuellement, précisa Harry devant l'air confus du blondinet.
- Ah ! souffla Drago sans camoufler sa déception et en se blottissant contre le rouge et or avec joie. »

Harry referma ses bras autour de Drago et soupira d'aise. Cela n'échappa pas à Malefoy qui en profita pour poser sa tête sur l'épaule du sauveur. Celui-ci vint instinctivement y enfouir le visage, humant la douce flagrance du shampoing qu'utilisait le Serpentard. Harry savait qu'il avait déjà été trop loin. Il savait qu'il était déjà perdu

Lutter pour ne pas t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant