Lutter pour ne pas t'aimer

Chapitre 36 Dans le Devon.

L'aube se levait à peine. Carter et ses hommes étaient tendus. Tous attendaient une réponse au message envoyé plus tôt au sauveur du monde sorcier, message que celui-ci n'aurait jamais. Nerveusement, Hopkins allait et venait de vitrail en vitrail scrutant le paysage alentour. La journée allait leur paraître longue. Un doute insidieux rongeait le veuf éploré et "si le survivant ne venait pas et si finalement la vie de Drago Malefoy ne lui était pas aussi précieuse ?"

Carter avait fixé rendez-vous à Potter près des ruines d'Horrabridge à 20 heures. Ses hommes et lui y seraient dès 19 heures en compagnie de leur otage. Si tout se passait bien, ce soir la famille Malefoy n'existerait plus et Potter serait sauvé. "Pourvu qu'il vienne à ce p**** de rendez-vous !" songea de nouveau Carter.

Harry et ses amis avaient encerclé la chapelle. Ils s'étaient mis d'accord pour observer un peu l'édifice et pour essayer de déterminer combien de sorciers étaient présents. Grâce au plan que Callie leur avait fourni, ils savaient que le meilleur point d'entrée était la petite porte latérale donnant sur la minuscule sacristie. Celle-ci était camouflée par le lierre qui avait envahi toute une partie du mur. Une sourde angoisse faisait palpiter le cœur de l'élu. Cette peur, il ne l'avait plus ressenti depuis qu'il avait vaincu Voldemort. Un sorcier d'une quarantaine d'années sortit de l'édifice religieux, il laissa la lourde porte en bois de châtaignier entrouverte, s'adossa contre les pierres froides et sortit de sa poche une pipe qu'il bourra et alluma. Harry, mû par son instinct, se recouvrit de sa cape d'invisibilité et se rapprocha de l'homme. A une dizaine de mètres des fourrés où s'était trouvé le brun, Hermione pesta.

« Mais que fait-il ? Ce n'était pas ça le plan, s'affola-t-elle. »

Ginny à ses côtés l'incita au silence en plaquant sa main sur la bouche de son amie.

« Chut, murmura-t-elle, tu vas nous faire repérer. Je suis sûre qu'Harry sait ce qu'il fait. Il ne mettrait pas la vie de Malefoy en danger.
- Je n'aime pas ça, riposta tout de même la brunette sur le même ton. »

Harry se faufila dans la chapelle juste derrière l'homme à la pipe. Dans un premier temps il se contenta de s'installer dans un coin pour être certain qu'aucun des ravisseurs ne lui rentrerait dedans, découvrant ainsi sa présence. Il considéra la pièce que Carter et ses complices avaient transformée en quartier général. Les bancs qui avaient autrefois servis aux paroissiens, avaient été arrachés de leur emplacement et entassés devant les issues latérales de la chapelle. L'Autel semblait avoir servi de cible à divers sortilèges. Une table et des chaises avaient été installées dans la nef et trois hommes y disputaient un jeu de carte sorcier. Hopkins lui, ne restait pas en place et observait nerveusement l'extérieur, sursautant au moindre bruit. Le sorcier fumeur, qui avait traversé la chapelle, contourna l'Autel et disparut de la vue d'Harry.

A l'extérieur, Ginny, Hermione, Ron, Blaise, Callista et Théo étaient perplexes. "Devaient-ils toujours se fier au plan initial ?" Ils s'étaient regroupés près du point d'entrée et tergiversaient sur la conduite à tenir. Alors que les garçons étaient pour rejoindre Harry, les filles semblaient plus hésitantes. Soudain Hermione se figea. Sous les œillades curieuses des autres, elle sortit d'une de ses poches, un gallion. Hormis les Weasley, tous la regardèrent effarés. Avec un petit sourire, elle les toisa et acquiesça d'un bref mouvement de tête à la demande muette de Ronald. Ce fut Ginny qui expliqua aux autres de quoi il en retournait.

« Lorsqu'Ombrage était à Poudlard et que nous participions à l'A.D., nous utilisions ce système de communication pour fixer les séances.
- J'ai depuis amélioré les nôtres pour pouvoir transmettre de courts messages, ajouta Hermione. Harry veut que nous restions là. Il va nous ouvrir. »

Harry se faufila silencieusement jusqu'à la sacristie, remerciant Merlin qu'Hopkins et ses complices ne l'ait pas condamnée. D'un informulé, il ouvrit la porte extérieure qui grinça sinistrement. Prévoyant, le survivant avait heureusement insonorisé la pièce. Quand ses amis furent entrés, il leur expliqua ce qu'il avait pu observer.