Lutter pour ne pas t'aimer

Chapitre 25 Déboires amoureux.

Harry refusa de sortir du dortoir tout le week-end. Exaspérée, Hermione s'était résolue à le laisser tranquille mais le força tout de même à avaler la nourriture qu'elle et Ron lui ramenaient de la grande salle. 

Le dimanche après-midi, le couple, installé à la bibliothèque, au grand désespoir de Ron, révisaient en prévision des Aspic. Ils avaient laissé Harry en compagnie de Ginny et Neville. Le survivant, pelotonné dans son lit, le regard fiévreux, d'immenses cernes violets marbrant son visage livide, observait ses amis sur le lit voisin, parler à voix basse. Si Neville n'avait pas eu l'air aussi découragé, Harry aurait pu croire qu'ils se concertaient sur son cas. Le brun haussa un sourcil en voyant la benjamine des Weasley prendre Neville dans ses bras et l'encourager. Le garçon eut un pâle sourire et se leva en remerciant Ginny. Quand le jeune homme eut quitté la chambre, l'adolescente se tourna vers Harry et soupira, ne sachant pas comment l'aider. Elle sursauta quand l'élu demanda d'une voix rocailleuse :

« Qu'est-ce qui arrive à Nev' ?
- Oh ! s'exclama la rouquine en réprimant un petit sourire, en songeant que si Harry pensait un peu au bien-être des autres c'était bon signe, lui qui s'était tant renfermé sur lui-même ces dernières heures. Tu sais peut-être qu'il sort avec Luna ? Eh bien, ajouta Ginevra alors que le brun opinait, il l'aime beaucoup, mais il croit avoir des sentiments également pour une autre jeune fille.
- Oh ! s'écria Harry à son tour, trouvant un certain réconfort en constatant qu'il n'était pas le seul à avoir des problèmes sentimentaux. »

Ginny sembla réfléchir intensément pendant quelques minutes puis s'asseyant près du jeune homme et le regardant dans les yeux, elle se lança :

« Harry, j'ai quelque chose à te dire. Et même si ça risque de te déplaire, j'aimerais que tu m'écoutes jusqu'au bout.
- Gin', si c'est pour que...
- Harry, le coupa la rousse, laisse-moi parler.
- Bien, je t'écoute, grimaça le sauveur.
- D'après le peu d'élément que j'ai, tu as rompu avec ton Serpentard et tu es malheureux mais... Non, ne me coupe pas, l'interrompit la jeune Gryffonne dans son élan. Mais ne crois-tu pas que ta réaction est exagérée ? Tu sais...
- Exagérée, hurla Harry rouge de colère.
- Oui, exagérée, insista Ginny. La vie continue Harry. Tu ne peux pas te laisser aller ainsi. Pense à ceux qui ...
- Tu ne sais rien de ce que je ressens Gin' alors n'essaye pas ta psycho à deux noises avec moi. Je te signale qu'on m'a déjà imposé un psychomage pour ça et que je n'en ai pas besoin d'un deuxième. »

La jeune Weasley se redressa d'un bond. Ses iris flamboyaient de colère et ses cheveux semblèrent encore plus rouges. Le souffle saccadé par la fureur, Ginny tempêta, rivalisant sans le savoir avec les beuglantes de Molly Weasley:

« Harry Potter ! Comment oses-tu ? Je te rappelle que tu m'as larguée sans un mot d'explication, que je t'aimais depuis des années et que je t'aime encore. J'avais naïvement cru que je me marierais et que j'aurais des enfants avec toi. Alors ne viens pas me dire que je ne sais pas ce que tu ressens ! »

Harry perdit de sa morgue et son expression se figea, sous le remord mais Ginny poursuivit :

«Quand tu m'as fait part de ton h... ton secret, je t'ai épaulé et j'ai même accepté de continuer à faire croire en notre couple. Mais as-tu idée de ce que j'ai alors ressenti ? Sais-tu ce que cela m'a fait de faire croire que... que.... »

Les larmes se mirent à couler sur le visage furieux de la jeune fille et Harry esquiva un geste pour la consoler mais Ginny se déroba.

« Vois-tu Harry, malgré l'immense chagrin que j'ai éprouvé, j'ai fini par l'accepter et j'ai continué à vivre parce que la vie continue, quoi qu'il arrive. Tu oses te plaindre et te murer dans ta peine, mais tu devrais avoir honte. Ton Serpentard est vivant alors que moi, je pleure encore mon frère. Tu es vivant Harry, alors j'estime que je n'ai pas le droit de te laisser aller, continua la rouquine mélangeant à présent tous ce qui la faisait souffrir depuis des mois. Tu trouves injuste que Remus, Tonks et tous les autres n'aient pas survécus, mais penses-tu que c'est leur faire honneur que de te comporter comme tu le fais ?
- Gin', je... Pardonne-moi. Je ne voulais pas...
- Non, Harry. Secoue-toi. Tu ne peux pas vivre seulement avec des remords. Pense un peu à ceux qui comptent autour de toi, à ceux qui s'inquiètent pour toi, à ceux qui t'aiment.»