Ce fut la voix de Narcissa Malefoy qui tira Harry de son sommeil. Gardant encore quelques instants les yeux fermés, il tendit l'oreille.
« Drago, mon petit, pourquoi ? Pourquoi as-tu fais cela ? se lamentait-elle.»
Harry lutta pour se réveiller, mais les effets de la potion ne s'étaient pas encore totalement dissipés. Il entendit cependant, avant de se rendormir, l'infirmière inviter Madame Malefoy à aller se reposer dans une petite chambre attenante à l'infirmerie.
La seconde fois où Harry émergea, l'infirmerie était plongée dans le silence et n'était éclairée que par deux petites sources de lumières. Harry fixa un instant le paravent derrière lequel se trouvait Drago. Hésitant un moment, le Gryffondor se saisit de ses lunettes, repoussa ses couvertures et se leva. Il fronça les sourcils en voyant le pyjama qu'il portait. Il se rappelait être habillé quand il s'était installé dans ce lit. Il rougit en se demandant qui avait bien pu le dévêtir.
Contournant le voile installé par Pomfresh, Harry vint s'asseoir sur la chaise qu'avait occupée Narcissa plus tôt dans la soirée. Harry, contempla le cœur serré, le visage exsangue du jeune Serpentard, puis les bandages qui enserraient ses poignets. Le brun essaya de contenir ses sanglots pour ne pas attirer l'attention sur lui et se mit à caresser la main de son ancien adversaire. Puis entremêlant ses doigts à ceux de Drago, il murmura :
« Drago, je t'en prie, si tu m'entends, bats-toi. Oui bats-toi sale petite fouine, je... j'ai... j'ai besoin de toi. »
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Narcissa, après deux heures de sommeil agité, renonça à essayer de se rendormir. Elle se leva et se recoiffa d'un mouvement de baguette, puis repartit au chevet de son fils. Ce qu'elle vit en arrivant aux abords du lit, lui valut un hoquet de surprise.
Harry Potter, la tête posée sur le lit, avait rejoint de nouveau les bras de Morphée, tenant toujours enlacé les doigts de Drago. Narcissa eut un bref rire ironique, ainsi ce qu'elle avait pressenti était juste, un an plus tôt cette même scène l'aurait atterrée. Désormais, elle se fichait bien de cela, tout ce qui lui importait était que son fils vive et qu'il soit heureux. Cissy approcha doucement du vainqueur du Seigneur des ténèbres et posant la main sur son épaule, le secoua légèrement.
« Mr Potter ?... Harry ? insista-t-elle.
- Mme Malefoy ! Oh ! Je... commença Harry avant que son interlocutrice ne l'interrompe d'un signe de la main.
- Vous devriez retourner dans votre lit avant que l'infirmière ne revienne. »
Le jeune homme se leva et allait se rallonger quand il entendit :
« Merci de l'avoir encore une fois sauvé.
- Ce n'est pas moi qu'il faut remercier cette fois, mais Hermione Granger. »
Harry n'eut aucun mal à imaginer l'expression de dégout que devait afficher Narcissa. Mais il se trompait. Celle-ci ferma les yeux et se promit de remercier la jeune femme à la première occasion.
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Le lendemain, Harry s'apprêtait à se lever et à enfiler ses vêtements qu'on avait soigneusement pliés et posés sur la chaise, quand Madame Pomfresh gronda :
« Où comptez-vous aller comme cela, Mr Potter ? Vous n'irez nulle part ailleurs que dans ce lit.
- Mais je vais bien ! Je ne suis même pas blessé, s'indigna Harry.
- Après ce qui s'est passé hier, tonna de nouveau Poppy, exaspérée, je ne peux vous laisser partir. Vos amis attendent que je les fasse entrer et si vous voulez les voir, vous allez gentiment vous remettre sous vos draps. »
Avec un soupir, Harry obtempéra et l'infirmière lui tendit plusieurs gobelets de potion que le Gryffondor avala sans protester.
« Ce sont, répondit Madame Pomfresh à sa question muette, un philtre calmant, une potion revigorante et le dernier, un remède contre les nausées.
- Mais... Mais, je n'ai pas de nausées !
- Si vous le dites, Mr Potter, répliqua la sorcière, les lèvres pincées.
- Comment va Malefoy ?
- Rien de changé pour l'instant, Mr Potter. J'ai cependant l'espoir qu'il s'éveille dans la journée. Maintenant, je vous laisse avec vos amis mais pas plus d'une demi-heure et mangez votre petit déjeuner. Vous n'y avez même pas touché.»
Harry grimaça, attrapa le croissant qu'il croqua mais qu'il reposa en éloignant le plateau dès que l'infirmière fut hors de son champ visuel. L'élu sourit en voyant Ron et Hermione approcher. Celle-ci s'empressa de le serrer dans ses bras.
« Harry, nous étions tellement inquiets. »
Le brun sourit mais ne répondit pas.
« Oui vieux, c'était effrayant.
- À ce point, s'étonna le survivant d'une voix rauque. »
Ron eut un sourire en coin.
« Pire encore. »
La journée parut extrêmement longue à Harry. Quand il reparla de sa sortie à Madame Pomfresh, celle-ci lui opposa un refus catégorique tout en lui expliquant le motif de sa décision. Démoralisé, le jeune homme s'enfonça dans son oreiller et se plongea dans ses souvenirs des dernières semaines. Il sursauta quand Madame Malefoy l'accosta.
« J'ai cru comprendre que tu t'ennuyais. Peut-être accepterais-tu que nous nous tenions mutuellement compagnie, proposa-t-elle en repliant le paravent.»
Le visage du rouge et or se fendit d'un magnifique sourire et Narcissa eut un pincement au cœur pour ne pas le lui avoir proposé plus tôt. Tout en veillant tout deux Drago, ils discutèrent comme lors de leurs précédentes entrevues, évitant l'un et l'autre les sujets de discordes. Puis, peu avant seize heures, Narcissa se leva, lui annonçant qu'elle allait passer chez elle pour se doucher et prendre quelques affaires, puis elle partit en avertir l'infirmière.
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Harry somnolait légèrement tout en regardant fréquemment Drago. Il venait de fermer les yeux, renonçant à repousser la torpeur qui l'envahissait, quand un faible filet de voix les lui fit rouvrir.
« Ha... Harry...
- Drago, s'émerveilla l'élu. »
Le Serpentard cligna des paupières, essayant de remettre ses idées en place.
« Mais... que fais-tu là ? Dans mes souvenirs... bégaya Drago, en grimaçant de douleur, tu... tu jouais dans la neige.
» Harry se redressa, eut un sourire autant narquois qu'espiègle et répondit :
« Il semblerait, d'après une conversation que j'ai eu avec Madame Pomfresh, que j'ai fait une grosse crise de panique, suivie d'une crise de tétanie. De plus, continua le brun en songeant que l'année précédente il n'aurait jamais osé avouer une chose pareil à Malefoy, comme mes traitres amis ont gentiment expliqué à Pompon que depuis cet été j'étais insomniaque, comme si c'était nouveau, et que les peu de fois où je réussis à dormir, je fais des cauchemars et que, comme si cela ne suffisait pas, ils ont rajouté que j'étais distrait, que je mangeais peu et que je vomissais très souvent, McGonagall et Poppy ont décrété que je n'étais pas en état de reprendre mes activités normales. »
A bout de souffle, après cette tirade, Harry, les joues rougies, se laissa retomber sur ses oreillers. Drago eut un vague sourire moqueur et d'une voix qui semblait provenir d'outre-tombe demanda :
« Il semblerait ?
- Bon, d'accord tout cela est vrai et alors ? rétorqua Harry vexé. Moi, au moins, je ne me suis pas jeté du troisième étage de la tour Nord. »
Le Serpentard se rembrunit, se souvenant de ce qui l'avait poussé à en arriver à cette extrémité, cependant Harry se rendait compte qu'il avait été trop loin.
« Ta belette n'est pas là ? fit Drago avec tout le mépris dont il était capable, redevenant pour l'occasion, celui qu'Harry avait détesté tout au long de leur scolarité.
- Si tu parles de Ginny, elle passe Noël avec ses parents. »
Drago détourna le regard, sentant les larmes venir. Il se morigéna. Un Malefoy ne pleurait pas, s'admonesta-t-il silencieusement tandis que la voix perfide de sa conscience lui siffla : parce que vouloir se suicider pour un amour déçu est digne de l'héritier Malefoy, peut-être ?
« Drago, je t'en prie. Ecoute-moi. S'il te plait, insista le Gryffondor. »
Le vert et argent ne répliqua pas mais le fixa à nouveau de ses yeux froids et impersonnels qu'Harry n'avait plus revu depuis sa sixième année.
« Je t'ai menti Drago. J'en suis affreusement désolé. Je... je ne pensais pas... Je ne voulais pas... essaya de s'expliquer le rouge et or. Je ne voulais pas te faire souffrir. Gin' et moi sommes juste amis. Si je... si je t'ai fait croire que...que...»
Harry ne put terminer car Madame Pomfresh arriva.
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Lutter pour ne pas t'aimer
FanfictionHarry, Ron et Hermione retourne à Poudlard pour obtenir leurs Aspic mais après la terrible guerre contre Voldemort plus rien ne sera comme avant. Entre un Harry qui a du mal à s'assumer. Un Drago amer et mélancolique. Ginny qui ne se remet pas de sa...
