Les Âmes maudites, livre I (Terminée)

Chapitre 30: Justin.

Après avoir pris mon petit déjeuner, je vais préparer mes affaires pour le voyage. Je prends ma valise noire, puis je la remplis avec mes vêtements et pleins de choses utiles; et sans doute inutiles je l'avoue. Je préfère en mettre trop que pas assez. Nous partirons dans deux jours, j'ai tellement hâte d'y aller! Pour traverser l'Atlantique, Suzie et Alicia vont créer un bateau de glace. Elles vont ensuite faire un courant d'eau qui le propulsera, elles m'ont dit qu'il pourra aller jusqu'à 200 km/h! Le plus dur sera de prendre la mer sans que les autres sorciers s'en aperçoivent. Nous partirons donc dans la nuit, à Brest, en Bretagne.

Quelqu'un frappe à la porte, je cris à la personne d'entrer. Alicia entrouvre la porte, elle se faufile de son allure dansante, pour s'assoir sur mon lit. Je ferme ma valise et vais m'asseoir à côté d'elle. Je lui prends la main, nous avons pris l'habitude de mettre tout le temps nos gants. Elle me regarde de son regard intense, bleu comme le ciel d'été. Elle a aussi ce que j'appelle ses petits nuages, autour de la pupille. Ses cheveux blonds retombent de chaque côtés de ses épaules, comme les rayons du soleil. Elle soupire, elle a l'air très stressée.

-Tu pense que l'on va y arriver? me demande-t-elle.

Je réfléchis, je ne sais pas vraiment, mais cela, je ne peux pas le lui dire.

-Oui, je pense, finis-je par dire.

Elle rigola discrètement.

-Tu mens, dit-elle calmement.

-Bien sur que non, répliquai-je en grimaçant.

-Si. Lorsque tu mens, tu te mords la lèvre inférieur.

Effectivement, elle a raison. Alicia est celle qui me connait le mieux, alors que c'est elle qui me connait depuis le moins longtemps.

-Et toi alors, c'est quoi tes petites choses que personne ne sait?

-A toi de le découvrir! rigola-t-elle.

Je réfléchis.

-Tu remets une mèche derrière ton oreille lorsque que tu es gênée.

Elle parait surprise que je l'ai remarqué.

-C'est malin, je vais devoir changer mes habitudes, s'exclame-t-elle.

Nous parlons de tout et de rien pendant une heure. Ensuite, Alicia change son apparence. Puis, nous allons nous promener dans le centre ville de Vienne, seulement tous les deux. Nous marchons tranquillement dans les rues ensoleillées de la ville. Les grands bâtiments nous entourent, ce qui nous protège de chaleur étouffante. Il y a beaucoup de monde dans les rues, ce sont les vacances d'été et il y a des touristes. Alicia me dit que la mer lui manque, elle adorerait se baigner pour se rafraichir un peu. Je lui propose de demander à un habitant si il y a un endroit pour se baigner, elle me répond par l'affirmative. Nous demandons donc à une femme avec ses deux jeunes enfants, elle nous dit qu'il y a un lac à environ dix minutes en calèche. Nous commençons à marcher en direction de la maison de Stéfan, puis partons.

Quand nous arrivons, il n'y a pas grand monde, une dizaine de touristes seulement se baignent dans le lac. Alicia et moi n'avions pas prévus de se baigner pendant notre voyage, du coup, nous nous mettons à l'eau tout habillé. L'eau est fraiche, juste ce qu'il fallait pour nous rafraichir. Alicia est une très bonne nageuse, je la vois plonger, puis ressortir, elle s'amuse vraiment. Je l'avait rarement vu aussi heureuse, elle ne fait que rigoler. Au bout de deux heures, nous repartons chez Stéfan.

Dès que nous arrivons, nous voyons que l'ambiance est très tendue. Ils sont tous à table, et Rose se tord les mains tellement elle est stressée.

-Nous ne pourrons pas partir avant un mois, déclara Rose.

-Quoi?! hurlai-je en pensant avoir mal compris.

-Les custodias ont trouvé des comportements suspects chez certaines personnes, dont nous, probablement. Ils ont décidé de renforcer les frontières, plus personne ne pourra sortir avant un mois, ni nous, ni les touristes, ni les habitants.

-C'est impossible, ils n'ont pas le droit de faire ça! Il y a des gens qui travaillent, d'autres qui doivent partir en vacances en dehors de Vienne! m'exclamai-je.

Elle me regarde d'un air triste, je le vois maintenant qu'elle désirait vraiment partir. Elle avait peur pour moi, mais elle avait envie de découvrir ce qui se passe à l'extérieur des frontières.

-Je suis d'accords avec toi Justin, mais nous ne pouvons pas prendre de risque, ils nous tuerons s'ils nous voient!

-Dans un mois, nous reprendrons les cours, nos parents n'accepteront jamais que l'on parte!

Je me sentais exploser intérieurement, la rage bouillait en moi comme un poison. La seule chose qui me faisait rester sur terre, c'était la main d'Alicia, elle me serrait si fort qu'il était impossible de l'ignorer. J'essaie de me calmer, je respire profondément pour reprendre mes esprits.

-Justin? Viens, on va réfléchir à ça dans ta chambre, chuchota Alicia pour que les autres ne nous entendent pas.

Elle m'entraîne donc dans le couloir pour aller dans ma chambre. Nous nous asseyons sur le lit, un silence s'installe, nous réfléchissons.

-Il faut que l'on tente, on doit essayer de passer la frontière, me dit-elle.

-Tu as raison, on a pas le choix. Il faut que ça reste entre nous, si les autres l'apprennent, ils nous empêcherons. Jade peut être au courant, seulement si tu as une entière confiance en elle.

-Oui, j'ai confiance en elle. Elle voudra sans doute nous accompagner.

Je hoche la tête, il vaut mieux que Jade vienne avec nous, cela nous donnera plus de chances.

-Ma valise est prête, la tienne l'est aussi? lui demandai-je.

-Oui, je l'ai préparé hier matin.

-Tu pense que l'on peut partir cette nuit?

-Je ne pense pas, il ne faut pas que ce soit trop précipité. C'est un voyage très important, surtout dangereux, la moindre erreur peut nous tuer.

-Après demain alors?

-Oui, je pense que c'est plus raisonnable.

Ensuite, Jade nous rejoint, et nous lui expliquons ce que nous avons prévus. Évidement, elle nous accompagnera.

-Tout ce que je fais pour vous, je dois vraiment vous aimer! Je regrette déjà, s'exclame-t-elle en rigolant.

L'ambiance s'est beaucoup détendue, nous rions tous les trois en organisant notre expédition. Puis au bout d'un moment, nous nous endormons, Alicia et Jade sur le lit, moi, sur le fauteuil.