Chapitre 45: Alicia.

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Je sens une délicieuse odeur de pain chaud, une douce mélodie parvient jusqu'à mes oreilles. J'ouvre enfin les yeux, je me trouve sur un lit, une couette bleue pale sur mes épaules. Un plateau contenant du pain frais et un grand verre de jus est posé sur la table de nuit. Je ne sais pas pourquoi, je ne suis pas du tout paniquée. La chambre est vintage, la fenêtre l'illumine beaucoup, cela la rend très chaleureuse. J'entends une sorte de petit miaulement aigu. Je me retourne et vois Lumière, la tête penché, me regardant attentivement. Je rigole et le prend tendrement dans mes bras. Je fourre mon nez dans son épaisse fourrure et ferme les yeux. Au bout d'un moment, la musique s'arrête. Je lève la tête, puis vois apparaitre sur le seuil de la porte une femme. Elle est très agée, ses traits sont déformés par les rides. Elle me sourit malicieusement.

-Bonjour jeune demoiselle. Comment vous sentez vous? me demanda-t-elle.

-Je... Je vais bien, bafouillai-je.

-Comment vous nommez vous?

-Je m'appelle Alicia, et vous?

-Constantine, je suis une sorcière des eaux, comme toi.

-Comment le savez vous? m'exclamai-je les yeux écarquillés de stupeur.

-Tu vois cette petite créature, lorsque je t'ai trouvé, elle était dans tes bras.

Je mis du temps à reprendre mes esprits, je regarde Lumière. Il a l'air joyeux, il court devant nous, essaie d'attraper une petite abeille.

-Que faites vous ici? la questionnai-je.

-Mon mari était humain, je l'ai suivi jusque ici, caché dans la forêt pour fuir les autres humains. Il est décédé il y a quelques années, suite à une maladie pulmonaire.

-Je suis désolé, dis-je honteuse de lui avoir fait repenser à la mort d'un proche.

-Ce n'est pas grave, tu n'y es pour rien. Et toi alors, que fais tu ici?

-Je suis à la recherche du temple umbra, répondis-je.

-Il n'est pas très loin d'ici, je pourrais t'y conduire. Pourquoi veux tu y aller?

Je ne sais pas quoi lui répondre, dire la vérité ou bien lui mentir? Je ne la connait pas assez pour lui faire confiance, les apparences peuvent parfois être trompeuses. Je décide finalement de lui raconter toute l'histoire, de me fier à elle; elle pourrait peut-être nous aider. Elle m'écoute attentivement, elle n'avait jamais entendu parler des colliers.

-Mais où sont donc les autres qui t'accompagnaient? me demanda-t-elle.

-Je ne sais pas, je m'était éloignée du camp pour prendre l'air, puis je me suis endormi. Ensuite, je me suis réveillée ici, dans votre maison.

-Je n'aurais pas dut t'emmener chez moi, je ne savais pas que tu étais avec d'autres personnes. Je t'ai vu seule, dans la nuit, avec le jeune caestro; j'ai pensé bien faire.

-Je pense que je vais devoir partir, les autres vont s'inquiéter.

-Effectivement, je vais t'accompagner. Attends d'abord quelques instants, il faut que tu mange.

Je hoche la tête, puis fourre dans ma bouche un petit morceau pain.

-C'est délicieux! m'exclamai-je, ravie d'avoir pu gouter à cette merveille.

-Chez moi, tout est fait maison! Je ne peux pas acheter de nourriture dans les magasin, ni dans les marchés, je fais donc tout moi même. Dans le jardin, il y a un immense potager, je vis depuis quatre-vingt quinze ans ici, et je n'ai pas mangé un seul aliment chimique depuis. Avec mon mari, nous avions planté toutes sortes de fruits et légumes. J'ai également un petit moulin qui me sert pour faire la farine; il y a aussi des poules, pour les oeufs. Lorsque nous sommes arrivés au Brésil, nous sommes devenus végétariens. J'aurais pu retourner en ville, maintenant que les humains ne pensent plus que nous reviendrons sur leurs terres; mais je me plais trop bien ici. Quand je t'ai vu, je me suis dis que tu pourrais rester là, chez moi, je sais maintenant que tu as d'autres occupations, dit-elle en rigolant.

Les Âmes maudites, livre I (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant