14 : Ginger

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Nate et tous les autres arrivèrent quand Adrian nous informa que le dîner était servi. J'étais affamée, j'avais hâte de me mettre à table. A une table se trouvait Liam, Merles, Heath, Janet, Hanna et Vernon et à une autre Adrian, Nate et Rose. Quand j'arriva dans la salle à manger, Liam et Nate m'interpellèrent en même temps. Je décida d'aller voir un peu Liam, je l'avais mis un peu de côté depuis mon arrivée ici. Nate avait l'air déçu que je ne l'ai pas choisi. Mais je me rattraperai plus tard, et puis, il a Rose. Je m'installa en face de Liam.
- Alors, il se passe quoi avec ton... Pote ? Me demande-t-il. Il n'allait pas me faire une crise de jalousie, quand même ?
- Ouais, je voulais en parler avec toi, Hayley, intervient Vernon, qui s'assied à ma droite. Que penses-tu de lui ?
- Je lui fais confiance, dis-je.
- Sur ta vie ? Insistait Liam.
- Bien sûr, répondis-je.
- Adrian m'a dit que sa famille était morte, dit Vernon.
- Quelle horreur ! S'exclama soudainement Hanna. Mais tout le monde l'ignora, comme toujours.
- Ce type d'événement peut secouer quelqu'un, remarqua Liam.
- Il a fait du mieux qu'il pouvait. C'était très dur pour tout le monde.
- Je m'en doute...
Soudain, Nate prit son assiette et s'assied à côté de moi, à ma gauche. Liam le fusilla du regard.
- J'espère que vous aimez la nourriture, dit Nate sans cesser de me regarder, ce qui devenait gênant. En particulier quand je me goinfrais de haricots.
- Oh, c'est... Délicieux. Merci, répondit Liam.
- Des pêches et des haricots. Excellent pour la nutrition. Moins bien quand ça sort, par contre, rigolait-il. Ça c'était du Nate tout craché, toujours aussi trash. Je savais qu'il disait ça afin de détendre l'atmosphère, mais c'était bien évidemment loupé. Donc, toi c'est Liam... Liam et Hayley. Lialey ! Vous faites une belle paire, tous les deux. Sur ses dernières paroles, je m'étouffa, et Liam se sentait visiblement gêné.
- On est juste amis, dis-je. Un grand sourire apparut alors sur les lèvres de Nate, quand Liam essaya de changer de sujet.
- C'est quoi votre plan ? Vous arrêter pour l'hiver ?
- En fait nous pensions partir. Quelque part dans le nord, répondit Nate, soudain sérieux. Vous avez entendu parler d'un endroit appelé Bloomington ? Mes yeux s'écarquillèrent à la prononciation de ce nom.
- Ouais ! Nora et moi allions là-bas.
- C'est supposé être un grand camp près de Minneapolis. On dit qu'il y a de l'eau fraîche, des terres, et des hivers à vous geler le cul, ça ralentit les rôdeurs.
- Une grosse connerie, oui, répliqua Merles. Deux grandes gueules face à face, cela n'annonçait rien de bon.
- Hé, la grande gueule, là ! Je ne sais pas quel est ton problème, mais n'hésite pas à filer demain matin, s'énerva Nate.
- Ça me va très bien, répondit Merles
- C'est quoi leur problème, Hay ? Me fixa Nate.
- Je t'emmerde, dit Merles.
- Calme-toi, dit à son tour Liam.
- On t'a rien demandé à toi, fit Nate.
- Fermez-là ! Arrêtez maintenant, ce qu'on veut tous c'est passé un dîner tranquille, dis-je.
- Messieurs, s'il vous plaît. Écoutez la petite, ça n'en vaut pas la peine, renchérit Adrian. La journée a été longue, mangez. Hayley, tu peux venir m'aider deux minutes s'il te plait ?
Je sortis de table et suivit Adrian jusque dehors. Sur la terrasse. Il faisait nuit et l'air était froid.
- Je suis désolé pour ça, me dit-il. S'il s'avait, ce n'est rien comparé à toutes les crises de colère que Nate nous avait fait. J'étais prof avant. Et je me souviens de ce que ça fait de se retrouver seul au milieu de deux cliques... Je suppose qu'ils vont rapidement trouver un terrain d'entente. Ça prendra peut être un peu de temps, mais c'est la vie. Tout ira bien.
- Il m'a manqué...
- Et je peux t'assurer que tu lui as manqué aussi. Ils disent que c'est la fin du monde. Mais je vais te dire un secret : c'est faux. Les gens sont encore plus politisés qu'avant. En fin de compte, on ne peut pas changer le monde. La seule chose à faire est de continuer à apprendre des autres : à avoir de l'empathie et à utiliser nos têtes. "Toute guerre est l'aveu d'échec de l'humain en tant qu'animal doué de pensée." Steinbeck. Tu l'as lu ? Je hocha la tête de la droite vers la gauche pour dire non. Eh bien, nous avons tout notre temps pour le mettre à niveau en littérature. Zack, mon partenaire, amasse une énorme collection de livres. Je pense que tu l'aimeras. La morale est : tant qu'on est capable de raisonner, on peut toujours faire le bon choix. Je fit une triste mine. Cela me rappelait le coup de feu de Merles, et puis ces lumières sur le pont... Que se passe-t-il, Hayley ? Tu veux me dire quelque chose ?
- Ce n'est rien. Oublie ça.
Soudain, Nate nous rejoignis, armé de son fusil.
- Hé, ça va ? De quoi vous parlez ?
- Oh, de politique, dit Adrian en souriant.
- Quoi ?
- Venant de Floride, tu dois t'y connaître en politique, Nate.
- Mec, le seul avantage de vivre dans cette apocalypse c'est de ne plus avoir à se préoccuper de ça, répondit Nate. J'allais vérifier les fenêtres à l'arrière avant que la tempête arrive. Vous me donnez un coup de main ?
- Bien sûr, dit Adrian.
Et nous suivons Nate faire le tour du bâtiment avec prudence. Quand arrivé à l'arrière de la maison, une personne était en train d'épier l'intérieur par une des fenêtres.
- Madame ? Dit Adrian. La femme se retourna, prise en flagrant délit. Elle avait une longue chevelure rousse, et la peau d'une blancheur extrême. Elle devait avoir la trentaine.
- S'il vous plaît... Avez-vous à manger...? Dit-elle en levant les mains en l'air, étant menacée par le fusil de Nate. J'ai vue la maison et... J'ai une famille. Et nous sommes affamés. Nous vivons un peu plus bas.
- Bien sûr. Venez, entrez... Mademoiselle...? Dit Adrian, bien trop rapidement. Rose avait raison. Il est bien trop gentil, et si elle faisait partie de l'équipe de Carter ? Nous n'en savons rien.
- Phoebe.
- Adrian, je ne sais pas, dit Nate. Tu vas la laisser entrer comme ça ?
- Ça va, Nate.
- On ne connaît pas cette fille.
- Alors il faudra faire connaissance, n'est-ce-pas, Hayley ?
- Fouille la, d'abord, dis-je, méfiante.
- Merci, beaucoup. Mais la tempête arrive et je dois retourner auprès de ma famille, dit-elle.
- Alors je vais vous apportez quelque chose, répliqua Adrian, le sourire jusqu'aux oreilles.
- Vous n'êtes pas obligés.
- Non, non, c'est bon.
- Mais et les vôtres ? Demande-t-elle.
- Nous en avons plus qu'il n'en faut. Ne bougez pas. Je reviens de suite, dit-il en courant vers la cuisine.
- J'ai euh... Une fille qui te ressemble, dit-elle en me regardant. Quel âge as-tu ?
- Ma vie ne vous regarde pas, répondis-je, sur mes gardes.
- Désolée, je te disais ça comme ça...
Adrian arriva avec un énorme carton qui semblait peser une tonne.
- Voila pour vous, madame.
- C'est trop...
- Non, ça ira.
- Je ne sais pas... Comment vous remercier.
- Aidez quelqu'un d'autre à votre tour.
- Merci beaucoup. Je dois y aller.
- Prenez soin de vous.
- Vous aussi.
Elle me lança un dernier regard et s'en alla.
- Rentre te coucher, princesse. Adrian et moi devons parler un peu.

Survive : Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant