41 : Ready

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Arrivée dans le salon, j'entendis des pleurs de bébé. Je vis Mary adossée contre la fenêtre, se tenant les genoux. Elle se retourna vers moi. Elle avait sûrement dû nous observer, Nate et moi quand nous réparions le camion. Junior était toujours dans son carton, près de Mary.
- Jon et Dimitri parlaient sans arrêt, alors je l'ai mis ici, me dit-elle en me parlant de Junior. Je vins m'asseoir près d'elle quand j'entendis Nate s'énerver contre le camion. J'ai déjà vu ce regard, reprend-t-elle soudainement.
- Il ira bien, répondis-je.
- Hay, il a failli tuer ce garçon, dit-elle immédiatement. "Ça ira" n'est plus d'actualité. Je resta pensive. Hay, je sais que Nate est un brave type. Je parie que Carter aussi était un brave type autrefois. Je fus surprise qu'elle comparé Nate à Carter et resta bouche-bée. Il était sûrement ce genre de mec populaire, mais qui avait de bons résultats en cours, peut-être une jolie petite amie qui était pom-pom girl. Et puis, tout ça est arrivé. Et un jour, il a explosé la tête d'un gamin et il a réalisé que ça ne l'empêchait pas de dormir.
- Nate n'est pas Carter. Il a juste fait une erreur. Il le sait.
- Tout ce que je dis c'est, pense à ce qui peut se passer si tu as tort. Je le regarda par la fenêtre tandis que Mary continuait son discours. Ça fait longtemps que vous vous connaissez. Tôt ou tard, il faudra que tu décides si ça en vaut le coup. Je baissa la tête. Je ne savais pas quoi en penser. Nate déraillait vraiment ou Mary m'induisait-elle en erreur ? Peut-être par jalousie. Soudain, le bébé se mit à pleurer. Je crois qu'il a faim ou... je sais pas. Je pris Junior dans mes bras, et ses cris cessèrent. Je sentis le regard de Mary m'observer avec admiration. On dirait que tu as fais ça toute ta vie, dit-elle soudainement sans me lâcher du regard.
- C'est pas de la neurochirurgie, répondis-je en ricanant.
- J'ai l'impression que je le laisserais tomber...
- Ok, je me charge du bébé, dis-je. Mary ne cessait de me fixer avec inquiétude et réflexion. Je me demandais ce qui se passait dans sa tête à ce moment-là. Je rompis le silence. Il ne reste pas grand-chose.
- Il y a longtemps, je faisais la route avec des gens près de Washington. Un type s'est retrouvé coincé sur un passage piéton. J'ai oublié son nom. Il m'appelait tout le temps Mary Jane. C'était un connard. Bref, cet abruti s'était coincé sous une voiture en se cachant d'une douzaine de rôdeurs. Ils sont tombés les uns après les autres en tentant de le sauver. On en a perdu quatre avant de le tirer de là.
- Et... il s'en est sortit ? Demandais-je. Elle secoua la tête pour dire non.
- On ne s'est aperçu qu'après qu'il avait été mordu. Il s'est transformé et a ouvert la gorge de cette vieille dame. Son expression était... elle fixait juste le ciel. Comme si elle regardait un oiseau. Écoute, Hay- soudain, le camion démarra. Je vis Jon, par la fenêtre, courir vers Nate pour le féliciter.
- Il l'a réparer ! M'écriais-je, excitée. Je rejoignis Nate dehors, tandis que Mary resta figée à regarder la scène par la fenêtre, au chaud.
Pheobe était là, à son tour.
- Ça marche ? Demanda Jon à Nate.
- Qu'est-ce que je t'avais dis ? Souriait-il, assis sur le siège du conducteur.
- Alors, c'est quoi le plan ? Demandait-il, anxieux. - Combien de provisions il nous reste ? Intervient Mary.
- Commençons par nous abriter de la neige, dis-je.
- Tout à fait d'accord, répond Jon.
- Je suis d'accord, ajouta Mary. Nous devrions repartir au sud.
- Quoi ? S'interloqua Nate.
- On va mourrir de froid. Je ne sais pas qui a eu cette idée stupide au départ, mais elle était mauvaise.
- Elle a raison, renchérit Jon.
- Si on retournait à Howe ?
- Hein, quoi ? De la merde, je pensais plus au Texas, s'exclama Jon.
- Au Texas ? N'importe quoi ! S'écria Nate.
- C'était juste une idée.
- On en a déjà parlé !
- Désolé, t'en es sûr ?
- On va à Bloomington. Pas vrai, Hay ? Tout le monde se retourna vers moi.
- Je suis d'accord avec Nate. On devrait aller tenter notre chance là-bas, dis-je.
- Exactement, répond Nate.
- Hayley... Mary me regarda étonnée.
- Mon amie Nora. Elle m'a parlé de Bloomington il y a longtemps, Mary. Cet endroit existe ! Pheobe secoua la tête comme signe de désespérance.
- Écoutez, je me contre-fou de ce que vous pensez. C'est moi qui a réparé ce camion, alors c'est moi qui décide où on va, et on va vers ce putain de nord. C'est la meilleure chance qu'on a de survivre, dit Nate.
- Et Dimitri ? Demanda Jon.
- Qui ? Oh, le Ruskoff ? Eh ben, il vient pas.
- On devrait lui demander ce qu'il veut, dis-je.
- Quelle idée intéressante, répliqua Mary.
- Il connaît la région, il peut nous aider, répliqua Jon.
- Ah ouais ? Il nous a tellement aidé qu'il a fait tuer Liam et en plus pour quoi ? Deux misérables boîtes de conserves ?!
- Je ne dirais pas qu'il a été d'une grande aide dans ce cas, mais peut-être que si tu l'avais lâcher un peu, il ne se serait pas sauver. Tu as pensé à ça, Nate ?! S'énerva Jon.
- De toute façon, je ne pars nulle part au milieu de la nuit, ajouta Mary.
- Ouais, moi non plus, dit Jon. Il pourrait y avoir une horde dehors.
- Tu veux avoir le sang de cet enfant sur les mains, Jon ?
- On va TOUS mourir ici si tu ne te calme pas vite fait, Nate.
- La journée n'a pas été suffisamment remplie ? Intervient Mary.
- Putain de merde. Hay, tu te souviens de la dernière fois où on a eu une voiture en état de marche et qu'on a pu poser notre cul ? Je ne répond pas. Je savais que je devais soutenir Nate, mais la tension était si forte que je ne voulais pas en rajouter. Alors je me tût.
- Je rentre, signala Mary.
- Bordel ! Nate s'emporta et monta dans le camion en claquant la portière.
- Tu ne peux pas nous abandonner comme ça ?! Criais-je tandis que Pheobe et Jon s'échangèrent des regards étranges, puis partirent à leur tour. Je décida de raisonner Nate. Je monta côté passager, tandis qu'il enlevait son bandage en se regardant dans le rétroviseur.
- Tu le crois toi, Hay ? Dit-il en remettant son bandage en place. Je leur amène un camion en état de marche et ils réagissent comme si j'avais chié dans leur petit-déj ! Je savais qu'il manquait une case à Mary mais Jon... il m'a déçu.
- Ils ont peur de toi, Nate, dis-je.
- Eh bien, si leur plan c'est d'errer dans les bois, ils vont avoir peur de bien plus que de moi.
- Tu m'as écoutée ?!
- On a tous peur ! Il respira puis reprit avec calme. Écoute, il nous reste peut-être un jour de nourriture pour ce gosse. C'est tout. Hay, pense à Janet et Heath. Réfléchis, que se serait-il passé si Shawn n'avait pas retourné la moitié de Boston pour te retrouver ? Beaucoup de personnes sont mortes pour en arriver là.
- Peut-être qu'il n'aurait pas dû, dis-je en versant une larme. Je n'avais pas vraiment pleurer depuis sa mort.
- Ne dis pas ça ! Tu sais ce qu'il a sacrifié pour toi ? Ce que j'ai fais ? Ça veut dire quelque chose, merde ! Il soupira. J'aimerais que Shawn soit là. Tu crois qu'il dirait quoi ? Je fixais mes pieds, m'efforçant de ne pas pleurer. Il me manquait tellement. Et puis, je me souvenais de tous ses efforts afin que le groupe reste soudé, il disait que c'était notre force.
- Je crois qu'il dirait... d'essayer de garder le groupe soudé... et... de couper mes cheveux. Il se mit à sourire.
- On ne peut pas abandonner cet enfant. Sinon à quoi bon continuer ? C'est ce que savaient les gens comme Shawn. Et que des personnes comme Mary ne comprendront jamais. Écoute, je sais que Bloomington est peut-être un bobard. Mais il n'y a pas de fumée sans feu. Nora en a entendu parler aussi, non ? J'acquiesça d'un hochement de tête. Tu sais, quand je t'ai vu au pavillon, j'ai cru que je rêvais. Et quand tu t'es assise avec ces gens au dîner... eh bien, j'ai su que tu étais réelle. Que tu avais grandis. Ouais, j'ai été triste car je me sentais nostalgique. Mais j'étais si fier de toi... fier de ce que tu étais devenue. Une vraie guerrière, une battante. Sans toi, sans Shawn... ça a été si dur de survivre. Il n'y a pas eu un seul jour sans que je ne pense à toi, Hayley. Il prit ma main et y déposa un baiser. Et maintenant tu es là, je sais que tu seras toujours là pour moi. Comme moi, pour toi. On se l'est promis. Et j'ai besoin de toi pour arriver à Bloomington.
- Ouais, mais nous n'y arriverons pas seuls. Nous avons besoin des autres, dis-je.
- C'est pour ça que je dois pouvoir compter sur toi, Hay. Nous devons les convaincre. Toi et moi. Écoute, on verra ça demain matin. Viens, allons se coucher. Pour être prêts.

Survive : Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant