27 : Unforgivable

33 4 0
                                    

Après plusieurs heures de marches, le soleil se leva enfin, révélant la verdure de la forêt. Nous n'avions toujours pas retrouvé le reste du groupe. Mary était un peu plus loin devant, et moi j'aidais Janet à marcher. Elle était encore essoufflée et ses contractions ne l'aidait pas. Nous étions toujours bouleversées après ce qu'il s'est passé au refuge de Carter. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il ne reste que nous, et que je ne reverrai plus jamais Liam, Hanna ou même Nate, et que c'était peut être mieux comme ça après ce que je lui ai fait. Je n'ai même pas pu leur dire au revoir... Ce silence régnait désormais depuis près de quatre heures et brouillait mon esprit de pensées horrifiantes.
- Est-ce que... Tout va bien ? Dis-je à Janet, afin d'arrêter de penser.
- Non. Ça ne va pas, répond-t-elle en tenant son ventre comme s'il allait s'écrouler. Mais ça ira beaucoup mieux quand on aura rejoint les autres. Je dois m'assurer que tout le monde s'en est sorti... Liam, Hanna, Nate... Bon sang, et s'ils ne sont pas là ?
- S'ils ne sont pas là... Il n'y a rien qu'on puisse faire, intervient Mary.
- Ne dis pas des trucs comme ça !
- Bien. Désolée.
- Bon sang, je ne sais même pas si on est en sécurité. Et si la horde nous suivait toujours ?
- On veillera les unes sur les autres, dis-je soudainement.
- Tant qu'on garde un bon rythme, reprend Mary.
- Je sais, je sais... C'est juste que... Je vais aussi vite que je peux, répond Janet, à bout de souffle, un peu à la traîne. Je sais que je devrais me sentir soulagée qu'on se soit évadées, mais je ne peux pas m'empêcher de penser aux autres. C'était stupide.
- Quoi donc ? De s'échapper ?
- Écoute, je sais qu'on a décidé d'utiliser la horde pour sortir... Mais peut-être qu'on aurait dû être plus patients.
- Ça a marché.
- T'appelles ça marcher ? On aurait pu, je sais pas... !
- Le principal c'est qu'on s'en soit sortit, dis-je. Du moins, la plupart d'entre nous.
- Écoute, je sais que certains de vos amis ne s'en sont pas sortis, mais Carter était fou. Rester n'aurait fait que retarder l'inévitable. Je dis simplement que si personne n'avait paniqué, les choses se seraient mieux passées.
- Bien sûr qu'on a paniqué ! On avait peur !
- Le plan était bon. Son exécution était merdique.
- On dirait vraiment que tu veux leur foutre ça sur le dos.
- Quoi ? Non ! Non, ce n'est pas ce que je veux dire. C'est juste que... Soudain, Janet s'arrêta en poussant un cri de douleur. On s'arrêta également et s'approcha d'elle.
- Je dois m'arrêter, dit-elle. Je suis désolée, je ne veux pas vous ralentir. Est-ce que je peux prendre une minute ? Mary semble hésitante.
- Euh... Ouais. Repose toi un peu.
- Merci, dit-elle avant de se mettre à pleurer. Heath était censé être là, avec moi.
- Qu'est ce que tu vas en faire ? Demanda Mary spontanément.
- Qu'est ce que tu insinues ? S'énerve Janet.
- Euh, désolée. Je faisais juste la conversation. C'était rien, bafouille-t-elle en se grattant la tête.
- Non ! Qu'est ce que tu insinues ?! Faire avec quoi ? Mon bébé ?!
- J'essaie d'imaginer le pire scénario possible, c'est tout. Hayley et toi ne serez pas capables d'élever un bébé toutes les deux.
- On le protégera, ensemble, dis-je pour calmer les choses.
- Et même si c'est le cas, tu ne peux pas protéger tout le monde.
- Et tu penses que je n'en serais pas capable, continue Janet. C'est pas parce que tu es une solitaire agressive qui se fout de tout le monde sauf d'elle même, que tu sais tout mieux que tout le monde !
- Hé ! J'ai déjà vue cette situation. Quand tout ça a commencé, ma soeur et moi... On était...
- Quoi ? Elle est morte ?! Mary resta bouche-bée. Je n'ai pas besoin de ta pitié !
- Tu n'as... Tu n'as pas le droit... Elle s'empressa de continuer sa route toute seule.
- Mary ! Elle ne le pensais pas ! Lui disais-je, essayant d'arranger les choses. Mais elle nous ignorait. On décida de la suivre. Elle gardait malgré tout ses distances avec nous.
Après avoir traversé les champs de maïs, les ponts, et les bois, nous arrivions enfin à destination. Au loin, je vis une chevelure rousse et un grand black. Pheobe et Jon.
- Putain de merde ! S'écria Jon, à la fois heureux et impressionné de nous revoir en entier.
- Ça fait un moment. On commençait à s'inquiéter de ne voir personne arriver. L'endroit était grand. Un parking avec une petite supérette. Le lever du soleil rendait le ciel orange, reflétant sur les montagnes au loin. Bon avec un peu de chance, on va peut être trouver un plan.
- Où sont les autres ? Demandai-je.
- On espérait que tu le saurais.
- Ce monument est un lieu de rendez-vous mais impossible de s'y installer à long terme, dit Jon. C'est clair, c'était vide, sans remparts, ni sécurité. On pouvait se faire attaquer d'une minute a l'autre.
- Je t'ai dis c'est pour ça qu'on attend. Et dès que tout le monde sera ici, on trouvera quelque chose d'autre, s'écria Pheobe avec bonne humeur.
- Tu voulais partir sans nous ? S'indigna Janet.
- Quoi ? Non ! Je voulais faire une excursion et essayer de trouver tout le monde, répond Jon, aussitôt.
- Qu'est ce que Nate veut faire ? Demandais-je, il me paraissait évident qu'il était dans le coin, vue qu'il restait aux côtés de Jon pendant l'émeute. Puis Jon et Pheobe se lancèrent un regard qui ne me disait rien de bon.
- J'ai essayé de parler à Nate et il a pété un plomb. Il a commencé à hurler, ça faisait peur à voir, dit Jon.
- Je ne crois que c'était l'effet escompté mais ça faisait vraiment flipper, rajouta Pheobe. Ils se retournèrent et entre eux deux, je vis la silhouette d'un jeune homme musclé, tout transpirant, remplit de sang de la tête aux pieds. Il était assis sur un rocher, la tête vers le sol.
- Sérieux, je suis nerveux à la réaction qu'il aura quand il aura émergé.
- Quoi ? Tu penses qu'il te tirerait dessus ? S'exclama Mary.
- Dans son état actuel, j'en sais rien. Peut-être.
- J'ai déjà vue Nate comme ça avant... Dis-je.
- Tu penses qu'il... Je sais pas, qu'il reprendra ses esprits ?
- Je pense. Ça finira bien par arriver.
- Hay, je pensais que vue que tu es là, tu pourrais peut être aller lui parler ? Me demanda gentiment Pheobe. J'acquiesça, un peu nerveuse après les derniers mots qu'il m'a dit.
Je m'avance vers lui.
- Rose... Bon Dieu, où que tu sois... Pardonne-moi... Je ne peux pas me retrouver à nouveau seul... Disait-il, un pistolet à la main. Apparement, j'arrivais pile au bon moment. Celui où je devais le raisonner, ne pas le laisser faire n'importe quoi.
- Salut... Nate, ce sont les seuls mots qui me soient venus en esprit... Il me regarda avec des yeux d'assassins. Il me faisait peur, pour la première fois.
- Tu crois que je ne sais pas de quoi vous parlez tous, là-bas ? Crachait-il avec dégout. C'est quoi le problème de Nate ? Pourquoi est-ce qu'il agit comme ça ? Tu penses qu'il va bien ? C'est tout ce que j'entends ces temps-ci.
- On a besoin de ton... Aide pour définir un plan.
- Grandis un peu et regarde autour de toi, Hayley. Regarde bien à quel point notre plan précédent à fonctionné à merveille. Il n'y a pas de train ou de bateau ou d'autre connerie pour se sortir de ce merdier. Tu ne penses pas que tu en as fais assez pour aujourd'hui ?!
- J'ai fait ce que je croyais être le bon choix. C'est tout ce que je pouvais faire.
- Tout ce que tu pouvais faire ? À cause de toi, Rose est MORTE et tu dis que tu as fait "tout ce que tu pouvais" ? Tu penses que parce que tu es une jolie fille, tu peux laisser les gens se faire tuer et que personne ne s'en préoccupera ? Que parce que tu es désolée, tout disparaîtra par magie ?! C'est pas comme ça que ça marche ! Bon, pour la dernière fois, casse-toi d'ici et laisse-moi tranquille !
Je suis partie. Ses mots m'ont arraché le cœur, je n'avais qu'une envie : pleurer. Car je venais de perdre mon ami. Entre Nate et moi, ça a toujours été si... Fusionnel. Nous étions si complices. Et tout venait d'être détruit en un fragment de seconde. Comment peut-on détruire plusieurs années de magnifiques souvenirs en une seule putain d'erreur ?! Je m'en voulais tellement, je venais de le briser, de tout éclater entre nous. Et je ne pouvais pas faire marche arrière. Je ne pouvais rien faire cette fois-ci pour me rattraper, car c'était impardonnable.

Survive : Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant