31 : Shades

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Arrivée près de la rivière, un bâtiment délabré se présente face à moi. Des tables de pique-nique en bois étaient mises en place en face de l'entrée. Mary était assise sur l'une d'elle. Je l'a rejoignis.
- Oh, salut, me dit-elle.
- Tout va bien ? Demandais-je.
- Ouais... ouais. Elle secoua la tête pour dire non. Il s'est passé beaucoup de choses aujourd'hui. Et je ne sais pas si... c'est parfois utile d'avoir quelqu'un pour surveiller ses arrières. Alors, viens. Partenaire. Elle me sourit, apparement heureuse que je l'accompagne dans sa mission. Cela fait des années qu'elle joue les solitaires, ça doit lui faire tout drôle d'être accompagnée désormais.
- Tu sais, tu n'as pas l'air... bien.
- Ah ? Bah non... mais qui l'est ces temps-ci ? Occupons-nous simplement de ça pour le moment. Nous montons l'escalier en métal extérieur afin d'acquérir la terrasse. J'espère que cet endroit est ce qu'il nous faut. On aurait tous vraiment besoin d'un peu de répit. Une fois en haut, Mary s'attarda sur quelque chose. Regarde ça, me dit-elle, à peine arrivée. Cette grille est encore verrouillée. Ce qui veut dire qu'avec un peu de chance, personne n'a eu accès à ce qui est enfermé là-dedans.
- Si c'est fermé, il y a peut-être encore de la nourriture, dis-je, avec espoir.
- Oui, c'est ce que je pensais, me sourit-elle. Hm... je peux peut-être crocheter la serrure. Elle s'approcha de moi, et fouilla dans ma poche de blouson.
- La lime à ongle... dis-je, un peu surprise.
- Ne sous-estime pas l'importance de l'adaptabilité. Elle commença à crocheter la serrure. Tu sais, euh, essayer un truc plus lourd sur ce machin serait pas mal. Vois si tu trouves un truc plus gros. Il faudrait peut-être détruire le mécanisme.
Tandis qu'elle trifouilla la serrure avec ma lime à ongle, je fis le tour de la terrasse. Il y avait en plein milieu un canon. Je m'interrogeais dessus.
- Tu crois que ce truc marche encore ? Elle se mit à rire.
- Regarde la gueule, Napoléon. Ils les remplissent de ciment pour plus de sécurité.
Dommage, je commençais déjà à me faire des scénarios sur l'effet que ça ferait sur ces satanés morts-vivants. Un peu plus loin se trouvait deux télescopes, un de chaque extrémité. Puis un écran d'information au centre. Je regarde dans l'un des télescopes.
- Je vois des bâtiments de l'autre côté de la rivière. Je crois voir une église...
- Le pont le plus proche est à des kilomètres en amont. Janet n'y arrivera pas dans son état.
- Mary ! Quelqu'un vient vers nous. Elle s'arrêta immédiatement et prit un air de guerrière. Elle m'emmena près d'elle et nous nous accroupissons derrière la rambarde. Un jeune homme venait dans notre direction.
- Merde, merde, merde. Il vient par ici, chuchotait-elle.
- Pourquoi vient-il ici ?
- Aucune idée... mais il faut le surveiller et voir ce qu'il cherche. Je n'aime pas savoir des étrangers en train de fouiller trop près.
- Je vais le distraire et tu pourras te glisser derrière lui.
- Bonne idée. Il arrivait dans les escaliers. Merde, cache-toi, vite.
Le jeune homme boitait. J'étais derrière le canon tout en l'observant par dessous. Il portait une prothèse en fer à la jambe droite. Il avait un bidon d'essence dans les mains.
- Salut, dis-je. Il se retourna immédiatement et pointa son pistolet dans ma direction. Il portait des lunettes cassées. Je leva les mains en l'air. Je ne te veux pas de mal. Il avait l'air paniqué, il tremblait comme une feuille. Qui es-tu ? Il avait l'air d'avoir mon âge.
- Je suis Dimitri. Il n'avait pas encore mué et il avait un fort accent russe. Je vais m'en aller. Je ne veux pas tirer. Mary était derrière lui, et se rapprochait de plus en plus.
- Ok. Je m'en vais. Je te laisse tranquille.
- Ok, je ne vais pas... Mary prit le revolver d'une main, et recouvra sa bouche d'une autre. Elle le poussa et le menaça à son tour.
- Recule, ordonne-t-elle. Pose ton sac. Il exécuta. Hay, vérifie qu'il n'a pas d'autre arme là-dedans.
- Non, je n'ai pas d'autre arme. Je le jure !
- Alors ? Son sac était rempli de médicament et de soin. Wow, lâcha Mary quand je lui montra l'intérieur. C'est un sacré stock de médocs.
- Non, non, non ! Prenez ce que vous voulez, mais pas les médicaments. C'est pour ma petite sœur.
- Si ces médicaments sont pour ta sœur, alors pourquoi tu les caches dans la poubelle ? Demandais-je, suspicieuse.
- Je dois les garder... je dois les mettre à l'abri.
- Sœur ou pas, nous en avons vraiment besoin, se rapprocha Mary en collant à présent le pistolet sur son front.
- Non ! Vous n'êtes pas des gens gentils. Vous m'avez déjà laissé sans défense et maintenant vous prenez les médicaments de ma sœur ? Vous êtes *parle russe*.
- Hé ! Des gens de notre groupe souffrent. Ils ont besoin de ces médicaments. Liam souffre encore de sa séance avec Carter, Nate est en vrac, Janet a mal... regarde tout ça, Hayley, on en a besoin !
- Mon groupe souffre tout autant que le tien. Vous n'êtes pas spéciaux !
Je referma le sac.
- Tu ne les prend pas ?
- Je ne suis pas une voleuse. Laisse-le partir.
- Merci, merci ! Hayley, merci !
Mary baissa son arme, puis lança un regard tueur à Dimitri. Soudain, elle se jeta sur lui et le tenait au bord de la rambarde, toujours le pistolet pointé sur son crâne.
- Mary ? Qu'est-ce que tu fous, bon sang ?!
- Que je ne te revois plus JAMAIS ici ! Je me fiche de savoir si tu as une sœur malade. La prochaine fois que je te vois... tu ne t'en tirera pas à aussi bon compte. Va t-en. Elle le lâcha mais le bouscula. Il s'empressa de reprendre son sac, et repartit aussi vite qu'il le pouvais. Regarde où j'en suis arrivée... à menacer un gamin stupide... elle se cogna la tête entre ses mains et regarda le paysage vue d'ici. Je lui caressa le dos pour lui montrer mon soutien, malgré tout.
- Allons rejoindre les autres, dis-je.
- Ouais... va chercher les autres. Je vais ouvrir ici et il faudra s'installer.
Je lui lança un dernier regard avant de descendre les marches et d'apercevoir une silhouette au loin. C'était Liam.
- Hayley ! Hay ! Hé ! Criait-il. Alors cette terrasse ? J'étais avec Janet et Nate et ils n'avaient pas de tes nouvelles depuis un moment.
- On pourrait rester à l'abri ici cette nuit. Janet pourrait avoir le bébé. Du moins, si on ne trouve pas mieux.
- C'est pas une mauvaise idée. Je vais vérifier. Est-ce que Mary est toujours là-bas ?
- Ouais. Elle essaie d'ouvrir la boutique de souvenirs.
- Tu sais, je ne l'a comprend pas. Et je ne sais jamais si elle n'aime pas les gens en général, ou si elle ne m'aime pas moi.
- Je l'aime bien. Elle est honnête. Et elle sait ce qu'elle fait.
- Ouais. C'est pas mal plus que la moyenne des gens ici. Mary semble être le genre de personne forgée par les difficultés. Tu vois ? Mais quand je regarde Nate maintenant, il est... il semble brisé. Et les gens brisés deviennent imprudents. Il n'y a que toi qu'il écoute, tu es la seule à pouvoir le guider.
- Peut-être. Mais tu te trompe, il n'est ni faible, ni imprudent. Nate est plus fort que nous tous réunis. Il essaie de nous protéger.
- Tu sais, je pensais que... que peut-être, toutes ces horreurs ne t'avaient pas encore atteinte. Mais tu as regardé ton ami assassiner Carter. Pas simplement le tuer, mais... Hay, tu n'as même pas sourcillé.
- Peut-être que, Nate et moi, sommes autant fous l'un que l'autre.
- J'espère simplement que tu ne deviendra jamais comme lui. Comme Carter.
Le ciel était magnifique. Des nuances de bleu se dégradaient en violet, puis en rose. J'adorais les nuances infinies que le ciel pouvaient avoir. Ça me rappelait finalement, toutes les nuances possibles que pouvaient avoir quelque chose. Ou même quelqu'un. Et si Liam avait raison ? Je suis gentille, sincère et d'un autre côté je peux être complètement barrée et dangereuse. J'ignorais combien de nuances je pouvais avoir.

Survive : Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant