- J'ai toujours dit que ta répartie te causerait des problèmes.
Mike soupirait en passant les mains sur ses bras tatoués au henné. Mike adore les tatouages et il attend avec impatience l'âge légal pour s'en faire. Je ne parvenais pas à me calmer. Je sais que ça ne se voyait pas extérieurement, je ne faisais que tourner et tourner une mèche de mes cheveux trop longs entre mes doigts. Mais intérieurement. En moi. Dans mon cerveau et dans mon sang je m'arrachais cette mèche, la piétinais, la brûlais avant de recommencer avec une autre. Je me détestais d'avoir parlé trop rapidement et d'avoir donné une telle source d'idées à ces moutons. Je savais que je ne m'en voudrais pas autant pour une personne lambda mais là il s'agissait de Kellin. Et je l'aimais. Peut-être pas d'un amour d'adulte. Pas de celui où on se promet de rester ensemble jusqu'à la fin de nos jours et d'avoir des enfants. Je l'aimais d'un amour d'adolescents. Pas une amourette, non. Non un amour d'ado, celui qui veut qu'on fasse toutes les bêtises inimaginables ensemble, qu'on se couche à pas d'heure en regardant des séries de seconde zone. Celui où on est juste bien avec la personne à côté de nous. Et maintenant je l'avais perdu. Je savais que certaines personnes penseront que j'exagères. Mais j'aimerais leur crier à la face que non. Ce que j'avais fait était comme donner une arme à un fou.
- Vic ? Tu vas bien ?
- Mmh... J'ai l'air de ne pas aller bien ?
- Non justement. Mais je suis ton frère depuis 14 ans. Je te connais et je suis sûr en ce moment que tu hurles intérieurement.
Je lui souris gentiment.
- Au fond j'ai envie d'aller le voir pour me faire pardonner. Mais je sais que je ne me ferais que jeter et que cela ne nous fera que plus de mal à nous deux.
- Laisse l'eau couler sous les ponts, Vic.
- Tu m'as entendu où celle-là ?
- Le prof d'anglais.
Je savais que j'allais entendre cette expression pendant encore longtemps, comme à chaque fois que Mike en apprenait une nouvelle. Peut-être que c'était ça dont j'avais besoin. Retrouver mes habitudes. Depuis que Kellin s'était assis dans ma classe, il avait envahi mon groupe d'amis, ma famille, ma maison, ma chambre et mon cerveau. Peut-être devais-je m'éloigner de Kellin. Retrouver l'ancien moi. Celui qui n'avait pas de problèmes. Celui qui ne connaissait pas Kellin Quinn.
Kellin Quinn.
Kellin.
Quinn.
Quinn.- Vic ? m'appela Mike.
- Oui ?
- Je ne sais pas quoi te dire. J'ai jamais connu ça. Mais juste... s'il-te-plaît, ne fais rien de stupide.
J'avais cruellement que c'était ce que j'avais l'intention de faire. Mais je devais le faire. Comme si c'était une évidence. Mais mon petit frère allait mourir d'une crise cardiaque avant ses 17 ans si je lui disais tout ce qui me passait par la tête.
- T'inquiètes pas.
"Je dois aller en cours" tentais-je de me convaincre.
Je regardais mon plafond avec des yeux de merlan-frit, sans conviction. Mes forces avaient abandonné mon corps, mes bras reposant contre mon matelas comme des poutres de fer sur du goudron. "Je suis vraiment obligé d'y aller ? C'est le jour de repos de papa, il restera à la maison donc oui, je suis vraiment obligé d'y aller. À moins que je fasse ma technique du lit ?" Je tendis l'oreille et entendis le bruit caractéristique de la cafetière, signe que ma mère était bel et bien debout. "Dommage pour la technique du lit. Il me semble que j'ai plus le choix et que je dois me lever." Je râlais et poussais mon corps hors du lit. Je m'étalais sur le sol, ma tête percutant l'amas de livres qui s'accumulaient au pied de mon lit. Ma chute dû faire du bruit car mon frère poussa la porte de ma chambre pour me demander, nonchalant :- Tout va bien ici ?
Je levais mon pouce en l'air, toujours grognant.
- Bouges toi, Vic. Si tu veux te faire pardonner de Kellin, tu ferais mieux de ne pas être en retard pour aller le chercher.
Je remis mon cerveau en place alors que je descendais les escaliers. Kellin ... Non. Quinn. Il s'appelle Quinn. Je me frappais les tempes et aperçus le regard interloqué de Mike, je choisis de l'ignorer et préparais mon petit-déjeuner avant de me préparer psychologiquement à cette journée.
Je dis un dernier au revoir à mon père encore ensommeillé. Je me lançais sur le chemin, les écouteurs dans la main gauche alors que je les placais dans mes oreilles de ma main droite. Je balançais ma tête en arrière d'un mouvement familier pour dégager mes cheveux qui obstruaient mes oreilles. Je prenais ensuite mon portable et l'allumais. Je m'arrêtais en fronçant les sourcils alors que mon écran restait noir et qu'une pile vide clignotait au centre. Plus de batterie, vraiment ? Je frappais le pied contre le sol, prêt à envoyer mon portable au loin avant de me ressaisir. J'avais du le laisser allumé pendant la nuit et il s'était déchargé. Je n'aimais pas faire le trajet jusqu'au lycée sans musique, je détestais rester au lycée sans musique. D'ailleurs je détestais faire quelque chose dans musique. Tout était plus lent, plus ennuyant, sans saveurs. Le chemin me semblait plus long, moins intéressant. J'hésitais à passer devant chez Quinn avant de me décider à ne pas tenter le diable. Le lycée avait du appeler ses parents et Ke... Quinn devait leur avoir raconter ce qu'il s'était passé et ce qu'il croyait savoir. La mère de Quinn m'aimait bien mais j'avais la curieuse impression que si j'essayais d'approcher son fils, elle me pourchasserait avec un rouleau à pâtisserie dans les mains. Je me décidais à aller directement au lycée sans prendre en compte Quinn. J'étais déjà assez en retard comme ça. Je trottais donc jusqu'au lycée, essayant d'adopter un air impassible alors que l'angoisse me dévorait les intestins, éparpillant du sel sur mes plaies. Qu'allait-il se passer aujourd'hui au lycée ? J'étais définitivement sorti de mon ombre et ma conscience me murmurait, à raison, qu'on m'avait collé une réputation d'ado cruel, mesquin, sans coeur ni pitié. Peut-être que c'était vrai. J'avais envie de me gifle mentalement, encore, tandis que les portes de l'établissement se dressait, tels des portes de prisons, immenses et grillagées. D'habitude je ne les remarquais pas mais là, le manque de musique me faisait relever la tête et remarquais ma taille minuscule comparé à ces portes. Les élèves étaient encore dans la cour et leurs cris n'étaient pas couvert par une habituelle voix féminine rocailleuse et rageuse. Je m'arrêtais sur place en sentant une main se poser sur mon épaule. Elle était trop grande pour appartenir à Kellin. D'autres mains se joinrent à elle alors que je me retournais. Des dernières années me frappaient dans le dos avec des tapes soit disant amicales.- Tes vraiment un tordu toi, mais je t'aime bien.
- T'es vraiment un enfoiré, Fuentes. Mais j'aime ça.
Ils me souriaient tous avec des sourires de requins qui accueillent un nouveau-né. Ma conscience avait raison, j'étais sorti de l'ombre pour être vu comme le salopard de service.
- Ta victime favorite est déjà arrivé, Vic. T'es en retard, dit un autre.
Ma victime ? Ils parlent de Kellin ? Je tournais la tête dans tous les sens pour le trouver sans l'apercevoir. Je me guidais aux rires. Aux rires inhumains et stridents que l'on associait immédiatement à un spectateur d'un show humiliant. Encore une fois, j'avais vu juste et mon sang se glaça, tétanisant mes membres sur place. Kellin était, une nouvelle fois au milieu du cercle, son sac éparpillé par terre alors qu'il protégeait sa tête de ses mains. Ce n'était pas ça qui m'avait paralysé, non. Aussi coûteux que cela soit, je devais admettre que c'était une vision qui m'était malheureusement devenu coutumière. Même si je faisais tout mon possible pour qu'elle arrive me moins souvent. Ou que j'avais fait mon possible. Ce qui me faisait peur, c'était Kellin. Il ne se protégeait plus des coups. Il avait juste passer ses t'as autour de sa tête mais il n'essayait plus de se soustraire à la pluie de poings et de crachats.
- Vic tu veux te joindre à nous ?
La voix de Mike me perça les oreilles et percuta mon cerveau comme un insecte indésirable. Je savais qu'il me testait, me défier de venir sauver Quinn. Les yeux de ce dernier n'étaient plus cachés par ses mains et j'avais l'impression d'y discerner de la peur mais aussi de l'espoir. Je me souvenais de ma prolesse, celle de retrouver l'ancien Vic, d'oublier le nom même de Kellin Quin puisque je n'étais pas a même de le protéger. Je lui jetais un dernier regard avant de me détourner, non sans avoir vu son expression, celle qui hurlait son envie de mourir.
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Bulletproof Love ( w/ Vic Fuentes and Kellin Quinn)
FanfictionKellin commence sa scolarité à San Diego. Alors qu'il déboule dans la salle qui était en plein devoir, il tombe sur le plus beau garçon qu'il n'avait jamais vu. Génèse de Protection.