Chapitre 4

352 42 9
                                    

- Victor, le prof te regarde ! 

Je gémis une plainte en gardant les yeux fermés entre mes bras. 

- Victor ! 

Je grogne et frotte ma tête contre mon bras gauche. Mon voisin sembla enfin me laisser en paix et je replongeais peu à peu dans mon sommeil. Je rouvris les yeux, en colère quand mon voisin me frappa derrière la tête. 

- Mais t'es fou ? chuchotais-je. 

- Le prof te regarde. 

Je me frottais l'arrière de la tête en jetant un coup d'œil à l'adulte de la classe qui me jetais un regard désespéré. Je levais les yeux au ciel et regardais mon voisin, Kellin. 

- Tu as fait quoi hier pour être aussi fatigué ? 

Je repensais à cette soirée que j'avais passé à lire un dernier, lynchant mon envie de dormir tout en maintenant mes yeux ouverts. Dur combat mais je ne mettais endormis que sur les coups de 5 heures, autrement dit, deux heures avant de me lever. Mon livre était passionnant sûrement trop pour que quelqu'un d'autre comprenne mon obsession pour 1984 de Orwell. Ce mec était un génie en avance su son temps. La porte de la salle s'ouvre sur un Mike visiblement heureux d'interrompre le cours avec plus d'une heure de retard. Le professeur ne fit que hausser les épaules en autorisant le retardataire à rejoindre sa place d'un geste dédaigneux Dès que le blond peroxydé était arrivé dans la place, mon colocataire de table s'était relevé et je sentais les battements de son coeur triplaient de vitesse. Il n'avait désormais plus que yeux pour Mike se transformant en un tas d'hormones prêt à exploser. Mike se mit derrière nous, poussant tel un gamin mon sac jusqu'au fond de la rangée et se pencha sur son bureau pour embrasser Kellin à pleine bouche. 

- Mike ! Voulez-vous bien vous calmez oui ? Arriver à la moitié du cours devrait déjà vous donner un aller simple pour le bureau du directeur.  

L'embrasseur se recula pendant que l'embrassé refoula un cri de joie, un sourire niais, stupide, naïf, imbécile bref débile sur les lèvres. Je repris mon cahier et notais les marques et signes incompréhensible que mon prof de sciences avait tagué sur le tableau. Ainsi donc le nouveau venait de baisser dans mon estime aussi rapidement que Alderande fut détruite dans Star Wars. Il faudrait que je pense à remercier Tony de me donner d'aussi bonne référence et comparaison. Je m'efforçais de ne pas hurler quand les deux tourtereaux se passèrent des messages pendant plus d'une heure. J'avais malgré moi, quand même de la peine pour Kellin. Je savais d'expérience non-personnelle que son idylle se terminait d'ici un mois maximum, Mike n'était pas du genre à garder être amoureux fou même si il était un très bon acteur pour le faire croire. Bref, je détestais ce genre de personne. La fin du cours vint, je pris mes affaires, allais chercher mon sac à l'autre bout de la rangé, l'envoyant sur ma table faisant sursauter Kellin et frapper Mike avant de sortir. Je passais au self, attrapa un sandwich et arrivais dans la cour du lycée près du coin fumeur. Mon besoin de solitude était à son paroxysme en ce moment-même. Je déchirais le film plastique et pris une première bouchée, mettant mes écouteurs sur mes oreilles. Je ne faisais pas attention aux alentours, sortant mon cahier de maths pour finir quelques exercices, époussetant pour en enlever les miettes qui s'y collaient de temps à autres. Ce ne fut qu'entre deux musiques que je m'aperçus que je n'était pas seul :

- Il faut absolument qu'il vienne à la fête ! 

- On va se débrouiller t'inquiètes. Là il nous fait trop confiance, il va venir, c'est obligé. 

- Ça va être trippant.

Je tournais la tête pour apercevoir d'où venait les voix jusqu'à voir Marianne, Shawn et Eliot discutait entre eux, de l'autre côté de la barrière. Ils fumaient leurs cigarettes, crapottant comme des débutants, ce qu'ils étaient. Je fronçais les sourcils, plaignant leur prochaine victime. La musique reprit dans mes oreilles alors que je m'éloignais de ces humains diminués. 

Je me dirigeais vers mon cours de cinéma, les lumières de la salle étaient déjà éteintes quand je m'installais à ma table, laissant le prof parlait de la mise en scène qui se jouait sur l'écran. Je pris mon cahier, prenant des notes plus intenses que dans tous mes autres cours. J'aimais le cinéma, je n'étais pas quelqu'un de compliqué pour passer un bon moment devant un film. Du moment que les films avaient une bonne direction d'acteurs et des plans dynamiques, je pouvais être passionnée par l'histoire. D'autre films comme "Le Souper" gagné mon affection de manière plus compliqué. Mon prof était cependant un grand fan de sciences-fiction et nous étudions en ce moment la portée universelle de la saga Star Wars. Je ne pouvais m'arrêter de voir la tête de Tony quand on lui avait offert un costume de stormtrooper. Le professeur nous montrait la comparaison entre l'Empire galactique et le IIIe Reich. Je n'étais pas un grand fan de sciences-fiction mais ces deux passionnés n'allaient pas tarder à me faire changer d'avis. Je devenais fasciné par les combats de sabres lasers.

Je rentrais chez moi en embrassant ma mère sur la joue, elle me sourit tandis que je sortais du placard le pain de mie et mon pot de confiture.  

- C'était bien cette journée ?

- Oui, on a parlé de la saga de Tony en cinéma. 

Ma mère rit, elle devait se souvenir de la fois où Mike et moi l'avions supplié de faire un gâteau avec la forme d'un destroyer interstellaire pour l'anniversaire de notre cher ami. Elle avait bien évidemment accepté et c'était attelé à la tâche avec ferveur. Ma mère était passionnée par la cuisine et en faisait dès qu'elle avait du temps libre. Ses gâteaux faisaient le bonheur des enfants qu'elle gardait dans son boulot. Je descendais dans la cave froide et humide et allait dans la pièce que notre père nous avait arrangé, avec du parquet et construit de manière légèrement mieux insonorisé que le reste de la maison. Mike et moi y avons entreposé sa batterie et mes différentes guitares en plus d'une basse que je n'utilisais que très rarement faute de savoir y jouer. Je prenais ma première guitare et me mis à jouer. 

- I kissed the scars on her skin, I still think you're beautiful and I don't ever wanna lose my best friend. I screamed out, "God, you vulture, bring her back or take me with her."  

J'avais écrite cette chanson pour Leila, à ses 8 ans on lui a diagnostiqué un cancer du poumon et même si elle est maintenant en rémission depuis plusieurs mois seulement, cela avait été une période très compliquée pour elle. Je lui avais chanté de très, trop nombreuses fois cette chanson à côté de son lit d'hôpital quand elle était au plus bas. 

Je pris mon carnet de paroles notant des paroles sans y penser trop longtemps. " So keep in happiness and torture me while I tell you : "Let's go in style." Je continue d'écrire maintenant, sans rime : "Ce monde m'engloutit, il me transforme. Ces buildings me dominent et m'écrasent. Je change, je deviens l'un des leurs, je ne suis plus moi, je me convertis moi aussi en un zombie. Je change, je me bats contre ça mais je change. J'essaye de résister mais ils m'oppressent, ils me disent que si je deviens comme eux, tout ira bien, je ne serais plus rejeté, je serais heureux. J'ai beau me répéter que heureux, je le suis, ça ne change rien. Ou plutôt ça change tout, ma personnalité devient plastique mes vêtements synthétiques. Je ne suis plus qu''un point dans cette jungle urbaine." Je savais que si on tombait sur mon carnet, on m'enfermerait dans un hôpital psychiatrique pour dépression profonde. Mais je détestais ces gens autour de moi, ceux qui me regardent comme si j'étais une anomalie. Je les haïssais autant que je me haïssais moi-même. C'est pourquoi personne ne devait tomber sur mon livre. 

   




Bulletproof Love ( w/ Vic Fuentes and Kellin Quinn)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant