Partie 1

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Assise sur mon lit, j'observe ma tenue pour demain. Je sais bien qu'il faut que j'y aille, mais je sais aussi que ça va être l'une des journées les plus difficiles de ma vie. J'appréhende le moment où j'enfilerai cette robe noire. L'instant où il faudra descendre de la voiture. Et enfin, cette seconde où je devrai prononcer les derniers mots que je ne lui adresserai jamais.

— Oh mince ! Le discours.

Je reconnais à peine ma propre voix. Elle n'est presque plus audible et enrouée, ce qui doit être normal, puisque je ne fais que pleurer depuis trois jours.

Ces mots, je n'ai pas encore pu me résoudre à les écrire. Ce n'est pas vraiment mon truc de transformer mes sentiments en mots et surtout en paroles, que je vais devoir prononcer à voix haute qui plus est. 

Ce n'est pas comme si j'avais le choix. Je vais devoir me tenir devant une foule, que je ne connais pas pour la plupart, et verbaliser tout ce que j'enfouis en moi depuis « l'accident ».

J'attrape la tasse posée sur ma table de chevet et manque par la même occasion d'en renverser le contenu sur mon jean. Je suis encore plus maladroite que d'habitude. Je me rends alors compte que mon thé est maintenant froid, je le repose brusquement agacée quand Hailey entre dans ma chambre en trombe.

— Nina ! Qu'est-ce que tu fais encore là ? Tu devais me rejoindre il y a déjà une heure. 

Sa voix est posée mais je décèle un soupçon de remords.

Je suis alors son regard. Une tache plus foncée sur la moquette blanche de ma chambre est en train de se forme sous mes pieds.

— Merde !

Je retiens son bras quand elle se dirige vers ma salle de bain pour prendre de quoi nettoyer.

— T'inquiètes, ce n'est qu'un peu de thé à la fleur d'oranger. Ça séchera bien assez vite.

Elle me regarde en esquissant un sourire, que je ne reconnais que trop bien. Elle m'aide à ramasser les bouts de porcelaines, que je jette dans la poubelle où s'entassent des mouchoirs usagés. Hailey me donne une petite tape sur l'épaule, et me sourit quand elle ouvre la bouche. Je sais déjà ce qu'elle va dire, quand je la vois humer l'odeur d'œuf pourri qui se dégage de ma chambre en se mordant la lèvre inférieure dans un sourire.

— Tu sais que ta chambre aurait besoin d'un peu plus qu'une moquette senteur « fleur oranger » pour couvrir cette puanteur ! dit-elle, en levant un sourcil.

Je reste sur les genoux et passe mon regard tour à tour de la tache brune aux yeux verts de mon amie, et esquisse à mon tour un sourire devant sa remarque totalement justifiée. 

Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, elle se relève et ouvre en grand les rideaux et la fenêtre d'un seul coup de main. Ça ne va pas être gagné pour la convaincre de me laisser ici, et me permettre par la même occasion, d'éviter le rassemblement qui se déroule un étage plus bas.

— Allez, viens, tu sais très bien que je ne vais pas te laisser seule dans ton « antre », dit-elle comme si c'était l'évidence même.

Elle sait que je n'ai pas envie de voir tous ces inconnus, me prendre dans leurs bras et me regarder avec cette expression que je déteste tant. Encore moins d'entendre cette saloperie de phrase. Mais bien sûr, Hailey sait comment m'amadouer.

— Tu sais ce que j'ai vu sur la table de la salle à manger, me lance t-elle avec un regard complice, qui arrive à captiver mon attention. Des spaghettis à la Bolognaise, conclue-t-elle alors.

J'en salive déjà, en regardant mon expression, ma meilleure amie sait que sa remarque a fait mouche.

— Celles de ta mère ? demandé-je sur un ton qui trahit ma surprise.

Elle me l'affirme d'un signe de tête.

— Bon d'accord, tu as gagné, je descends, je la rejoins près de la porte blanche mais hésite un instant la main sur la poignée. Mais tu ne restes pas trop loin, promis ?

Son regard se pose sur le pli de mon front qui doit refléter toute mon appréhension. D'un air malicieux, elle avance son petit doigt et attrape le mien.

— Promis Collins, allez c'est parti, me dit-elle avec toute la bienveillance qui la caractérise.

Je suis rassurée quand nous sortons de ma chambre, bien décidée à aller au bout de cette soirée. Mais la panique me reprend aussitôt en grippe en descendant l'escalier qui mêne à mon enfer personnel. Il y a encore plus de monde que ce que je n'aurais pu penser, que ce que je n'aurai préféré.

— Mince ! dis-je en essayant subtilement de rebrousser chemin.

Mais ce n'étais sans compter Hailey qui m'encourage en me pressant d'une main dans le dos. Ce geste rassurant me pousse à poursuivre ma descente périlleuse, dans tous les sens du terme. mais plus vite sera la descente moins fort sera la chute, n'est-ce pas ?

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N'hésitez pas à me laisser des commentaires sur ce que vous pensez de « Une fois froissé il ne peut plus être parfait ». Cette histoire me trotte dans la tête depuis déjà plusieurs années, et je me lance enfin, c'est tellement excitant de faire partie de cette communauté.

Voilà les amis Enjoy <3

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Une fois froissé il ne peut plus être parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant