Partie 16: Derrière la porte

320 45 28
                                    

— Tu n'es pas en train de flipper maintenant me demande-t-il dans un demi-sourire.

Il a gardé ses mains fermement autour de mes reins comme si je pouvais m'envoler.

— Pourquoi penses-tu ça ? Ça m'a plu, et c'est moi qui ai commencé. Ça serait plutôt à moi de te demander si tu flippes, lui répondis-je.

L'appréhension que j'éprouve à l'idée de le regarder en attendant sa réponse me pousse à garder ma tête contre son torse. Mais Julian m'oblige à le regarder en soulevant mon menton de son index, le front plissé il réplique alors :

— N'importe quoi, qu'est-ce que tu crois. Je suis venue vers toi le premier, tu te souviens ? Je hoche la tête en guise de réponse. Comment pourrai-je oublier ce mystérieux garçon venu me rejoindre le temps d'une danse ? Et je ne suis absolument pas déçu de la tournure que tout ça prend.

Ajoute-t-il en déplaçant ses bras derrière moi, m'enfermant un peu plus entre l'ilot et lui.

Je prends mon courage à deux mains et le regarde pour la première fois depuis que nous nous sommes embrassés.

— Si je n'avais pas dansé comme ça ce soir-là tu serais venue vers moi ?

— On ne peut pas savoir ce qui se serait passé dans d'autres circonstances Nina. Mais si ça peut te rassurer, je t'avais déjà repéré bien avant l'épisode de la piste de danse.

— C'est vrai ? Quand ça exactement ? lui demandais-je en accrochant mes mains derrières sa nuque.

Il regarde l'espace qui nous sépare, et en relevant les yeux vers moi avec un sourire en coin.

— Je dirais cinq minutes avant, m'avoue-t-il

Il explose de rire quand il voit que je m'attendais à une autre réponse.

Je le pousse fermement et me retourne pour être dos à lui, tout ça pour m'empêcher de rire. Je n'ai réussi qu'à le bouger de trente centimètres, tout ou plus de toute façon. Je tente d'arrêter de glousser comme une idiote, mais c'est impossible. Quand je sens ses mains qui m'entourent et me soulève pour m'assoir sur l'ilot, je ris tellement que j'ai du mal à respirer. Julian n'arrange rien, et continue à me faire rire en m'asticotant les côtes. Le seul moyen que je trouve pour le faire arrêter c'est de l'attraper par les cheveux et de coller mes lèvres aux siennes pour la deuxième fois de la soirée. J'enroule mes jambes autour de son bassin, il me serre contre lui et il s'accroche à mes épaules. Nos souffles s'entremêlent et nos bouches s'entrechoques dans un ballet ou nous serions les deux seuls sur scène. Nous continuons à nous embrasser pendant quelques instants quand, cette fois, c'est moi qui défais notre étreinte. Je pose mon front sur le sien et dans un murmure je lui demande les yeux dans les yeux.

— Qu'est-ce que tu es en train de me faire ?

Je remets une mèche derrière mon oreille et laisse ma main contre le haut de ma tête que je glisse ensuite le long de la joue de Julian.

— C'est moi qui devrais te demander ça, lâche-il la mâchoire serrée et le souffle court.

Puis, Julian m'attrape et me redescend délicatement au sol. Il m'embrasse le front, en m'annonçant qu'il doit se changer après ce que je lui ai fait dix minutes plus tôt, ce qui me fait sourire. Il part en direction de la salle de bain, seule pièce délimitée par des murs en brique. Heureusement, comment fait-il quand il a des invités qui viennent. Mon cerveau s'aventure directement vers une image à l'identique de cette appartement, mais avec toute les filles qu'il a pu ramener ici. Je m'enlève immédiatement cette idée de la tête que je secoue frénétiquement de droite à gauche, comme si ça marchait comme ça.

J'entreprends de ramasser le riz et les chips que nous avons mis partout, je cherche le placard où peut bien se cacher le balai. La seule armoire de tout l'appart assez haute pour contenir un balai est celui de l'entrée. Quand je l'ouvre, dû côté où est rangée ma veste et dont j'écarte les vêtements pour mieux voir, je remarque quelque chose d'étrange. Le lambris du fond est mal posé, comme si le placard avait un double fond ou quelque chose du genre. Qu'est-ce qu'il peut bien avoir derrière, enfin s'il y'a vraiment quelque chose ? D'avoir vécu avec un père policier me rend parano, non ? Ou je cherche simplement un défaut à Julian pour ne pas m'engager, quelque chose qui justifierait que ce n'est pas quelqu'un de bien. Mais c'est ridicule, avant d'aller au bout de mon idée et d'arrêter mon esprit à chercher des failles chez le garçon aux yeux noisettes, je décide de renoncer et je ferme le placard. J'ouvre l'autre côté, et trouve l'objet que je suis venue chercher avant de psychotter. Quand je me retourne pour aller nettoyer la cuisine, je heurte quelque chose, un torse pour être plus précise. Julian me prend le balai des mains et me demande calmement en me toisant.

— Qu'est ce que tu fais ?

Il s'appuie sur le manche en attendant ma réponse.

— Quoi ? Rien, je... je cherchais le balai... pour nettoyer le bazar qu'on a mis, dis-je en montrant la cuisine.

Il appuie maintenant sa tête contre ses mains qui tiennent le balai. Il me fixe droit dans les yeux quelques secondes ce qui me donne la chair de poule un bref instant. Puis il me sort de ma torpeur.

— C'est pas à toi de nettoyer c'est moi qui ai commencé, finit-il par lâcher en souriant et en m'embrassant le bout du nez.

Mon cerveau ne tourne vraiment pas rond, je suis méfiante de nature mais à ce point-là c'est grave quand même. Je devrais peut-être aller voir un thérapeute ou un truc dans le style pour me débarasser de ces angoisses ridicules.

Je rejoins Julian dans la cuisine et l'aide à nettoyer malgré ce qu'il vient de me dire. Ce qui me vaut un soupire et un clin d'oeil de remerciement quand même. Le reste de la soirée se passe sans encombre, nous discutons de tout et de rien. J'apprend que les parents de Julian sont tout les deux professeurs à l'Université. Que son frère finira bientôt ses études et qu'il compte partir s'installer à New-York. J'apprend que Julian fait du football américain et de la natation, et qu'il est d'ailleurs dans l'équipe de la fac. Et que plus tard il aimerait travailler à la télé comme réalisateur ou tout ce qui touche à ce milieu.

J'ai un peu plus de mal que lui à me confier mais je lui raconte les grandes lignes de ma vie. La mort de mes parents, puis de mon frère. Il garde le front plissé quand j'évoque cette partie, mais je le rassure en lui disant que c'était dur mais que ça allait, que des fois je craque mais que je gère du mieux possible. Il m'écoute attentivement quand je mentionne ma famille constitué de tout les amis de Stéphane. Que j'entrerai avec un peu de chance à la faculté d'Anguna l'an prochain, et que j'adore courir et les sports collectifs. Que je dessine un peu mais très mal ce qui le fait rire.

Julian me raccompagne à la fin du repas et de notre discussion de trois heures. Il a été très gentil et attentif, en s'intéressant à moi et en acceptant que je donne moins que lui dans nos échanges. Il m'a passé sa veste autour de mes épaules pour le trajet retour sur sa moto. Puis il m'a embrassé tendrement devant chez moi et a attendu que je rentre pour repartir.

La soirée a été magnifique, on a ri, on a bien mangé, on en a appris plus l'un sur l'autre. Mais je ne peut m'empêcher allongé dans mon lit, de repenser à ce placard et tout ce qu'il pourrait renfermer, de bien comme de mauvais.


-----------------------

Picture Nina & Julian

StrangerInParadise

Enjoy <3

Une fois froissé il ne peut plus être parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant