Partie 50: Affectation

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 – Mais qu'est-ce que tu fais ? demandé-je à mon amie, qui semble complètement perdue dans ses pensées.

- Je réfléchis, ça se voit non ? me répond-elle sans même lever les yeux du truc affreux qu'elle tient entre ses doigts manucurés.

– Ok..., je ne préfère pas insister.

Ça doit faire peut-être, je ne sais pas, vingt minutes que Mira est devant une robe à frange rose, super zarbi, même pour elle. La blonde ne cille pas, respire posément et se mord de temps en temps la lèvre inférieure, comme si elle réfléchissait vraiment, peut-être à l'occasion pour laquelle elle pourrait porter ce morceau de tissu tout droit sorti des années quatre-vingt.

Mais le fait qu'elle ne décroche pas plus de mots qu'un valet de chambre, alors que tout ce qui caractérise Mira St James c'est sa capacité à parler, encore et encore, sans jamais se fatigué, bon faire ça et du shopping aussi, mais puisque cette partie de sa personnalité semble à l'évidence intacte, puisqu'on est chez Karl Marc John depuis une heure je ne m'inquiète pas encore à cent pour cent. 

Mais je ne peux pas passer à côté de ces cernes qui entoure ses jolis yeux marron en amande ni cet air pincé qui semble reflétait une véritable angoisse. Ajouté à ça, qu'elle ressemble à une véritable statue de glace, sauf que si c'était le cas elle aurait fondu d'impatience depuis maintenant une bonne dizaine de minutes, me dis-je en regardant ma montre ! Même avec toutes ces émotions qui trahissent que mon amie n'est pas dans son état habituel, je ne sais pas comment la faire sortir de cet état d'entre-deux dans lequel elle semble plongée depuis quelques jours. Même si une virée shopping n'arrive pas à dérider cette fille de pourtant vingt-deux ans qui respire fringues, comme les sœurs Olsen, alors je ne sais vraiment plus quoi faire d'autre.

Je ne sais pas trop ce qu'il se passe en ce moment dans sa tête, mais je sais que ça un rapport avec Bastien, tout a toujours un rapport avec Bastien quand il s'agit de Mira et inversement. Je ne suis pas devenue extra-lucide, mais j'étais là quand ils se sont pris la tête pour je ne sais pas trop qu'elle raison. C'est difficile de passer à côté de l'élément perturbateur qui met à mal le sens commun de mon amie, qui est prête à littéralement acheter une tenue faite pour rendre la vue à un aveugle. En plus, Bastien est d'une humeur massacrante depuis quelques jours, et quand c'est le cas, mon coach tape sacrément plus fort qu'à l'accoutumée. Chose que je peux ressentir dans chacun de mes muscles pendant des jours, donc je suis bien placée pour savoir que la situation n'est pas géniale pour mon plus vieux couple d'amis. Ces deux là sont ensemble depuis tellement d'années, ça ne peut pas ce terminer comme ça.

– Mira... pose cette horreur et on pourra discuter de ce qui ne va pas tu veux ?

Je me suis rapproché d'elle et du cintre qu'elle tient à hauteur de ses yeux tout en posant une main dessus pour qu'elle me regarde, sans succès. Mais sans même me répondre, elle effectue un demi-tour sur elle-même et en se dirigeant vers la caisse du magasin, m'annonce par dessus son épaule :

– Je vais l'acheter !

Je relâche un soupir d'échec. Message reçu, Mira n'est pas prête à me confier ce qu'il se passe et je comprends. J'aimerais l'aider, mais je ne pourrais le faire que quand elle sera prête à l'être, c'est quelque chose que j'ai appris à mes dépens. On ne peut pas forcer quelqu'un à vous dire ce qu'il ou elle ressent, ou la vérité qu'elle cache point à la ligne. Au moins j'aurai essayé.

Même si je suis sur mon petit nuage depuis quelques jours grâce à Jace, je n'ai pas subitement était immunisai contre les problèmes des autres et encore moins de mes amis les plus proches. J'ignore presque tout de la situation qui sépare ces deux-là un peu plus chaque jour, mais j'espère qu'il savent que je suis là s'ils en ont besoin. Comme je le répète à Bastien tous les jours à l'entrainement, et que j'ai essayé de faire comprendre à Mira à l'instant. Mais bon chez l'un comme chez l'autre mon petit discours n'a pas vraiment eu de succès.

Une fois froissé il ne peut plus être parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant