La porte claque derrière moi et je me rue sur ma voiture garée dans l'allée. Suarez veut me mettre hors course, ça, certainement pas, ma copine mon affaire. Je manque de me casser la figure sur les marches glacées dues au mauvais temps de ces derniers jours. À peine ai-je entrouvert ma portière que j'entends Bastien derrière moi.
– Jace, revient je n'ai pas fini ! hurle-t-il sur le pas de ma porte.
Je secoue la tête pour reprendre mes esprits et souffle un bon coup en me retournant pour dévisager le mètre quatre-vingt-dix de mon ami.
Il porte un de ces foutus t-shirts des celtics de Boston et me regarde exaspérer, ce qui est effrayant et fascinant à la fois. Bastien est de loin le mec le plus instable que je connaisse, alors inutile qu'il se la joue moralisateur avec moi. Ce rôle ne lui va clairement pas, et il le sait aussi bien que moi.
– Quoi ? Qu'est-ce qu'il y'a encore ? crié-je à mon tour, en ouvrant grand les bras devant moi, près à recevoir encore un coup en pleine poitrine, ça ne sera pas le dernier.
Le brun qui me dépasse presque d'une tête passe devant moi et referme ma portière d'une main. De la fumée sort de ses narines, signe qu'il contrôle sa colère, mais pour encore combien de temps ? J'ai envie de le pousser, voir jusqu'où il pourrait aller.
– Alors Monroe, qu'est ce que tu ne m'as pas encore dit, tu aimes pousser un frère qui est déjà à terre, dis-je en frappant des deux mains à plat sur son torse un peu plus fort qu'à l'accoutumer.
Bastien glisse un peu en arrière, mais ne m'épargne pas de son regard noir. Je sais très bien qu'en l'appelant comme ça je vais réussir à le faire aller là où je veux, qu'il va péter un câble, pour mon plus grand soulagement.
– Ne m'appelle pas comme ça Hitton ou je te mets une raclée, fulmine-t-il en pointant un doigt sur mon torse.
Je me mets à rire. Un son qui me ferait limite mal aux oreilles, mais qui est attiré par la promesse de mon pote. J'attends que ça.
– Ah ouais, ce n'est pas ton nom peut-être ? Le même que ton cher papa ? continué-je en lui souriant fière comme un coq, mais brisé.
Je ne l'ai pas vu venir et recule d'un pas sous l'impact. Son poing disparait aussi vite qu'il est arrivé et ma lèvre pisse déjà le sang. C'est mérité et libérateur. J'ai besoin d'avoir un semblant de contrôle sur quelque chose, et mon frère est là pour m'aider, comme toujours. Mais ce n'est pas suffisant.
– Voilà ! C'est ce que tu voulais, je suppose, lance Bastien en remettant ses cheveux aussi noirs que ses yeux, en place dans un geste mal assurer.
Si tu savais mon pote.
Je crache un peu de liquide rouge et remercie le ciel d'enfin ressentir quelque chose. Aussi fugace ce sentiment peut-il être, il me permet de me rappeler que je ne suis pas encore mort, pas tout à fait du moins.
Je me redresse quelque peu, lève le visage vers le ciel avec un petit sourire qui s'étend sur mes lèvres. J'inspire un bon coup et reporte mon attention sur le corps de mon pote appuyé sur ma voiture qui fixe ses chaussures.
– Quoi Bastien ? Tu n'aimes pas entendre la vérité ? Eh ben je vais t'en donner une autre.
Je me rapproche de lui et parle tellement calmement que ma propre voix, à défaut de la sienne, m'apaiserait presque. Je m'arrête à près de Bastien, me replace bien droit dans mes boots et le regard prêt à le voir vriller comme je l'ai si souvent vu faire.
– Tout ça, c'est de notre faute ! Nina qui se fait kidnapper et toute la merde qui nous tombe dessus, c'est à cause de toi, de Stephane et de moi.
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Une fois froissé il ne peut plus être parfait
RomanceNina, jeune diplômée, voit sa vie basculer à la mort prématurée de son seul parent encore vivant dans des circonstances étranges. Le fragile équilibre qu'elle avait réussi à construire vole en éclats. Entre découverte de soi-même, reconstruction et...