Partie 6: Journée shopping

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La matinée a été longue, trop longue, devoir faire des dizaines de lettres d'applications pour l'Université était sans exagérer incroyablement ennuyant, chiant, et fatiguant.

Bastien et Mira se sont tellement mis à fond dans tout ça que j'ai eu l'impression que c'étaient leurs avenirs qu'on préparaient. Mira a littéralement écrit un essai pour UCLA, elle va peut-être reprendre ses études, et venir avec moi à la fac, ce serait marrant, enfin si elle se décollait de Bastien plus de cinq minutes.

Heureusement Jessica nous a rejoints un peu plus tard avec une montagne de bagels de toutes les couleurs, je crois vraiment qu'elle essaye de me gaver de nourriture. Bon il est possible que j'aie perdu quelques kilos, mais je ne suis pas si maigre que ça non plus. Quand elle me fourre un des bagels dans la bouche elle se met à rire devant mon regard impassible, alors que j'essaye d'émettre des objections.

— Jessica ! Mais arrête de faire ça, lui dis-je d'un ton accusateur en retirant le beignet de mes lèvres.

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

Avec ses longs cils et sa crinière rousse, elle fait volt-face, en me regardant de son air le plus innocent.

— Faut bien que tu reprennes un peu de poids tu vas bientôt ressembler à une planche à pain si tu continues comme ça.

Elle se marre.

Elle a employé un ton tellement enjoué que je n'ai pas pu m'empêcher de la rejoindre, d'un rire profond. Je n'avais pas ri comme ça depuis longtemps, c'est pour ça que j'avais besoin d'elle aujourd'hui. Jessica a toujours le mot qu'il faut, la petite phrase qui va faire mouche et qui arrive à cet instant, à me sortir de cette longue, longue matinée.

Trois bagels et deux lattes plus tard, toutes mes candidatures sont bouclées, timbrées et prêtent à être envoyées.

— Merci beaucoup les gars, je n'aurai jamais pensé que faire ses demandes, allait être aussi long. Un soupir s'échappe de ma bouche.

— T'inquiète, en plus on peut pas dire qu'on avait grand-chose à faire, d'habitude le lundi matin...

Bastien s'est arrêté comme s'il avait dit une bêtise et Jessica et moi reprenons en même temps.

— Allions courir dans les bois avec Stéphane.

Bastien a l'air triste, mais bizarrement pas la tristesse à laquelle on s'attend de la part d'un mec qui a perdu un proche, mais une tristesse causée par autre chose. Avant que je mette le doigt dessus, Mira me fixe et reprend en attrapant Jessica par les mains.

— Bon, on doit aller chercher nos tenues, et comme tu me connais je suis difficile en matière de robe, on devrait y aller.

Jessica lui répond par un rire sarcastique.

Mira est la seule personne que je connaisse qui peut passer des heures dans un magasin, sans boire, s'asseoir, ou même parler. Ce qui est assez surprenant, mais aussi vraiment inquiétant, on devrait lui organiser une intervention pour ça. Mais au faite elles ont besoin de nouvelles robes pour quoi ?

Bastien répond à ma question silencieuse.

— La grande soirée de Jordan McCalister !

On imite à présent la même expression, la même que ferait un jeune enfant à qui on ferait gouter des brocolis pour la première fois.

— Non, ne me dite pas qu'il continue avec ça ? Je pensais qu'après la débâcle de l'année dernière, il aurait mis un terme à cette tradition ridicule.

Les filles m'écoutent à peine, la lueur dans le regard de Mira ne présage rien de bon, on sent la détermination dans le bleu de ses yeux.

— Allez on t'emmène ! Je suis sûr qu'avec tes cinq kilos en moins, plus aucune de tes robes ne te va.

Une fois froissé il ne peut plus être parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant